Prologue

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Prologue

-Kaissy-

Je pris mon courage à deux mains et j’avançai en terrain inconnu. Je franchis l’enceinte de l’école en baissant la tête pour ne pas me faire remarquer. Je n’avais pas réellement envie d’être ici, en fait, je n’aimais tout simplement pas le fait d’avoir été obligé de quitter mon pays et de maintenant devoir intégrer ce collège au beau milieu de l’année… Je n’aimais pas l’attention des gens, et pourtant depuis que j’avais mit un pied sur le terrain de l’établissement scolaire, chaque élève avait posé son regard sur moi. Je pensais qu’en arrivant ici, j’aurais pu fuir la réputation que j’avais au Québec… Évidement, personne n’en savait rien, mais je voulais passer un moindre inaperçu en arrivant et ça, c’était déjà rater.  Je marchais tranquillement en me frayant un chemin aux-travers des élèves qui retrouvaient leur amis et qui erraient dehors.

J’étais nouvelle dans ce collège de Londres, en Angleterre. Native du Québec, au Canada, ma famille et moi avions été expédiés ici, car mon père avait été l’heureux récipiendaire d’une promotion à son travail. Nous étions donc obliger de venir résider sur un autre continent, avec une autre langue et où la scolarité était d’une grande importance pour la population. Heureusement, je parlais très bien l’anglais et j’avais un rendement scolaire assez positif.  J’entrai dans la bâtisse qui semblait la principale, où se déroulaient surement les cours durant la journée avant de rejoindre les dortoirs, le soir venu, dans des bâtiments différents.  Je longeais les murs du couloir en évitant le plus de regards possibles. Je décidai de passer à la salle de bain, question de vérifier si mon allure physique était toujours aussi impeccable qu’à mon départ de la maison. Je ne savais pas trop où me diriger quand j’accrochai un passant, un beau brun foncé, les cheveux très courts aux yeux marrons, et lui demandai le chemin à emprunter. Il fut très aimable et me répondit poliment mais timidement, la position des toilettes. Je trouvais mignonne ses petites fossettes lorsqu’il souriait maladroitement. Il me salua d’un signe de la main et repris sa route, sans s’être présenté. J’entrepris de marcher dans le corridor jusqu’aux salles de bains. Je me sentais énormément perdu, totalement déboussolé, mais je continuais d’avancer un peu malgré moi. Mes jambes exécutaient des petits pas rapides, pour m’éloigner le plus vite possibles de tous ses regards qui ne me lâchaient pas.  Poussant la porte, je constatai des milliers de graffitis, gribouillis et écritures qui trônaient sur les murs. Je tournai sur moi-même pour en observer l’ampleur… On en observait sur les murs, sur les cabines de toilettes et même sur les comptoirs et le plafond. Je me mis à en lire quelques uns... «Stacy + Zayn » « You are who you are », « LOL » ou encore « Live wild or kill yourself » ... On y découvrait également des paroles de chansons, des dessins épatants, des déclarations d’amours ou des trucs carrément vulgaires. Les salles de bains étaient mixtes ici.  Je délaissai mon regard des murs pour porter mes yeux vers le miroir. Mes longs cheveux roux étaient ramenés dans un chignon lâche, comme à tous les jours. Une petite fenêtre à l’extrémité gauche de la pièce laissait rentrer un filet de lumière qui venait danser dans mes yeux et les faisaient briller tel deux grands océans bleus. Par contre, même si mes yeux étaient magnifiques comme le disait si souvent ma mère, ils étaient camouflés sous une paire de lunettes à large monture noire. J’étais assez simpliste et ne portais qu’un chandail blanc imprimé du logo du groupe britannique The Beatles avec une chemise en jean noué bassement ainsi qu’un jeans foncé. Au moment où je posai ma main sur ma nuque pour replacer une mèche rebelle, la porte d’une cabine s’ouvrit et une grande brune en talon haut léopard suivie d’un noir ténébreux à la peau foncé en sortirent. Ils se regardèrent en riant et le garçon sortit tandis que la fille vint se posté devant le miroir à mes côtés. Je lui jetai un regard rapide et subtil, c’était le genre de fille dont chez elle tout est parfait, le genre de fille que tous les gars veulent et aussi le genre de fille qui se la pète peut-être un peu trop… Je le constatai rien qu’avec son style ; la petite robe un peu trop courte, les ongles peint en or et les cheveux parfaitement frisé, chaque mèche placée au bon endroit. Je ne voulais pas commencer une conversation avec ce genre de personne, alors j’aillai m’enfermer dans une cabine le temps qu’elle quitte. Pas que je jugeais les gens facilement, mais je ne voulais pas m’attirer des ennuis en trainant avec des gens qui ne faisaient pas des trucs très bien… J’avais connu assez de problème dans mon ancienne vie. J’étais venu ici pour tout oublier, et recommencer à zéro, alors vaut mieux ne pas refaire les mêmes erreurs deux fois. Quelques secondes plus tard, j’entendis ses talons claquer sur les tuiles et le son s’atténua, signe qu’elle était sortie. J’entrouvris la porte en jetant un coup d’œil au alentour et quittai la pièce. En arrivant dans le corridor, je vis le métis de tout à l’heure bien accoté, contre le mur d’en face, jambes et bras croisé. Quatre de ses copains formaient un demi-cercle autour de lui. Il me jeta un regard rapide. Je fis semblant de ne pas l’avoir vu et m’engageait vers la gauche à la recherche de l’accueil ou quelque chose du genre. À vrai dire, je ne savais pas du tout où je m’en allais… L’école était immense et je venais seulement d’y entrer… Dès que je me fus éloignée de quelques pas, il s’écarta du mur et commença à marcher comme s’il me suivait. Je n’y portai pas attention et continuai d’avancer, mais on me bouscula violement. Si fort que je m’effondrai par terre sans trop le vouloir. Mes mains claquèrent contre les tuiles froides et dures puis ma tête eut un soubresaut. Je ne voyais plus clair mais, j’entendais tout de même les rires des élèves qui envahissaient la place. Je pris quelques temps pour que les étoiles disparaissent de ma vue et levai les yeux pour voir qui m’avait renversé de la sorte, même si au fond de moi je le savais très bien. Comme je l’avais prédit, je vis le gars aux cheveux noir continuer sa route avec sa bande sans même se retourner, comme si je n’étais qu’une petite barrière facile à tasser de son chemin. Seuls les deux garçons de chaque extrémité risquèrent un regard en arrière. Des excuses pouvaient se lire dans leurs yeux. À droite, c’était un grand les cheveux bouclés en pagailles et à gauche, un petit blondinet au visage d’ange. Encadrant le chef qui portait une veste sport imprégner du nom : Malik, on retrouvait un mec qui portait fièrement une marinière et des bretelles rouges et un autre garçon les cheveux châtain très courts. Je secouais mes mains et osai un regard autour de moi. La plupart des élèves avaient sortis leur téléphone portable et immortalisait le moment en photo, tout en riant de moi. Je retins mes larmes, me relevai et couru à l’opposé d’où Malik et sa bande étaient partis. Je me réfugiai dans un corridor et y trouvai à mon plus grand bonheur le secrétariat. J’y entrai et m’accoudai au comptoir. Une dame âgée portant de petites lunettes argentées sur le bout de son nez leva les yeux de son ordinateur et m’adressa un sourire.

-Tu dois être Kaissy !

Effectivement, c’était moi, Kaissy Pearson…

-Oui, c’est moi, acquiesçais-je avec un signe de tête.

-Une petite québécoises! lança-t-elle tout en fouillant dans des piles de feuilles. J’ai ici pour toi les papiers que tu as besoins pour commencer la journée.

Elle sortie  une feuille jaune et une autre bleue.

-Alors voici ton horaire de cours, tes manuels sont déjà dans ton casier et cette feuille, tu dois la présenté à chacun de tes enseignants, la faire signer et me la ramener ce soir.

Je pris les feuilles qui m’étaient tendus.

-Ah d’accord.

-Ton casier est le numéro 213, et ça, c’est ta combinaison, dit-elle en me donnant un minuscule bout de carton sur lequel trois nombres y était inscrit à l’encre.

-Merci.

-Tu dois passer voir M. Meyer, le directeur, avant le début des cours. Son bureau est le 181.

Je secouai la tête pour faire de l’ordre dans mes idées après toute cette assimilation d’informations. Je lui adressai un sourire et quittai le secrétariat, mais revenu aussitôt sur mes pas pour m’adresser de nouveau à elle.

-Eum… Excuser-moi, mais où ce trouve le 181?

Elle rit doucement et m’indiqua gentiment l’emplacement bureau. Après la honte que j’avais eu quelque minutes plus tôt, je ne voulais pas encore demander mon chemin à un élève, des plans pour qu’il m’indique le mauvais trajet rien que pour rire de moi. J’allai jusqu’au bureau du directeur assez facilement, mais je marchai le plus vite possible pour me faire voir par le moins de monde. Je ne comprenais pas ce qui pouvait passer dans la tête des gens comme Malik, pour détruire les autres comme ça, sans même les connaitre. Pourtant, tout le monde ici semblaient l’apprécier, du moins c’était ce que j’avais conclu par leur façon de le regarder. Après tout, je ne le connaissais pas, mais il ne m’avait déjà pas donné une très bonne première impression… Je passai ma main sur mon front pour éloigner mes soucis et toquai à la porte du directeur après m’avoir remis un sourire sur le visage. La porte s’ouvrit quasi instantanément.

-Kaissy ! Je t’attendais avec impatience!, m’accueilli un grand homme chauve en me déposant les mains sur les épaules.

-Bonjour monsieur…Meyer, dis-je après avoir jeté un coup d’œil rapide aux papiers que je tenais toujours entre les mains.

Il me désigna une chaise noire placée devant son bureau en bois. Je pouvais lire son nom «  William Meyer » sur une plaquette de métal. Il alla tranquillement en face de moi et s’assit fièrement sur sa chaise de cuir.  Il abordait une mine de noble. Il avait fière allure dans son veston bleu marine. Je me demandai un instant s’il connaissait personnellement Malik… ou enfin s’il savait que ce genre de personne rodait dans les couloirs de son collège tout en se croyant au dessus des autres.

-Alors comment se déroule la rentrée?

Je penchai la tête et joignit les mains sur mes cuisses. Je ne lui dirai certainement pas la vérité… Du genre : Super! Je suis arrivé depuis à peine 10 minutes et je me suis déjà taper la honte! Je ne voulais même pas savoir la suite. Je préférais lui mentir.

-Super! C’est magnifique ici et les élèves ont l’air… sympathique!

Je pouvais vraiment inventer n’importe quoi, crédible ou non, même si quand je mentais mes mains devenaient moites et mon sourcil droit était pris de convulsions. Je me massais le dessus de l’œil pour ne pas que ça paraisse.

-Génial! Je suis certain que tu vas t’y plaire.

Sans aucun doute…

-Tu pourras intégrer ta chambre dès ce soir, c’est ce qui était prévu n’est-ce pas?

-C’est ce qu’on m’avait dit au téléphone.

-Donc à 19h00, je vous attendrai à l’entrée principale et je vous guiderai jusqu’à votre chambre.

-D’accord, parfait.

La première cloche retentit et le proviseur me fit signe de partir. Je me levai du siège et reparti dans l’enfer des corridors.

You are who you areOù les histoires vivent. Découvrez maintenant