Avec ou sans sucre ?

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— Il faut que j'y retourne, me prévient Ayden.

— Déjà ? demandé-je en faisant la moue.

Il hoche la tête, aussi déçu que moi. Nous sommes à Perpignan depuis trois jours. Je pense avoir pris la bonne décision en venant ici, cela me permet de m'aérer l'esprit.

— Tu veux bien que je t'accompagne jusqu'à ton travail ? J'irai me promener après, suggéré-je, attrapant un de ses sweat-shirts noirs.

— Bien sûr.

Par conséquent, nous quittons le port à pied pour nous rendre à son cabinet d'architecte. Je ne sais pas encore où il se situe, c'est l'occasion pour moi de le découvrir et de mieux connaître le quotidien de l'homme qui partage ma vie.

— Je vais en profiter pour faire un peu les magasins, annoncé-je, retrouvant l'envie des choses.

— Je te rejoindrai en sortant, d'accord ?

J'acquiesce tandis que le feu piéton passe au rouge. En attendant de pouvoir passer, je pose ma tête sur son épaule,

— Tu m'appelles si tu as un problème, je viendrai, m'assure-t-il, l'air concerné.

Amusée par sa prévenance, je ne lui dis pas que je commence à connaître la ville. Hier, j'ai passé la journée avec Ambre qui m'a montré tous les recoins. J'ai été contente de constater qu'elle se porte mieux. Depuis les funérailles, je prends de ses nouvelles tous les jours. En réalité, j'aurais aimé me trouver à ses côtés pour la soutenir. Seulement, vivant dans des villes différentes, cela s'avère compliqué. Du coup, je la réconforte comme je peux.

Nous atteignons un bâtiment blanc devant lequel il s'arrête, m'indiquant qu'il s'agit de son lieu de travail.

— Tu veux rentrer cinq minutes ? m'interroge-t-il, un éclair de fierté dans les pupilles.

— Je ne veux pas te déranger...

— Au moins, mes collègues comprendront peut-être que tu n'es pas une personne imaginaire.

— Tu leur as parlé de moi ? m'enquiers-je, souriant légèrement.

— Vaguement, marmonne-t-il, gêné.

Touchée, je lui donne un léger coup dans les côtes. Il me regarde, outré puis me sourit simplement.

Il pousse la porte et me laisse passer. L'endroit s'avère épuré, les couleurs claires contrastent avec un mur gris. Sur la droite, un couloir dessert plusieurs portes qui doivent être les bureaux. La machine à café se trouvant dans la salle d'attente accueille de nombreuses personnes. Sûrement les collègues d'Ayden.

Une femme se trouve derrière le comptoir de l'accueil. Ses ongles sont parfaitement manucurés. Elle se lève pour ranger des dossiers, ses talons claquant par terre. Elle ne semble pas arrogante, plutôt sympathique même. Mais savoir qu'une jolie femme travaille avec mon petit ami ne me plaît pas.

Ayden enroule son bras autour de ma taille et me chuchote :

— Toi, jalouse ? J'aime bien.

Rougissant, je me demande combien de personnes m'ont vue. Mon compagnon ricane, attirant l'attention des autres.

— Ayden ! s'exclame l'un d'eux.

Il doit avoir la trentaine. Comme à son habitude, mon homme se renferme. Pourtant, il doit travailler avec eux depuis un moment, sûrement avant l'annonce de ses parents. Se comportait-il ainsi avant ? Ou bien ses collègues ont-ils appris à vivre avec ?

— Tu ne nous présentes pas ?

Les deux autres personnes nous rejoignent. Ils me dévisagent, cherchant à comprendre qui je suis. Ayden fait le tour des prénoms, elle s'appelle donc Julia...