Chap 19 : Le retour

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L'homme se trouvant devant moi prit la parole :

"Ton nom.

-Quoi, mon nom ? demandai-je en appréhendant sa réaction.

-DONNE-MOI TON NOM, PUTAIN ! J'AI PAS TOUT MON TEMPS ! hurla-t-il en tournant autour de moi.

-Mélanie Mess.

-Tes parents, c'est des gens connus ?

-Non.

-Des gens riches ?

-Non.

-Leur nom.

-Jeanne et Marc Mess, répondis-je en tremblant.

-Tu faisais quoi dans la rue Colber ?

-Je promenais mon chien.

-Derrière les poubelles ?

-Il avait vu un rat et il l'a poursuivi, je suis arrivée et voilà.

-Qu'est-ce que t'as vu ?

-Rien du tout, mentis-je, j'allais reprendre mon chien quand votre chef m'a enlevé...

-TU CROIS SÉRIEUSEMENT QUE TU VAS ME FAIRE GOBER TES CONNERIES ? s'emporta-t-il de nouveau. T'as quel âge ? me demanda doucement l'homme.

Je n'osais plus parler. Il discutait normalement et d'un coup il me hurlait dessus. Cet homme était bipolaire, ou quoi ?

-RÉPONDS, SALOPE !

-18 ans ! J'ai eu 18 ans aujourd'hui.

-Bah voilà, c'est pas si compliqué... Si tu parles pas, nous, on va savoir comment s'occuper avec toi. Les mecs de ce repère, ils adorent les gamines comme toi. Ici il n'y a que toi et moi, on pourrait s'amuser... fit-il en passant sa grosse main dégoûtante sur ma joue droite. Tu sais qu't'es jolie ?

-Laissez-moi tranquille, dis-je en me levant. Je veux rentrer chez moi !

-Et chiante en plus ! C'est tout se qu'on aime ici. Allez, raconte-moi ce que tu as vu sinon j'appelle mes potes et ils se feront un plaisir de...

-J'ai vu votre chef. Et un autre homme. Ils parlaient d'argent. L'homme avait apporté dix mille euros mais votre patron en voulait vingt mille. Il lui a tiré dessus et après ils ont entendu Rex.

-C'est qui Rex ?

-Mon chien.

-Ah ! Le p'tit truc qu'ils ont trouvé dans la voiture t'appelles ça un chien ? Même mon chat est plus agressif.

-Vous avez un chat ?

-Oui.

-Son nom ? tentai-je pour inverser les rôles.

-Zombie, mais on s'en fout, on est pas là pour ça.

-Ahmed, de toute façon je n'sortirai pas d'ici, donc vous pouvez me parler de vous, dis-je en usant de ma ruse.

-Bon t'as le droit à trois questions. De toute façon Cory va sûrement te tuer, fit l'homme en s'adossant contre le mur d'en face avec un sourire en coin.

-Vous êtes quoi au juste ? Des mafieux ? Un gang ? Des traficants ?

-On est un simple réseau de drogue. Mais un réseau important. C'est pour ça que c'est hyper-sécurisé ici. On est environ cinquante, sans les taupes et tout. On vend du chit, de la beuh, de l'héro, du crack, de l'extase, tout ce qu'il est possible de fumer, de snifer ou de se piquer dans la veine.

-Et vous, Ahmed, vous êtes chargé de quoi exactement ici ? dis-je en le prenant à part pour gagner peu à peu sa confiance.

-Je fais des interrogatoires, un peu comme les keufs. Mais j'ai le droit à toutes les méthodes moi. Tu vois ces chaînes derrière toi ? Je peux t'attacher en te cognant, si je veux. Tous les gens qui sont témoins comme toi, ennemis, ou rivaux d'un autre réseau, si on les chope ils viennent ici en premier. Après la fouille bien sûr.

-Et toi, enfin je peux te tutoyer ?

-Euh ouais, de toute façon t'as l'âge d'être ma fille donc ça me dérange pas. Et à part moi tu verras pas grand monde ici.

-Pourquoi tu as choisi cette vie ?

-Il y a dix ans, ma maison a brûlé : plus de femme, plus d'enfants, plus rien. J'ai rencontré Cory, il était plus jeune que moi, mais je lui ai fait confiance et aujourd'hui je gagne mon bif comme ça.

-Tu as quel âge ?

-Trente-neuf ans.

-Et Cory ?

-Trente ans.

-Qu'est-ce qu'il a fait de mon chien ?

-Il l'a mis dans une cellule spéciale.
Bon, les questions sont terminées. Tu racontes ce que je t'ai dit et tu goûteras aux chaînes, fit-il en fixant les bouts de ferraille.

J'avais réussi à gagner un peu de sa confiance, mais il restait assez méfiant. Ahmed me fit sortir de la pièce. Le chef m'attendait.

-Elle a été sage, commenta Ahmed. Mais y'a rien à en tirer : pas de famille connue ou riche, ça servira à rien de demander une rançon.

-Okay. Je vais la mettre au trou, on sait jamais si elle peut nous servir plus tard. Allez, viens fit-il en m'attrapant violemment le poignet.

Nous retournâmes dans le sas et passâmes une porte blindée parallèle à la première.

-Au fait on a pas fait les présentations : je m'appelle Corentin mais ici tout le monde m'appelle Cory. Bienvenue dans mon bunker.

-Laissez-moi rentrer chez moi. Je n'dirai rien à personne.

-Écoute, j'essaye d'être sympa donc m'en demande pas trop. J'ai le sang chaud et je m'énerve vite. Si tu fermes ta gueule tout se passera bien.

-D'accord...

Nous continuâmes à marcher dans les couloirs. Nous passâmes par de nombreux bureaux. C'était une véritable entreprise, certes illégale, mais bien organisée apparemment. Tous les hommes me regardaient.

-Au fait il n'y a pas de femme ici. Donc c'est normal que mes gars te regardent bizarrement, fit Cory en saluant certains de ses dealers.

Je regardais devant moi quand soudain un homme sortit d'un bureau sur la droite et passa juste à côté de nous. Je levai la tête et mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Le même homme se retourna sur moi en me dévisageant comme s'il m'avait reconnue.

C'était Ethan, j'en étais certaine. Alors tout s'embrouilla dans ma tête. Avais-je vraiment atterri dans le réseau de drogue où il était infiltré ? Était-ce alors Cory qui avait tué ses parents ?

"Voilà ton trou, fit le chef en s'arrêtant devant une cellule. Y'a des chiottes c'est comme en prison. T'as le droit de te doucher une fois tous les 2 jours et ce sera avec les gars. Y'en a qui sont à la rue donc ils vivent ici. Tu demandes aux mecs qui surveillent le trou de t'emmener là-bas. Ici c'est pas l'hôtel, c'est la taule pour les gens comme toi qui apprennent des choses qu'ils n'sont pas censés savoir.

-Et je resterai combien de temps ici ?

-Dieu seul le sait. J'n'ai pas encore décidé pour l'instant.

-Et si quelqu'un me retrouve ?

-Personne n'viendra te chercher ici, gamine. Il y a deux échappatoires : soit on te tue, soit tu t'évades mais c'est impossible ici. Le bâtiment a été imaginé et construit par des mecs à l'intelligence hors norme. Personne n'a réussi à s'échapper du bunker, et c'est pas prêt d'arriver.

Il me poussa d'un geste sec dans la cellule et ferma la porte à clé. J'étais fatiguée. Il était près de minuit et tout ça m'avait exténuée. Le lit n'était qu'une planche de bois dure. Il n'y avait même pas d'oreiller. Ma nuit allait être mouvementée.

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