19 Février

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La lame appuyait contre ma gorge.
Je restais immobile, paralysée par la peur, mais aussi parce que je savais qu'au moindre mouvement, elle s'enfoncerait un peu plus dans ma chair. Mon agresseur la maintenait fermement. Ils se tenait derrière moi, pressé contre mon dos. Je ne voyais pas son visage. Je ne voyais rien, hormis le bout de sa chaussure droite, renforcé d'une plaque de métal et couvert de neige fondue.

- S'il te plaît, ai-je chuchoté. Laisse moi partir.

Mais il m'a ignorée. Du moins au début. L'homme "je ne savais pas s'il était jeune ou vieux" aboyait des ordes aux autres, son horrible voix s'élevant par-dessus le vacarme des chaises qui volaient en éclat en éclats et des livres qui s'écrasaient sur le sol.

Dehors la neige tombais a gros flocons. La vue ressemblait à un décor de carte postale, si paisible, à des années-lumière de ce qui se passait dans la maison.
Un vase s'est brisé. Je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter. Mais j'ai eu de la chance "enfin autant qu'on peut en avoir quand on a un couteau sous la gorge" car la lame ne s'est pas enfoncée. Pas tout de suite, en tous cas, mais autre chose s'est produit. Une chose que je redouter encore plus.
Mon agresseur a laissé échappé un rire sans joie.

- C'était quoi, ça ? A-t-il murmuré d'un ton moqueur, son souffle chaud sur mon oreille.

Une faible odeur venait de lui. Une odeur de sucre et de pourriture. Une odeur d'eau de Cologne et de poisson avarié.
J'ai essayé de ne pas tressaillir.
Je l'ai senti s'agiter, comme s'il cherchait quelque chose j'ignorais quoi, peut-être son gant ? Mais j'ai réalisé ensuite qu'il essayait de glisser sa main sous mon pull. J'ai pensé que j'allais mourir, que je devais crier avant que le pire ne se produise, quand un des autres a pris la parole. Je n'ai pas compris ce qu'il a dit, mais cela ressemblait à une question. Une question pour mon agresseur.
Avant de répondre, il a chuchoté à nouveau.

- Maintenant, sois une gentille fille, a-t-il ordonné. Et il ne t'arrivera rien.

Mais il est déjà trop tard, n'est-ce pas ?
Il ne m'a pas lâché. La lame était toujours appuyée contre ma gorge , mais son autre main était a présent occupée ailleurs, à s'emparer de tous ce qui se trouvait à sa portée. Il s'est tourné, juste un peu, et le couteau a tranché la chaîne de mon collier. Mon petit coeur en nacre a glissé sur la poitrine et fini sa course sur le sol avec un faible chink. J'ai fermé les yeux, regrettant de ne pouvoir être aussi légère et insaisissable que les flocons de neige qui s'abattaient sur ma fenêtre puis disparaissaient en un battement de cils, comme s'ils n'avaient jamais existé.

À suivre....

Le Mauvais GarçonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant