Chapitre 1

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C'était un jour comme les autres, le jour où il m'a parlé pour la première fois.
Ce garçon.
Celui qui allait changer ma façon de voir la vie, l'amour, le bien, le mal.
Celui pour qui j'allais changer.
Quand c'est arrivé, cela ne paraissais pas si fou. C'était même banal: la gentille fille que sort avec le mauvais garçon. Tout le monde connaît cette histoire. L'été venait de commencer mais copines et moi avions pas mal de succès avec les garçons, à cette période. Au lycée, ils nous tournaient sans cesse autour. C'était presque comme si nous le méritions, comme si je le méritait, après un hiver où j'avais failli perdre tout ce que je connaissais. Je m'accrochais a l'intérêt qu'ils me portaient comme à une bouée de sauvetage. Mais il peut être dangereux pour nous, les filles, de laisser un garçon réparer ce qui as été brisé. Cela nous rend vulnérables. Et laisse des cicatrices indélébiles.

- Chloé a-t-il dit comme ça, comme si nous nous connaissions.

Et c'était le cas, en quelque sorte.
Je marchais tranquillement sur la plage. L'air était lourd et humide, signe qu'une vague de chaleur ne tarderait pas à arriver. Je portais un bikini bleu foncé et une serviette de plage pendait a mon bras.
Il a ri.

- Chloé.

Mon prénom, une deuxième fois.
Je me suis arrêter et l'ai regardé. La brise marine caressait ma peau nue.

- Thomas, ai-je dit, comme si je le connaissais aussi, ses étrange yeux noirs me paralyser.
Je l'avais déjà vu au lycée. Il jouait au hockey. Il avait eu son bac l'année dernière et travaille sur les docks. Le mauvais garçon dont toutes les filles désiraient. Pas moi, cela dit. Pas avant cet instant précis, où mon prénom s'est posé sur ses lèvres.

- A plus, ai-je dit ensuite, parcourue d'un léger frisson.

- A plus, a-t-il répondu tandis que je m'eloignais d'une démarche chaloupée, qui faisait rebondir les ficelles de mon bikini sur mes cuisses et le creux de mon dos.

- Salut les filles ai-je lancé cinq minutes plus tard, le visage fendu d'un large sourire.

Tammy, longs cheveux blonds jusqu'au milieu du dos, s'est tournée vers moi, faisant voltiger quelque mèches par-dessus son épaule.

- Oh, Chloé a quelque chose a nous raconter !

Tamara, dite Tammy, fille d'immigrants russes, était l'autoritaire de la bande. Autoritaire et loyale. Les garçons l'adoraient mais ne savaient pas comment s'y prendre pour l'aborder. Elle pouvait être intimidante quand on ne la connaissait pas.

Je me suis laissé tomber sur sa serviette a côté de Bridget, une autre de mes amies. La plus douce d'entre nous, celle que les garçon draguaient le plus. Elle étalait de la crème solaire sur sa peau délicate d'Irlandaise. L'odeur de soleil et de beurre de cacao se dépendait autour de nous.

- En effet ai-je confirmé. Mais ce n'est pas grand-chose.

Bridget m'a tendu la crème.

- Du moment que ça me distrait de cette chaleur. Depuis quand es-ce qu'il fait aussi chaud en juin ?

- N'exagère pas, Bridget.

Ça c'est Michaela. Elle a remonté ses lunette de soleil sur son nez, les genoux pointés vers le ciel azur. Michaela était la terre a terre du groupe, la rationnelle. Celle qui endossait le rôle d'arbitre. De protectrice.

- Il ne fait pas aussi chaud que ça.

- Facile à dire quand on a hérité de la peau italienne de sa mère, a répliqué bridget.

Notre ville de Nouvelle-Angleterre formait un mélange traditionnel de familles d'émigrés irlandais, italiens, et d'Europe de l'Est. Je faisais partie des Italiens. A cent pour cent. Il y avait aussi des vacanciers. Des gens qui venaient ici chaque été, louaient la même maison, traînaient les même chaises longues et les même parasols sur le sable jusqu'à leur endroit préféré. Mais le reste de l'année, il n'y avait que nous: les locaux, pêcheur de père en fils et armateurs de ragot, amoureux de le plage même sous la pluie ou la neige, amoureux de notre ville, un endroit si isolé qu'il nous donnait l'impression de vivre hors du temps. Pour nous, l'été était sacré.

- Es-ce qu'on peut se concentrer, s'il vois plaît ? Est intervenu Tammy. Vas-y, Chloé raconte.

J'ai pris mon temps pour installer ma serviette, me délectant du suspense que je leur imposais. Puis j'ai glissé mes lunettes de soleil sur mon nez, me suis appuyée sur mes coudes et finalement j'ai prononcé son nom.

- Thomas Davies.

Je n'avais pas besoin d'en dire plus.
Bridget a poussé un petit cri.

- J'y crois pas !

Je souri.

- Eh bien quoi? A demandé Tammy, impatiente d'en savoir plus.

Michaela n'a pas réagi.

- Je marchais sur la plage pour venir ici. Je ne l'avais pas vu, pas au debut. Puis j'ai entendu mon prénom et je me suis retournée est il était là.

- Thomas Davies connaît ton prénom?! Dit bridget

- Je sais ai-je répondu. C'est dingues, non ?

- Ce garçon hante mes nuits. Dit bridget.

Sa voix était devenu rêveuse.

- Garde tes fantasme pour toi s'il te plaît, est intervenue Michaela.

Michaela était sortie avec pas mal de garçons, mais jamais sérieusement, du moins pas a notre connaissance. Elle ne nous racontait pas tout, contrairement a Tammy et Bridget. Elles n'étaient jamais avares de détails quand il leur arrivait s'embrasser un garçon dans le placard du concierge pendant le cours d'histoire ( Bridget), ou lors d'un bain de minuit le premier soir de juin (Tammy), ou a l'arrière d'une voiture sur le parking du lycée (Encore Bridget). Moi en revanche je n'avais pas grand chose a raconter. Pas dernièrement, en tout cas.

- Je suis sûre que je rêverai de lui cette nuit , ai-je dit en me retournant vers Bridget.

Tammy ne me quittait pas des yeux. Michaela était silencieuse. Je ne parvenais pas a déchiffrer son expression.

- Mais c'est tout, a voulu savoir Bridget.

- Je vous avais bien dit que ce n'était pas grand chose.

Michaela a enfin prit la parole.

- Je ne l'aime pas. Tu aurais pu choisir n'importe quel garçon. Mais lui?

- Arrête de la materner, est intervenue Tammy.

Mais Michaela avait préparé sa défense. Elle a regardé Tammy, puis Bridget.

- Thomas traîne avec les frères Quinn. Et les Sweeney. Réveillez-vous c'est un Davies.

Après avoir mentionné les trois noms de la famille les plus impopulaires de la villes, elle s'est tournée vers moi.

- Il n'est as fréquentable Chloé.

Mais le regard de bridget était toujours rêveur.

- N'est-ce pas pour cela qu'on les appelles " mauvais garçon"?

- Tu parles comme la fille d'un flic, ai-je taquiné Michaela pour couvrir la malaise qu s'était installé.

- Tu sais ce que c'est a-t-elle répliqué.

Un frisson m'a parcourue, mais je n'ai pas relevé.
Je ne parlais jamais de mon père.

- Il ne s'est rien passé Michaela, l'ai-je rassuré. On s'est a peine parlé. Et puis Thomas n'a pas l'air de ressembler à ses frères.

- Tu n'en s'est rien, et tu n'as vraiment besoin d'un autre drame, a-t-elle dit doucement. Pas après ce qui s'est passé.

Malgré le soleil brûlant, mon sang s'est glace. Il fallait qu'elle aborde le sujet, elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Michaela! A grondé Tammy.

Bridget a passé sa main sur la mienne.

- D'ailleurs...comment tu te sens? A-t-elle murmuré.

Délicatement, pour ne pas la froisser, j'ai retiré ma mains et l'ai posée sur ma serviette. Je suis restée silencieuse un long moment, tandis que mes aimes retenaient leur souffle. J'ai fini par mentir.

- Bien, très bien

A suivre...

Le Mauvais GarçonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant