Chapitre 4

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Holly :

18 années. En 18 années. Le mal m'a engloutit en 18 années.
Et ce qui fait le plus mal, c'est de savoir qu'en toute une vie, certains ne connaîtront jamais le mal que j'ai enduré en 18 ans. 18 ans. Et je me demande ce que l'avenir me réserve... Je ne suis pas là pour me plaindre, bien au contraire, je suis ici pour raconter. Raconter mon histoire. Même si je ne pense pas qu'elle soit très agréable à entendre, ou ne serait-ce qu'un minimum intéressante. Mais ça soulage de parler, de se confier. Je ne prétenderais jamais que je suis la fille la plus malchanceuse du monde, celle qui souffre le plus. Car ce n'est pas vrai. J'ai mes petits moments de bonheur. Mais il a fallu se battre. Mener un combat acharné contre le mal, la noirceur, les ténèbres. Et ça n'a pas été simple. Rien n'est simple de toute manière.

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Les larmes séchées et les mauvais souvenirs envolés, je décide de prendre une douche pour me remettre de mes émotions. Seulement, lorsque je tente de me mettre debout, une douleur vive s'empare de mes cuisses. C'est alors que me reviennent les paroles de Mme Matters, 'N'oubliez pas de vous étirer'. Elle n'avait pas tort. Cela fait à peine 2 heures que le cours est terminé que j'ai déjà des courbatures. Je m'installe alors au sol et commence donc une petite séance d'étirement improvisée afin d'atténuer la douleur. Dorseaux, abdominaux, quadriceps, mollets. Je prolonge chaques membres de mon corps dans le but qu'ils atteignent des dimensions considérables. Une fois terminé, je met un peu de musique, How to save a life de The Fray. Même si la chanson n'est pas basée sur la même souffrance que la mienne, je trouve qu'elle a une âme, et que l'on peut facilement s'identifier à celle-ci, comme se laisser bercer par sa mélodie envoûtante. Puis, je laisse exploser mes sentiments en dansant. Je hurle aussi. Je hurle parce que je souhaite que mes démons me quittent. Cette sensation me soulage et je me sens tout d'un coup mieux, plus légère. Comme si le simple fait d'exécuter des mouvements ou d'exprimer ma rage me permettait de m'évader. Je m'arrête essouffler quand la sonnerie de mon téléphone remplace la musique. C'est ma mère. Je ressens un pincement au coeur en pensant au fait que je ne l'ai pas appelé pour lui dire comment se passe le début de mes études. J'étais très occupé et je me sens un peu coupable de l'avoir laissée en Angleterre toute seule. Seulement, je ne veux en aucun cas voir la vérité en face, avouer que je la fais souffir avec mes choix et mon comportement, même si je sais qu'elle ne l'admettra jamais. Je dévérouille l'écran, la main tremblante.

-Allô ? Maman ?

-Holly, chérie ! Dieu merci, tu vas bien.

-Bonjour Maman, je suis désolée de ne pas t'avoir donner de nouvelles plus tôt.

-Non, non, chérie. Ne t'excuse pas. C'est moi, tu sais que je m'inquiète pour un rien quand il s'agit de toi.

-Oui. Je pince mes lèvres, légèrement embarrassée.

-Alors, comment est l'Amérique ?

-C'est, comment dire... différent. Je l'entends soupirer derrière le combiné, et je tente de la rassurer. Mais j'aime bien. Les gens sont sympas et plus souples qu'en Angleterre.

-Je suis contente que tu t'y plaises.

-Et toi, tu vas bien ? Tu ne te sens pas trop seule ? Si tu savais combien je m'en veux de t'avoir laissée tomber.

Je me ronge les ongles, je n'aime pas parler de mon ancien lieu de vie, mais je veux être sûre que tout se passe bien pour ma mère. Il fallait que je lui en parle, même si à l'intérieur de moi se déchaîne une tempête digne d'un cyclone, qui emporte sur son passage tous mes sentiments.

-Mais comment peux-tu dire cela ? Tu n'as pas à te sentir coupable de vouloir vivre ta vie et suivre des études. Et puis, tu devais prendre un nouveau départ et les Etats-Unis étaient le meilleur moyen pour t'aérer la tête en plus de la danse.

Something Great - HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant