Chapitre 2

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Sasha

Je n'arrive pas à croire que cet abruti de Camille a encore oublié d'acheter les bières. Je lui ai pourtant dit cent fois !

Le connaissant il a dû passer la soirée avec une de ses conquêtes. Il ne manque jamais une occasion pour avoir une nouvelle fille dans son lit chaque soir. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a tant insisté pour venir dans un camping dans le sud et qui plus est, au bord de la mer, là où des dizaines de nanas bronzent sur la plage et passent leurs journées en bikini.

J'appuie mes doigts sur mes yeux pour tenter de repousser la fatigue provoquée par la soirée un peu trop arrosée de la veille. Chaque partie de mon cerveau me hurle son besoin de sommeil, j'ai l'impression d'avoir un véritable orchestre dans la tête qui tape sans jamais s'arrêter. Pourtant, malgré ma fatigue j'irai à cette énième fête ce soir car j'en ressens le besoin. J'ai besoin d'oublier grâce à l'alcool l'année passée et profiter du répit que m'offre chaque année les vacances entre potes à boire jusqu'à s'en retourner le cerveau tous les soirs.

Appuyée contre le bar une nana me regarde avec intensité. Je vois dans son regard qu'elle n'est pas insensible à la vue qu'offre mon simple short sur mon corps. Je ne lui prête pas attention et paye mon pack de bière avant de sortir de la supérette du camping.

Dans cette situation Camille serait allé parler à cette fille, lui aurait touché les cheveux en lui disant à quel point elle est belle, lui aurait sorti tout son baratin sur combien elle a l'air différente des autres, aurait passé une bonne soirée avec elle puis l'aurait jetée aux premiers rayons du soleil le lendemain matin. Mais je ne suis pas comme lui, loin de dire que les filles ne m'intéressent pas, je préfère simplement draguer les filles intelligentes avec qui je sais que je pourrai m'amuser bien plus longtemps qu'une simple nuit.

La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées. Le nom de mon père s'affiche sur l'écran et un nœud se forme instantanément dans ma gorge. Je sais à l'avance que les prochaines minutes ne vont pas être agréables.

- Allô... ?

- Sasha ? C'est bien toi ?

- Tu appelles sur mon portable, qui veux-tu que ça soit d'autre ?

- Ne fais pas le malin avec moi et garde tes réflexions pour tes amis de soirées fiston.

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler fiston, je siffle entre mes dents.

- Et moi je t'ai déjà dit que je ne supporte pas ce ton sarcastique.

- Encore quelque chose à ajouter à la liste des choses que tu ne supportes pas chez moi dans ce cas, je souffle.

- Pardon ?

- Rien, rien, bon papa pourquoi tu m'appelles ? Ça ne peut pas attendre que je rentre ?

- Non, figure toi qu'une nouvelle personne arrive chez nous ce soir je voulais donc te prévenir avant que tu rentres pour tu sais... Avoir l'air un minimum présentable quand tu rentreras la semaine prochaine...

Je n'écoute pas la suite de ses recommandations. Mon père a toujours été comme ça depuis mes quinze ans. Il ne supporte pas les choix de vie que j'ai fait. Pour lui je ne suis qu'un bon à rien et il doit sans arrêt faire attention à moi comme si je n'étais pas assez grand pour prendre soin de moi tout seul.

Depuis que j'ai six ans mes parents ont décidé de faire famille d'accueil. Je trouvais cela plutôt intéressant quand j'étais gosse, partager mes jouets avec de nouveaux frères et sœurs chaque année, avoir des compagnons de jeux pendant les vacances... Mais le temps a passé, j'ai grandi et je ne vois plus du tout la chose de la même façon.

Avec mon père nous pensions qu'il s'agissait encore d'une idée farfelue de ma mère et qu'elle s'en lasserait assez vite comme la fois où elle avait décidé d'adopter tous les chiens du chenil voisin. Mais malheureusement cela n'a pas été le cas et mon père s'est alors mis à me comparer à tous les enfants qu'on accueillait, ce qui a définitivement gâché la relation père/fils que nous avions.

J'en suis encore à l'entendre raconter ses histoires sur la première impression que je donne au gens qui me voient "habillé comme un jeune en pleine crise d'adolescence" quand je vois cette fille. Enfin voir est un bien grand mot. Je devrais plutôt dire quand je heurte cette fille qui arrive de nulle part et que je n'avais pas vu venir.

Nos téléphones quelques instant plus tôt dans nos mains respectives se retrouvent projetés en l'air ainsi que mon pack de bière et on rencontre tous deux le sol suite à la brutalité de la collision.

D'abord choquée, elle me fixe avec de grands yeux marron étonnés puis ses yeux se plissent pour laisser place à de la colère. Elle se lève d'un bon et récupère son téléphone tombé dans l'herbe.

- Mais tu peux pas faire attention ! Si mon portable est fichu je te le fais repayer !

La confusion passée je peux maintenant voir une jolie brune devant moi qui me fait de grands gestes devant mon manque de réaction.

Elle se rapproche de moi et je souris.

- Tu vérifies si tu ne m'as pas tué ?

Son visage se renfrogne d'avantage et ses yeux me lancent des éclairs. Elle se recule pendant que je me relève doucement.

- Ça t'arrive de regarder où tu marches au lieu de foncer dans les gens sans même t'excuser ?

Mon sourire ne fait que s'agrandir quand elle pointe un doigt réprobateur sur mon torse.

-Je tiens quand même à te préciser ma jolie que tu ne regardais pas où tu allais non plus, je dis en lui faisant un clin d'œil.

Loin de la calmer ce signe amical ne fait qu'agrandir la colère sur ses traits.

- Pas la peine de me faire tout ce cinéma je connais les mecs dans ton genre ne profite pas de la situation pour essayer de me draguer !

Je glousse. Cette fille est complément dingue. Avant que j'aie eu le temps de répondre je la vois déjà s'élancer vers les portes de la supérette.

Destins brisés Partie1 (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant