Chapitre 1

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Ce matin, je n'ai pas fait mon lit. Je n'ai pas pris mon sac de cours. Je ne me suis pas rendu à mon arrêt de bus.

Ce matin, j'ai prit mon sac de voyage, déjà prêt. Je me suis rendue à la cuisine, ai pris un maximum de nourriture. Je suis sortie de chez moi et j'ai soigneusement fermé à clé. Puis j'ai vu Charlie assis sur le capot de sa voiture, regardant le ciel, les sourcils un peu froncés. Je me suis avancée jusqu'à lui et il a sourit en me voyant. J'ai tout lâché à nos pieds et je me suis jetée dans ses bras. On s'est serré fort.

- Alors ça y est on part ?

- T'es sûre de vouloir le faire ?

- Bien sûr ! Pas toi ?

- Si ! Je veux partir maintenant même ! Mais je suis majeur, pas toi Cha'.

- On s'en fiche Van, on est déjà parti.

- Alors prend tes sacs la grosse, on décolle !

J'ai tout ramassé et ai jeté à l'arrière de la voiture, avant de me jeter moi-même dans la voiture.

Charlie s'est assis à côté de moi et a démarré. J'ai mis un cd de Van Morrison en route et on a regardé les rues qu'on ne reverrait plus avant longtemps, du moins c'est ce que l'on espère. On ne parlait pas, savourant l'instant.

Je sais pas si vous voyez le délire mais là on dit merde à tout ce qu'on a vécu jusqu'à présent pour l'inconnu total.

Je suis en train de partir pour nul part avec mon meilleur ami, qui a le même prénom que moi.

J'ai rencontré Charlie il y a 2 ans, à un nouvel an. On se donnait régulièrement des nouvelles par messages, puis, tout naturellement, on s'est vu de temps en temps en ville. Quand je suis arrivée en seconde, il était en terminal. Dès qu'il a eu son permis, il a pris l'habitude de me raccompagner chez moi le soir. On allait en soirée ensemble, il m'aidait pour mes devoirs, je surveillais les filles qui lui tournait autour, l'ai encouragé à arrêter de fumer... Ainsi on s'est soutenu mutuellement, comme si on se connaissait depuis toujours et que c'était écrit.

On a aussi tout un truc avec nos noms. Bah on a le même prénom, c'est perturbant. Du coup on joue sur les surnoms, Cha' étant le must. Il y aussi "Van" : son nom de famille est Morrison, comme George Ivan Morrison, alias Van Morrison, un musicien irlandais. Malgré qu'il n'est aucun liens familiaux avec cette homme, l'album Moondance est devenu notre hymne. Mon nom de famille est Lazio, c'est tout un tas de truc italien, un club de foot, une région, une rivière aussi il me semble, c'est moins marrant.

Je sors de mes pensées en voyant le panneau signalant que nous sortions de la ville. Charlie a klaxonné, effrayant une petite dame sur le bord de la route, pendant que j'ouvrais la fenêtre pour beugler à qui voulait bien l'entendre : "On l'a fait, on part !", avant de faire un bras d'honneur à la ville qui diminuait derrière nous. On a éclaté de rire pendant que la voiture filait vers la voie rapide.

- Bon on va où ? m'a demandé Charlie.

- En Italie ?

- En Lazio ?

J'ai ri.

- Je suis sérieux tu sais !

- Alors on y va, ai-je répondu en riant.

C'était surement notre plus gros point commun : si l'on avait envie de faire quelque chose, on le fait, point barre ! Pourquoi s'en empêcher après tout ? Ca ne veut pas dire qu'on fait tout et n'importe quoi sans réfléchir pour autant, je m'abstiens de manger de la viande en étant végétarienne par exemple. On avait aussi attendu que je passe mes examens du bac de français et que Charlie finisse son année avant de mettre les voiles. Ainsi en ce doux matin de 26 juin, nous sommes partis.

*

Après deux heures de routes, nous nous sommes arrêtés à une aire d'autoroute.

- Je conduirai après, ai-je dit en m'étirant.

- Hm je sais pas, répondit-il en baillant.

- C'était pas une question !

- Et alors ? dit il en me mettant un doigt entre les côtes.

Je piaille et fais un bon sur le côté. Je me jette sur lui pour me venger et lui donne un coup de hanche. Il me prend les épaules et m'immobilise contre lui. Pff ça finit toujours de la même manière, c'est toujours la même qui se fait maîtriser.

Je continus à le maudire alors qu'on entre dans la boutique de l'aire. Elle est déserte. Je me dirige vers les toilettes. Toujours personne. Je rentre dans la première cabine (j'ai vu sur internet il y a un moment que les premières toilettes sont en générales les plus propres car les gens ont tendance à avancer jusqu'à trouver "celle qu'ils préfèrent"). Effectivement le rouleau de papier n'a même pas été entamé. En même temps, vu le monde qu'il y a ici, ça doit être la même chose dans toutes les cabines. Je termine mes petites affaires et me change (oui parce que j'ai mes règles pîle le bon jour, sinon c'est pas rigolo hein). Alors que je me lave les mains, Charlie entre dans les toilettes.

- A parce que ça squatte les toilettes des filles, bravo !

- Pourquoi, ça te dérange ? dit-il en haussant les sourcils et affichant sa tête de pervers.

- Non j'adoore.

Pendant qu'il rentre dans une cabine, il me raconte :

- Les toilettes des mecs sont fermés, je suis allé au comptoir mais il n'y avait personne. Je suis même allé essayer d'ouvrir la porte de service, mais c'est vraiment désert ici.

- Y a moyen que ce soit fermé à la base en fait, mais pas à clé, enfin je me suis comprise.

- Oui t'inquiète je vois ce que tu veux dire, me répond la voix de Charlie sortant de la cabine des toilettes.

- Tu as vu s'il y a des caméras ?

- Heu je crois pas, je m'en souviens pas du moins, dit-il en sortant, remontant sa braguette.

- Classe, je lâche en souriant, assise sur le lavabo.

- Tu connais beaucoup de façon de remonter sa braguette avec classe ? ironise-t-il en se lavant les mains.

- J'ai la classe naturellement voyons !

- Ah oui ?

Avant de me lancer une giclée de flotte. Je manque de me casser la figure et prends toute l'eau dans le dos. Charlie sort sans que j'ai le temps de l'arroser.

Je me lance à sa poursuite :

- Tu vas subir ma vengeance !

- Oui oui bien sûr, lance-t-il sans même prendre la peine de se retourner.

J'attrape une bouteille d'eau, l'ouvre et lui verse dans le dos. Charlie pousse un cri et se retourne les yeux ronds :

- Mais t'es dingue !

On se met à rigoler comme deux débiles. Je regarde autour de nous, toujours personne. Et... pas de caméras !

- On pourrait prendre un ou deux paquets, personne ne le saura jamais.

- Faut se grouiller alors, me répond mon meilleur ami.

Je fais rapidement le tour de la boutique. Je prends un grand sac avec écrit "I LOVE FRANCE" en rouge et commence à le remplir de boissons, de gâteaux, de sandwichs sans viande, et autres conneries vendus à des prix exorbitants.

- C'est ça que t'appelle un ou deux paquets ? rit-il, les bras aussi charger que moi.

- C'est une voiture que j'entends ?

On se regarde puis on traverse la boutique à tout allure, jetant 15 €uros sur le comptoir. On se rut sur la voiture, renverse tout à l'arrière. Effectivement une voiture entre sur l'aire. Je pousse un grand coup Charlie pour lui piquer sa place de conducteur, il s'installe à la place passager, me lance les clés et je démarre un peu trop rapidement. La voiture tousse un coup, j'appuie un grand coup sur la pédale d'accélération et m'élance sur l'autoroute.

- Fais péter l'ice tea, faut que je me remette de mes émotions !

Viens on s'en vaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant