Viens on s'en va

Chapitre 5

Je regarde mon reflet dans le miroir, tête fine, yeux banals, pommettes hautes, bouche banale, quelques boutons sur le front, nez légèrement en trompette, menton banal, cheveux chatains bouclés qui explosent autour de mon visage. Je les attache en chignon maison, laissant quelques mèches dépassées. Je soupire et retourne à ma mission. Je baisse les yeux et observe le dos de Noé penché au dessus des chiottes.

- Ça va mieux ? dis-je en m'acroupissant, une main entre ses omoplates.

- En fait j'ai pas envie de vomir, dit-il en me souriant.

Il se redresse et me relève, une main sous chaque aisselle.

- Merci en tout cas Charlie, dit-il en m'ebouriffant les cheveux (le chignon est à refaire, merci).

- Pas de quoi, je soupire.

Soudain, il se jette par terre et penche de nouveau sa tête au dessus de la cuvette.

- Finalement je vais resté un peu là, je t'appelle si je vomis.

- Si ça peut te faire plaisir, dis-je sans réussir à m'empêcher de sourire.

Je sors et ferme la porte derrière moi pour le laisser tranquille avec ses effluves d'alcool qu'il ne contrôle pas. Je tombe nez à nez avec Gus. Il me sert dans ses bras :

- Bonne année !

Je ris et il m'entraîne dans le salon où tout le monde a entamé une danse endiablée. Ils se mettent en cercle, m'incluant dedans, et on se met à sauter en chantant le plus fort possible (alors que c'est une musique sans parole). C'est agréable, je ne regarde plus les visages, on est juste tous ensemble, a tournoyer dans tout les sens. Gus me prend les mains et m'embarquent sur un déhanché au moment où la musique passe à un rock furieux. On échange les duos et je me retrouve face à Ambre dont les cheveux roux tombe sur son visage. Elle me fait tournoyer sur moi-même avant de me renvoyer vers Gus. Il met ses mains dans mon dos et m'attire contre lui, la musique change et faute de place on se fait éjecter dans le couloir. Prise dans l'action, je me sers à mon tour contre le garçon qui est finalement un peu plus grand que moi. Soudain, il me pousse contre le mur dont la tapisserie me refroidit le dos. Il me prend le visage et je scrute ses yeux bruns. Mon coeur s'active, je ne sais soudain pas ce que je fous là. Je repense à mon ex, j'ai une sueur froide, la musique résonne dans ma poitrine. Le garçon m'embrasse, et j'y réponds. Puis je tourne le dos, ris, et me décale. Il me retire vers lui, me tenant les hanches. Mon souffle est saccadé. Il m'entraîne plus loin dans le couloir, me recoince contre la tapisserie et m'embrasse dans le cou. Je le repousse gentiment, les mains sur son torse. Mais il réagit totalement à l'inverse de ce que j'attends en frayant son genou entre mes deux jambes, les écartant.

- Arrête toi...

Il ne répond pas et se sert un peu plus.

- Gus arrête !

Il cherche à m'embrasser à nouveau et je cris cette fois, le repoussant avec force. Il recule et grogne. Je me dirige vers le salon et il me prend les poignets.

- Gus lâche moi !! je cris.

Mais merde personne ne m'entend ou quoi ?!
Soudain Gus me lâche et tombe au sol. Je tourne ma tête et comprends la cause. Charlie se tient à côté de moi le point brandi. D'un bras protecteur il m'écarte de Gus.

- Connard ! crache celui à terre.

- T'entends pas quand elle te dit d'arrêter ??

- Va te faire foutre ! beugle Gus en se relevant et se jetant sur Charlie.

Je les supplie de se calmer mais c'est Mike et Emeric qui les séparent. Et ce n'est pas finit ! On tambourine à la porte et Jérôme l'ouvre. La voisine se penche dans l'appartement et hurle :