Juin

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3 juin.

Aujourd'hui, Beth et moi nous avons parler de la sexualité. Sa grand-mère lui a dit que lorsqu'une fille et un garçon juifs se marient, si quelqu'un vient dire que la fille n'est pas vierge et que l'on peut le prouver, alors le garçon n'est pas forcé de l'épouser. Nous nous sommes demandées comment on pouvait prouver une chose pareille. Elle dit qu'elle préfère poser la question à sa grand-mère plutôt qu'à sa mère, mais moi, si je devais le demander, ce que je ne ferais jamais, ce serait encore ma mère que je préférerais interroger. Mais d'ailleurs, maman ne doit pas connaître les coutumes juives.

Beth me dit qu'elle fait des cauchemars, elle se voit à son mariage, en longue robe blanche, elle arrive devant l'autel et quelqu'un chuchote au rabbin qu'elle n'est plus vierge alors le garçon lui tourne le dos et s'en va. Je la comprends, je ferais le même cauchemar à sa place. Un jour, quand elle en aura le courage, elle demandera à quelqu'un, à sa grand-mère, comment on peut le savoir. J'espère qu'elle me le dira parce que ça m'intrigue aussi.


10 juin.

Cher journal,

L'école sera bientôt finie et je voudrais qu'elle dure toujours. Beth et moi sommes si heureuses ! Nous n'avons guère se succès auprès des garçons, ni l'une ni l'autre, mais parfois Beth doit sortir avec les fils des amies juives de sa mère. Elle dit que c'est généralement assommant, et que les garçons ne l'aiment pas plus qu'elle ne les aime, mais les familles juives sont comme ça, elles veulent que leurs enfants épousent des Juifs. Un soir, Beth va organiser une sortir et elle me trouvera un cavalier un "gentil jeune homme juif", comme dit sa mère. Beth dit que ce garçon sera ravi parce que je ne suis pas juive et il aura l'impression de jouer un bon tour à sa mère. Je crois qu'il me plaît déjà.


13 juin.

Hourra ! Youpi ! L'école est finie ! Mais je suis un peu triste aussi.


15 juin.

Beth a arrangé la soirée et m'a trouvé unn garçon nommé Sammy Green. Il a été incroyablement poli et convenable avec mes parents, à qui il a plu, bien sûr, mais une fois dans la voiture il s'est mis à me tripoter. Les parents sont de biens mauvais juges. Je me demande parfois comment ils se sont débrouillés pour vivre jusqu'à leur âge avancé. D'ailleurs, la soirée à été plutôt stupide? Sammy ne voulait même pas me laisser regarder le film en paix. Et puis d'abord, c'était un film si dégoûtant que Beth et moi nous sommes restées dans les lavabos longtemps après la fin de la séance.  Nous avions honte de sortir, mais nous ne pouvions pas y passer la nuit, nous avons finalement fait notre entrée dans le hall du cinéma comme si de rien n'était. Les garçons ont voulus parler du film, mais nous les avons ignorés.


18 juin. 

Affreuse nouvelle aujourd'hui ! Beth va passer six semaines dans un camp de vacances. Ses  parents vont en Europe et ils l'ont inscrite dans un camp juif. J'ai le coeur brisé, et elle aussi. Nous avons parlé à nos parents, chacune de notre côté, mais autant parler à du vent. Il ne nous entendent pas, ils ne nous écoutent même pas. Je suppose que je vais aller passer l'été chez grand-maman, comme prévu, mais à présent ça ne m'amuse plus. 

23 juin.

Nous n'avons plus que deux jours à rester ensemble, Beth et moi. Notre séparation est presque comme l'attente de la mort. Il me semble que je la connais depuis toujours, car elle me comprend. Je dois avouer qu'il y a même eu des jours, quand sa mère organisait des sorties pour elle, où j'ai été jalouse de ces garçons. J'espère que ce n'est pas étrange qu'une fille ait ces sentiments pour une autre fille. Oh ! j'espère que non ! Est-il possible que je sois amoureuse d'elle ? Non, c'est trop bête, même pour moi ! Mais, tout simplement, elle est l'amie la plus chère que je n'ai jamais eue et que j'aurai jamais.


25 juin.

C'est fini ! A midi, Beth s'en va. Hier soir, nous nous sommes fait nos adieux et nous avons pleuré toutes les deux en nous embrassant très fort, comme des enfants effrayés. Beth est aussi seule que moi. Sa mère crie tout le temps et lui répète qu'elle est enfantine  et bête. Au moins, papa et maman sont compatissants et comprennent à quel point je vais me sentir seule. Maman m'a emmenée en ville faire des achats et m'a laissé dépenser cinq dollars pour acheter un petit collier d'or massif avec une inscription personnelle gravée à l'intérieur  et papa m'a dit que je pourrai lui téléphoner deux fois. Je suppose que j'ai de la chance.

L'herbe Bleue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant