Irréversible (Sous contrat d'édition)

MISE AU POINT

On a fait l'amour, cette nuit avec Vina, après avoir ri de s'être écroulées au sol dans l'entrée, on a fini au lit. Des centaines de caresses et deux orgasmes plus tard, elle a fini par s'endormir, bras et jambes entrelacés avec les miens, sa tête sur mon épaule. Je me sens honteuse, je ne dors pas. A chaque fois que j'ai joui j'imaginais le corps d'Alex penché sur le mien, je respirais à nouveau son odeur, je caressais les muscles de ses bras, j'imaginais contourner les dessins de ses tatouages avec ma langue.

Bref !

J'ai fait n'importe quoi !

Vina dort paisiblement, j'en profite donc pour me glisser hors du lit, d'habitude je l'attends pour aller courir mais là, j'ai besoin de me vider la tête en solitaire, de me retrouver, d'essayer de comprendre pourquoi et surtout comment mon corps peut réagir si facilement à celui d'un homme, alors que je me suis toujours protégée, j'ai toujours mis un point d'honneur à respecter les barrières que j'avais érigées. Je ne comprends pas, je suis perdue, je suis complètement chamboulée, d'autant plus que ma tête est en complet désaccord avec mon corps, et il y a ma conscience, cette traîtresse, qui s'est rangée de son côté à lui !

Ben quoi, je suis juste clairvoyante !

J'enfile un petit short en éponge, une brassière de sport et un débardeur léger, il est tôt, il est 4h mais j'ai toujours trop chaud quand je cours. Je laisse un mot à Vina au cas où elle se réveillerait et me chercherait, je prends mes baskets, mon iPod, et je sors dans le couloir. Je dépose mon iPod au sol le temps de mettre mes chaussures. Une fois lacées je me baisse pour ramasser mon lecteur.

-Dis-moi que je suis en plein rêve bébé, sinon je vais vraiment penser que t'es en train de me présenter ton cul en plein milieu de la nuit !

Je me redresse immédiatement, je ferme les yeux et je me fige une seconde.

Le sort s'acharne c'est pas possible !

Je pivote sur mes talons pour faire face à mon nouveau voisin, qui apparemment a déjà dû emménager juste après la soirée. Je suis sous le coup de la surprise, mes yeux sont grands ouverts, ma bouche est sèche, je ne sais pas quoi répondre, puisque, bien évidemment, Alex en face de moi ne porte qu'un short, qui lui arrive aux genoux, et... rien d'autre !

Je suis maudite c'est sûr !

-T'as perdu ta langue bébé ?

Je reprends mon souffle, il est hors de question que je me taise une fois de plus, hors de question qu'il croit que je suis débile ou autre, incapable de parler, hors de question de lui faire croire qu'il a une emprise quelconque sur moi.

J'installe tranquillement mon iPod à la ceinture de mon short, je mets en place mes écouteurs, sans pour autant lancer la musique, je porte le regard sur mon lecteur pour choisir tranquillement une musique de lancement pour mon footing, et je relève les yeux sur Alex. Je m'approche de lui lentement en le fixant des yeux, je ne baisserais pas le regard cette fois, et je me lance.

Respire ! Respire !

Je m'approche le plus près possible de lui, mes seins sont presque pressés contre son torse, ma bouche est tout près de la sienne. Je le vois déglutir, je pense que pendant une seconde je l'ai décontenancé.

-Ecoute-moi bien « bébé » ! Il est évident que tu attends quelque chose de moi qui n'arrivera jamais, je n'aime pas les hommes, désolée, tu ne me plais pas et je me fous de savoir ce qu'il y a là-dessous !

Je pose ma main sur son sexe, qui a en croire le renflement, est plus que disposé à jouer. Il a un léger mouvement de recul, ce qui veut dire que j'ai toute son attention.

-Je me fous de ta belle gueule, de tes muscles, de tes tatouages, ce que j'aime, pour emprunter un langage aussi cru et direct que le tien, c'est avoir une chatte qui m'attend à la maison, et vu le pied que je viens de prendre, tu peux toujours essayer de lui arriver à la cheville, c'est loin, très loin d'être gagné ! Tu fais partie de ce genre de mec qui a besoin des femmes pour exister, sans ça t'es pas grand-chose, sans ta queue, t'es pas grand-chose. Alors je te propose d'arrêter là ta petite parade, je ne finirais pas dans ton lit, laisse tomber !

Je fais volte-face, fière de moi, je lance ma musique et dévale gentiment l'étage qui m'amène au rez-de-chaussée, avant de passer la porte et commencer à courir à grandes enjambées.

Douze kilomètres plus tard, je rentre enfin, je suis épuisée, essoufflée, transpirante, collante, tout ce que vous voulez, mais rien de glamour ni sexy.

Je retire les écouteurs de mes oreilles et remonte doucement les escaliers, en m'étirant entre deux.

J'ai la tête en bas quand j'arrive en haut du palier, je m'étire une dernière fois avant de me redresser, pour tomber nez à nez avec Alex, qui, si j'en juge à sa tenue et sa position, n'a pas bougé depuis que je suis partie. Il pose sur moi ses yeux au regard intense, je crois ne jamais avoir été autant transportée par un simple regard. Il ne baisse pas les yeux en avançant vers moi, il ne ralentit pas quand il arrive à ma hauteur, il sort les mains de ses poches pour les poser en coupe autour de mon vissage, et... sans prévenir, il pose ses lèvres sur les miennes. J'ai un premier reflex de recul mais une de ses mains descend pour encercler fermement ma taille. Mon corps se retrouve plaqué au sien, sa langue force ma bouche à s'ouvrir et vient caresser la mienne dans une danse fiévreuse. Ce baiser n'a rien de romantique, comme ceux que je partage avec Vina, il est sauvage, agressif, sensuel, brutal et en même temps d'un érotisme que j'ai jamais connu. Ses dents mordent mes lèvres et ma langue, et son bras me presse encore plus contre lui, ce qui fait qu'il doit forcément sentir l'effet qu'il produit sur la pointe de mes seins à travers mon débardeur, sur son torse nu. Un gémissement m'échappe. J'obtiens un grondement pour toute réponse. Je n'ai pas bougé, je ne le touche pas, mes mains et mon corps sont comme bloqués dans l'espace-temps, je me laisse faire c'est tout.

Mais enfin qu'est-ce que tu fais ? Reprends-toi bon sang !

Je n'ai jamais ressenti une chose pareille, et encore, ça n'est qu'un baiser ! Bordel ! J'ai plein d'idées qui me viennent en tête quant à la suite des évènements, des idées auxquelles je n'ai jamais pensé, avec un homme... Je suis foutue c'est sûr !

Il se recule et me tient à distance avec ses bras sur mes épaules, ses yeux ne sont plus intenses, ils sont incandescents, ils brûlent et enflamment mon corps en même temps, j'ai chaud, je suis perdue, je n'arriverai même pas à parler si on me le demandait.

-Je voulais juste vérifier qu'après ton petit discours pour reprendre ton assurance, on était quand-même sur la même longueur d'onde.

Il passe légèrement sa langue sur sa lèvre inférieure avant d'y planter ses dents, me dégaine son sourire à fossette et repart en direction de son appartement, sans se retourner.