Epi. Vérité...

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- Viens ! cri le garçon à la fille qui se lève.

- J'ai peur, et si on ne se revoit pas.

- Comment ça ?

- Et si, même là-haut, on ne se retrouve pas ou qu'on arrive encore à nous séparer ?

- Je ferais tout pour que ça n'arrive pas.

- Et si il y a un imprévu ?

- Comme quoi ?

- Je sais pas...

- Viens, ne t'en fais pas, je te le promets, on mourra heureux.

Ces mots me glacent le sang. Je le vois sortir une liasse de billet et les lancer en l'air. Ils volent doucement, portés par le vent, et viennent s'écraser sur les rochers en contrebas. Le garçon détache sa gourmette et la lui donne en main propre avant d'ajouter :

- Garde-la, en souvenir de nous.
Non, je t'aime et ça ne changera pas.
Tu la regarderas et tu penseras à moi.
Si tu te poses la question, oui je t'aimerai toujours.
Et je ne t'oublierai jamais.

Les larmes me montent aux yeux et je vois Théo et moi-même disparaître sous mes yeux tandis que je le rejoins et me rassois à ses côtés. Mais qu'est-ce qui s'est passé alors ? Nous avons rebroussés chemin ? Nous avons survécus ?

Soudain, j'entends à nouveaux nos voix.

- Un... commence-t-il.

- Deux... poursuis-je.

- Trois ! crions-nous en cœur en se tenant fermement la main.

Et on réapparait juste le temps que je puisse voir qu'on s'élance dans le vide. Je me précipite au bord sans tomber et on brille comme des paillettes pendant notre chute. Mais Théo me lâche la main et s'approche dangereusement des rochers tandis que moi je vise tout juste à côté. Il s'écrase dans un fracas sanglant sur les rochers et moi, à côté, mais ma tête heurte une pierre et je sombre dans les profondeurs de l'océan.

Ma tempe me fait mal et j'ouvre les yeux. Ma vue est brouillée mais je vois le ciel bleu. Je me sens coulée. Je ferme les yeux, espérant retrouver Théo de l'autre côté. Je fais mon possible pour perdre connaissance. Soudain un bras m'attire vers le haut, c'est peut-être ça mourir. Je ferme mes yeux et m'endors doucement. Je n'ai plus de conscience et je m'endors, je m'endors enfin.

Je rouvre les yeux et un vertige me prends. Je vois l'eau, je me rappelle de mon état lors de l'accident. Je ne suis pas juste tombée dans l'escalier, je suis tombée d'une falaise avec celui que j'aime. Mais j'ai survécue, sauvée par un maître nageur. Il a prévenu les secours et ils ont emmené Théo aussi, dianostiquant une mort directe.

- Emma ? entends-je appeler derrière moi.

Je me retourne et me retrouve devant... le fantôme de mon petit-copain.

- Je... non... pourquoi... commencé-je à pleurer.

- Arrête de pleurer, ça me fends le cœur.

- Pourquoi nos parents voulaient nous séparer ?! Pourquoi ? On a rien fait de mal à part s'aimer !!

- Je fumais, je me droguais, je gagnais de l'argent illégalement. Ton père ne voulait pas cette vie pour toi, alors ils ont décidés de t'éloigner de moi. Pour ton bien.

- Et nous... nous on voulait pas... alors...

- Alors on s'est dit que le mieux pour être ensemble était de...

- Mourir. Ensemble.

- Mais tu as survécue.

- Pourquoi tout est toujours contre nous ?

- C'est peut-être un signe du destin.

- Je ne crois pas au destin.

- Pourtant tu le faisais avant.

- Avant, c'était quand je croyais que j'avais encore la vie devant moi.

- Non, Emma. Tu ne sauteras pas.

Je suis au bord de la falaise, prête à le rejoindre et il ne pourra pas m'en empêcher puisqu'il lui ai interdit de me toucher.

- Je le ferais pour nous.

- Tu peux te trouver une magnifique vie, il faut juste que tu cherches.

- Pas sans toi. Tu étais ma vie. T'es parti avec ma vie.

- Ne dit pas ça.

- C'est la vérité pourtant.

- Ne saute pas.

- Tu ne veux pas qu'on soit tous les deux ?

- Si, mais je ne crois pas que tu seras entièrement heureuse avec moi.

- Cet enregistrement, tu l'as écouté avant de venir ici ?

- Oui, pour me dire que notre promesse avait été faite depuis le début.

- Alors si c'est une promesse...

- Emma, je t'interdis de...

Mais déjà, mon pied gauche atteint le vide et je me laisse tomber... Est-ce que cette fois sera la bonne ? Tous mes souvenirs défilent devant mes yeux et je revois toute ma vie. Je l'ai dis depuis longtemps, mes sentiments dépassent ma raison...

Une...

Deux...

Trois secondes de chute.

Je m'écrase sur les rochers, le regard vide.

- Je... je t'aime... Théo.

Je serre pour une dernière fois sa gourmette et ferme les yeux en paix.

...et l'amour nous emportaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant