Je te redonnerais le sourire

Chapitre 2

Point de vu de Bambam:

Nous sommes arrivés en début de semaine chez les Tuan. Toute la famille nous a très bien accueillit, sauf le fils. Je ne sais pas ce que j'ai fais pour qu'il me déteste. Ils ne nous acceptent pas chez lui, mais nous n'avons pas vraiment eu le choix. A choisir, je serais bien resté chez moi, on a rien demandé nous. Moi non plus je ne voulais pas vivre en colocation avec une autre famille.

Ma mère et ma sœur ont beaucoup pleuré les premiers jours et puis, elles se sont calmées. Vous n'imaginez pas le bonheur que j'ai ressenti en revoyant ma mère sourire grâce à la mère de Mark. Elles s'entendent vraiment bien toutes les deux. Elle fait tout pour occuper ma mère et je lui en suis reconnaissant. Quant à moi, j'ai versé quelques larmes le premier soir mais depuis, rien. Je n'arrive pas à pleurer, c'est comme si je ne ressentais rien. J'ai l'impression d'être un monstre, mon père et mes frères viennent de mourir et je ne parvient pas à pleurer. Je me rassure en me disant que même si je ne pleure pas, je ne souris pas non plus. C'est comme si j'étais mort de l'intérieur. Je ne ressent plus aucune émotion. Je passe mes journées à écouter de la musique sur mon téléphone avec les écouteurs que la famille m'a prêté.

Quand je me vois dans un miroir, je ne me reconnait pas. Mon visage est creusé et marqué par de gros cernes, je ne dors plus la nuit, je n'y arrive pas, je suis hanté par des cauchemars. Je maigris à vue d'œil, je ne mange plus, je ne ressent pas le besoin de manger. Les Tuan font tout pour m'aider mais je ne veux pas de leur pitié. Je n'ai besoin de personne. Bizarrement je remercie Mark de ne pas faire semblant de m'apprécier.

Point de vu de Mark:

Je n'en peux plus de cette famille. Je veux qu'ils partent. Ma famille ne s'occupent même plus de moi, toute l'attention est portée sur ces réfugiés, en plus ça fait une semaine que je ne dors plus la nuit, le fils n'arrête pas de bouger et de parler pendant son sommeil. Et il n'est pas reconnaissant envers nous. Mes parents font tout pour lui et essayent de l'aider mais il les rejette et passe ses journées avec des écouteurs dans les oreilles. S'il croit que moi je vais me mettre à ses pieds comme le reste de ma famille, il se trompe complètement.

"- Maman je sors, je vais en ville avec les garçons.

- Emmène Bambam avec toi.

- Mais maman...

- Il n'y a pas de mais!"

Je sors de la maison suivit de près pas ce garçon. Je dois déjà le supporter dans la maison alors si en plus il faut que je sorte avec lui quand je vais voire mes potes ça va pas le faire.

Je me tourne vers lui et vois qu'il prend une direction différente de la mienne.

"- Oh! Tu va où?

- Pas avec toi en tout cas.

- Mais tu connais pas la ville!

- Je vais bien me débrouiller, je n'ai pas besoin de ton aide. Je sais très bien que tu ne m'aimes pas et c'est réciproque alors, ça ne sert à rien de faire semblant."

Il remet ses écouteurs et me tourne le dos.

Point de vu de Bambam:

Je marche sans vraiment savoir où je vais. Peu importe la destination, je serais toujours mieux que dans cette maison. Je ne vois pas pourquoi sa mère m'a obligé à aller avec lui. Je ne veux pas sortir. Si j'avais envie de prendre l'air, j'y serais allé.

Pourquoi on m'a obligé à venir ici? Je voulais rester en Thaïlande et venger mon père et mes frères. J'aurais pu tuer ces enfoirés qui m'ont arrachés une partie de ma famille! Nous avons tout perdu, notre maison, nos affaires et toute notre vie. Je ne supporte pas l'idée de ne pas pouvoir me venger de ces monstres! 

Après avoir marché une bonne partie de la journée, je m'arrête sur la promenade face à la plage. J'enlève mes chaussures et marche sur le sable. Je m'assoie quelques mètres plus loin.

Je sors mon téléphone et appuie sur l'icône de ma galerie photo. Je n'ai pas encore réussit à regarder nos photos de famille depuis que nous sommes partie de chez nous. Je fais défiler les photos. Mon cœur se serre de plus en plus quand je les fais défiler. Je m'arrête sur une photo en particulier, ma préférée. Nous sommes tous ensemble devant le grand châteaux de Disneyland. Nous portons tous des oreilles de Mickey, même mes frères qui n'aiment pas s'afficher. Mes parents se regardent amoureusement. Un de mes frères embrassent fièrement son copain. L'autre est derrière moi et ma sœur et nous serre dans ses bras. Nous avons tous un grand sourire. Nous respirons la joie de vivre. Je me souviens parfaitement de ce weekend à Disneyland. Nos parents avaient travaillés dur pour nous l'offrir.

L'armure qui protégeait mon cœur vient de se briser. Les larmes coulent le long de mes joues et ne s'arrêtent plus. Ça y est, je pleure enfin, je pensais que ça me soulagerais mais non, j'ai tellement mal au cœur. Je ne les reverrais jamais. Notre famille est brisée. On ne vivra plus jamais de moment comme celui-là. Je ne verrais plus jamais le sourire de mon père. Je n'entendrais plus le rire de mon frère et je n'entendrais plus les histoires de mon autre frère.

Point de vu de Mark:

Je rentre à la maison en fin d'après-midi. Je rejoins la famille "recomposée" dans le salon.

"- Je suis rentré.

- Bambam n'est pas avec toi?

- Il n'est pas rentré?

- Non et on pensait qu'il était avec toi.

- Il est parti de son coté dès qu'on est sorti.

- Et tu l'a laissé tout seul alors qu'il ne connait pas la ville!"

Les autres sortent du salon pour me laisser seul avec mon père.

"- Je ne vois pas pourquoi je devrait le supporter alors que je n'ai rien demandé!

- Tu es vraiment inconscient!

- Moi je suis inconscient?! Ce n'est pas moi qui ai laisser rentré des inconnus dans notre maison!

- Ce sont des réfugiés!

- Et alors qu'est-ce qui te dis que ce ne sont pas des meurtriers?! Ou encore des cambrioleurs? Imagine si ce Bambam vole mon ordinateur ?

- Tu es vraiment égoïste Mark! Ces gens n'ont plus rien! Ils n'ont plus de maison! Ce Bambam comme tu dis, il a perdu ses frères! Il n'a plus de père pour prendre soin de lui!

- Depuis qu'ils sont arrivés tu ne prend plus soin de moi, tu ne t'occupe plus que d'eux!

- Moi je ne m'occupe plus de toi?! Excuse-moi pour les mots Mark mais tu es un sale gamin pourri gâté! Tu pourrais au moins faire des efforts pour lui! Il a presque le même âge que toi. Imagine toi quelques instants à sa place! Tu viens de perdre une partie de ta famille, tu n'as plus rien! C'est dur de s'imaginer ça hein?"

Je ne répond rien pour la simple raison qu'il a raison.

"- Alors tu vas te bouger et aller le chercher! Et prend un pull pour toi et pour lui, il fait froid ce soir."