La vie et ses questions

Le bonheur

Auxerre, le 18 août 1995
Ah... *soupir*
J'étais en train de penser à la chanson de Christophe Maé.
Elle reflète tout ce que je pense du bonheur. Eh oui, il est où ? Hein ? Il est où ? Je m'adresse à toi, le Créateur de tout l'univers ! Tu as créé tout sauf la joie... Parce qu'ici, sur terre, il y a des gens qui ne l'ont toujours pas connue. Eux, ils ne connaissent rien d'autre que la guerre, la dictature, et ils ne connaissent même pas l'école ! Oh, je ne parle pas de moi. Non, par rapport à d'autres, je suis même très heureuse.
Remarque, je ne l'étais pas vraiment quand la voiture a vécu l'accident. Et je dirais même plus, elle a vécu la MORT ! Non, Liliade. Ne recommence pas, tu vas pleurer. Ma mère m'a dit souvent :
"Le passé est passé. A moins que ce soit du pur bonheur, oublie ton passé. Ne garde en mémoire que ce qui te construit, qui te fait avancer."
Elle a raison. Je crois que je viens de me rendre compte, mais c'est un peu tard.
"-Maman", lui ai - je demandé un soir, "c'est quoi, en vrai, le bonheur ? C'est vrai qu'il existe deux sortes de joie ?"
"-Oui. La joie passive et la joie profonde. La différence, c'est par exemple : toi tu seras toujours une joie profonde pour moi, comme papa et mes meilleurs amis, ma famille. En revanche, des événements heureux ne sont que passifs, le bonheur que ça m'a procuré ne dure pas. Et Djim, ton ami, il me fait sourire, mais c'est pareil ça ne dure pas. Le bonheur, c'est... ce que tu ressens qui te fait des papillons dans tout ton corps, c'est quelque chose qu'il te reste pour supporter les douleurs, ou alors... C'est la joie qui fait que personne ne peut te l'enlever. Tu disais il n'y a pas longtemps que tu voulais être aussi forte que ton père et Djim t'a répondu que tu pouvais l'être. Il avait raison. C'est grâce à ton bonheur profond que tu restes forte."

Punaise mais comment elle avait raison... Merci maman, je ne te remercierai jamais assez.