Un naufragé peu commun

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Au dehors, la tempête rendait la mer folle, le ciel s'assombrissait d'heures en heures, la pluie tombait violemment écorchant les arbres. Une jeune cavalière recouverte d'un capuchon rouge arpentait la plage montée sur un bel étalon gris-sable brillant au clair de lune apparaissant, il était assez grand, fier et peu de monde pouvait se vanter de l'avoir chevauché, elle l'avait nommé Ornadeo. Il se trouvait déjà sur l'île quand elle y avait échoué avec d'autres passagers du même bateau, beaucoup avait péri dans les flots et d'autres une fois accostés sur l'île. C'était une île souvent calme et prospère ou le soleil brillait de mille feux, les récoltes y étaient malgré tout meilleures d'année en année, cette terre semblait porter en elle une fertilité régénératrice, y avait-il de la magie là-dessous ? Nul besoin de pesticides contre les insectes, il y avait tellement de nourriture que l'on pouvait se permettre de leur en offrir. Remarquant que la hauteur des vagues se faisait de plus en plus importante, elle se rendit à l'abri sous la grotte servant au peu de villageois résidant d'accéder au village de fortune construit avec les moyens du bord. La jeune cavalière y pénétra rapidement, une fois abritée de la pluie, le cheval s'arrêta se secouant pour évacuer un maximum d'eau souillant son pelage. La demoiselle descendit de sa monture s'apprêtant à repartir lorsqu'une immense vague montant jusqu'au dessus de la grotte leur fit face, elle se retint juste à temps au cou de son destrier gris lune, évitant ainsi de se faire emporter par le courant, Ornadeo resta fièrement campé sur ses jambes. Une fois la vague passée, elle se redressa lâchant lentement son étreinte sur lui surveillant la mer et caressa les naseaux de son cheval lui murmurant quelques doux compliments qu'elle interrompit soudainement... Son regard captivé par une étrange vision... elle s'avança vers ce qu'elle pensait être un corps naufragé fixant l'endroit avec attention. Sa curiosité naturelle la conduisit auprès de lui. Plus elle avançait, plus ses pas s'accéléraient, l'étalon l'observa un instant avant de se décider à la suivre. La demoiselle s'arrêta à quelques pas du corps meurtri, il semblait totalement inconscient, ce qui n'avait rien d'étonnant étant donné la violente tempête qui venait de sévir. Apercevant un nouveau raz de marrée qui se profilait à l'horizon, elle poussa des yeux un instant, se retourna brièvement cherchant Ornadeo qui activa le pas pour venir s'arrêter à ses côtés alors qu'elle inspectait le naufragé agenouillé à ses côtés. Elle ôta les mèches de cheveux masquant son visage, il faisait si sombre impossible d'avoir un indice sur ses origines, son nom ou tout autre information, et puis ce n'était pas le moment de satisfaire sa curiosité la vague approchante se faisait de plus en plus menaçante, elle prit son pou.

- Il est toujours en vie mais... il a du mal à respirer... ses poumons doivent être encombrés...

Elle jeta un bref regard sur la vague, elle n'avait jamais dû faire face à une telle situation. Devait-elle l'emmener et le réanimer après au risque de le perdre ? Ou bien essayer de le réanimer à présent et risquer de les noyer tous les trois ? Elle regarda un instant le visage de l'inconnu, lui pinça le nez entre ses petits doigts entrouvrant sa bouche de son autre main, déposa ses lèvres contre les siennes les recouvrant et commença à lui donner de l'air se reculant par intermittence pour le laisser tousser. L'effort sembla vint, surveillant du coin de l'œil la vague qui approchait dangereusement elle reprenait son souffle puis continua. Après quelques assauts, l'inconnu toussa enfin recrachant ce que lui avait fais boire les fonds marins. Elle le pencha doucement sur le côté pour qu'il évacue plus facilement tous ce qu'il avait ingurgité, la vague allait les engloutir sous peu mais maintenant il respirait correctement, il était sauvé... du moins pour le moment. Elle n'avait encore vérifié les blessures corporelles qu'il pouvait avoir, et avec la noirceur elle ne pourrait les voir qu'à la lueur d'une bougie. La demoiselle remonta rapidement son regard vers son destrier, qui la regardait faire surveillant la vague avec attention, et s'écria quelque peu affolée sentant la fin proche.

Pirates des Caraïbes, rivages inconnusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant