Aurianne

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La jeune fille me rend mon sourire timidement.

Je n'arrive pas à détourner mon regard de ses yeux. Ils sont magnifiques... Et ils sont familiers. Très familiers. Mais je ne parviens pas à mettre de nom sur son visage. Peut être quelqu'un que j'ai croisé dans la rue...
"Ça m'étonnerait, tu ne sortais jamais !" ricane ma conscience.

Soudain elle détourne le regard et fixe ses mains. Sébastien se racle la gorge pour attirer mon attention alors je tourne la tête vers lui. Il sourit puis attrape ma main et me tire à travers les couloirs, dans une direction inconnue.

J'essaye de résister mais il est beaucoup plus fort que moi. Zack, Cameron, Peter et la mystérieuse fille nous suivent. On traverse les allées tandis que nous croisons quelques personnes qui nous observent en chuchotant. Sébastien nous entraîne dans des escaliers puis nous débouchons sur une salle au murs blancs.

Il n'y a pas vraiment de meuble, simplement un projecteur et deux sièges l'un en face de l'autre, dont l'un avec un casque.

Sébastien me relâche enfin et me fait un sourire encourageant. Puis il sort de la pièce avec les deux fous et mon frère. La jeune fille va s'asseoir sur le premier siège, celui avec le casque, tandis qu'elle m'invite d'un geste à m'asseoir.

Je ne suis pas rassurée, pas du tout. En même temps, qui le serait ?

Je m'asseois donc sur le deuxième siège et j'attends. Elle enfile le casque et prend ma main. Même si son contact est apaisant, je me fige. Je fixe nos mains entrelacés. Puis je relève la tête et plonge mon regard dans les yeux de la mystérieuse fille.

Elle ferme ses yeux, comme fatiguée. Puis de la lumière apparait de ses mains. C'est agréable. Je n'ose plus bouger, mais le projecteur qui se met en route me fait sursauter. Les lumières de la salle s'éteignent, et je reste dans le noir, uniquement éclairée par la lueur des mains de la fille.

J'observe le projecteur. Dessus apparaissent des images désordonnées, trop rapides pour que j'identifie quoi que ce soit. Puis les images deviennent peu à peu des scènes. Des scènes de ma vie.

Je dois avoir 5 ou 6 ans. Je joue à la poupée avec Michael dans ma chambre. Il rit alors que je gronde une de mes poupées. Soudain la porte de ma chambre s'entrouvre et une petite fille fait son apparition, tenant dans ses petites mains une énorme peluche de phénix. Elle a les cheveux châtains, attachés en deux tresses sur les côtés. Et elle a de beaux yeux vairons qui m'observent.

Je fixe le projecteur puis la fille en face de moi. Elle sourit. Alors voilà pourquoi il me semblait la connaitre... Je continue de regarder le film de mes souvenirs pour tenter d'en savoir plus.

Elle entre dans la pièce et dès qu'elle voit Michael, elle se précipite vers lui en criant "Papééé !". Je l'observe avec suspicion. Je ne la connais pas, mais elle voudra peut être jouer à la poupée avec moi ! Michael me la présente :

- Voici Aurianne Mlle Noélia. C'est ma petite fille.

Puis il sourit et embrasse le front d'Aurianne. Un immense sourire étire ses lèvres. Elle aime son grand-père, cela se voit, cela se sent.

Voilà comment j'ai rencontré ma meilleure amie et ma camarade de jeu pendant de longues années. Jusqu'à la mort de Michael et de la mystérieuse disparition du reste de sa famille.

Des larmes ruissellent le long de mes joues. J'observe Aurianne, elle aussi pleure malgré ses yeux fermés. Mais malgré son trouble évident, mes souvenirs continuent de défiler sur le projecteur.

Certains que j'avais déjà vu apparaissent, comme celui ou mes parents se disputaient et celui du lever de soleil avec Peter. Il y avait aussi celui où je disais à Peter que je l'aimais. Et celui où les protsotas ont emmenés Michael. Pendant que Aurianne pleurait doucement, je me retenais. Je m'étais promis ce jour là que je le vengerais. Alors je le ferais.

Soudain le projecteur s'éteignit.

Aurianne se mit à trembler assez violemment. Elle ouvrit les yeux et je retins un cri d'horreur. Ses yeux étaient blancs, comme si son âme avait disparue.

Sa peau devint laiteuse, affreusement pâle. Ses doigts s'enfoncèrent dans ma chair, ses ongles labourèrent ma main. Ses cheveux étaient décoiffés, hirsutes. Elle aurait pu me faire peur, mais je m'inquiétais trop de son sort pour ça.

Puis elle se mit à parler d'une voix d'outre tombe. Et à chaque mot qu'elle prononçait, sa transe semblait empirer.

" Lorsque la femme aux yeux violets reviendra,
La fin de la perfection sonnera.
Une ère de prospérité naquira."

Elle se mit à saigner du nez et Sébastien apparut à l'encadrement de la porte, le regard apeuré. Il amorça un pas vers nous mais Aurianne le stoppa en haletant :

- Je... Je peux le faire.

Sébastien ne bougea donc pas mais son regard resta inquiet, il ne quittait pas une seconde Aurianne des yeux. Cette dernière continua de sa voix d'outre tombe :

"Rythmée de pleurs et de trépas...pas.
La fi...fille de ses mains tu...tuera,
La fe...fem...me qui l'a mise à bas.
P...uis l'É...l'é...lue renaîtra.
Mais pre...prenez...nez ga...garde"

Puis elle se mit à saigner des oreilles, sa voix semblait mourante et moi je pleurais, je tentais de l'arracher de moi, de faire quelque chose pour arrêter tout ça.

Sébastien fut plus efficace que moi. Il se précipita vers nous et arracha le casque de la tête d'Aurianne. Puis il enleva violemment sa fine main de mon poignet.

Elle sembla reprendre ses esprits, puis elle croisa mon regard et souria. Sébastien la prit dans ses bras puisqu'elle venait de s'évanouir. Je ne comprenais pas trop ce qu'il venait de se passer, je tentais de me lever mais je chancelais et tombais dans les vapes.

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Coucou mes patates ! :)
Comme d'habitude, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, à voter et à commenter (oui je sais je me répète è.é)

Grosses bises baveuses !

Parfaits... Ou Presque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant