Le lendemain, Nora se réveilla aux aurores comme toujours. Elle sortit de son lit et se dirigea dans la salle de bain où elle fit sa toilette. La pièce était froide, pour économiser, les seuls endroits de la maisonnette chauffés était la cuisine, le salon et les chambres. La jeune femme entra nue dans la douche et fit couler l'eau tiède sur son corps. Ils s' agissait d'un de ses seuls moments de sérénité dans la journée. Elle se détendit un moment, vidant sa tête de toutes pensées. Nora s'empara de l'éponge de savon pour se frotter vivement le corps afin d'effacer toute trace de crasse. Une fois propre, elle sortit de la douche, toute frissonnante dû au manque de chaleur. Elle se sécha et revêtit son habit de travail.
Quand elle rejoignit le salon, sa belle mère, déjà réveillée, préparait du café. Depuis la disparition de son fils, elle ne dormait que d'un œil, sur le fauteuil du salon, refusant de s'assoupir dans un lit. Elle guettait la porte d'entrée avec l'espoir que Felix revienne d'entre les morts. Il fut un temps où Nora l'avait cherché. Pendant des mois, elle avait scruté les bois, les endroits les plus malfamés de Londres, les prisons. Puis sa grossesse l'empêcha de continuer les recherches.« Bonjour» dit-elle.
La vieille femme ne répondit que par un hochement de tête. Nora s'empara de la télécommande de la télévision puis mis la chaîne d'informations matinale, qui diffusait les images du récent attentat. Elle soupira.
« On va en entendre parler pendant longtemps.»
Bestemor émit un rire.
« Ça pour sûr. Jusqu'au prochain du moins.»
Nora but son café et avala quelques grains de raisins. Dehors le soleil montrait le bout de son nez à travers les nuages de coton. Le vent soufflait si fort que les sapins en frissonnaient.
« Bon j'y vais.»
Et c'est partit pour une journée de travail difficile. Les souliers frottaient durement sur le gravier du chemin qu'elle empruntait tous les jours. Elle aperçut un rayon orangé du nouveau soleil, se découpant dans les épines des cyprès. La douce lumière se leva un peu plus pour caresser les sommets montagneux de la Norvège. Un spectacle que la jeune mère aimait admirer. Pour elle, c'était comme si le dieu Odin veillait sur elle et sa famille depuis la disparition de Félix. Mais les malheurs finiront par la rattraper malheureusement.
L'ambiance de l'usine reflétait bien l'état d'esprit des travailleurs : fatigué et engourdis de tout. Les ouvriers arrivaient un à un, enfilait leurs uniformes machinalement avant de se mettre au travail. Certains nettoyaient le sol froid et crasseux en béton mais la plupart étaient aux machines, comme Nora. Le travail étant la priorité avant l'hygiène.
Nora avait été assignée à la supervision des constructions des canons de fusils automatiques. Toute la journée, elle imbriquait des pièces entre elles, faisant attention à ne pas se blesser par mégarde. Pendant des heures, c'était devenu un réflexe de concevoir des armes. Des instruments meurtris. Malgré elle, Nora aidait les bouchers de l'abattoir.La fin de la journée s'annonçait enfin. Les ouvriers répétèrent leurs gestes de la veille avant d'entamer le chemin du retour avant le couvre-feu, semblable à des fourmis terminant leurs corvées pour la reine. Nora comme toujours ne traîna pas et arrivait bien vite chez elle. Elle sentit que quelque chose n'allait pas. Puis elle remarqua une voiture de police garée devant chez elle. D'un coup, le stresse l'envahit, lâchant son baluchon, elle courut dans la maison. Pour y découvrir deux officiers fouiller chez elle, sa belle mère tenant la petite Ana, effrayée toute tremblante dans les bras de sa grand-mère.
« Que se passe-t-il ici ? » demande Nora d'une voix angoissée.
Bestemor vit sa belle fille et lui incita à sortir immédiatement.
« Nora sauve toi ! Ils sont là pour Félix !»
Son sang ne fit qu'un tour et elle sortit à toute vitesse de la maison, suivie par les deux policiers.
« Arrêtez vous ! Stop ou je tire ! » dit l'un d'entre eux, dégainant son arme à feu.
Nora se stoppa aussi net, ne voulant pas laisser Ana seule dans ce monde de brutes. Dos à eux, elle leva les mains comme signe de retrait, puis se tourna vers les officiers.
« Nora Thomas, vous êtes en état d'arrestation pour lien avec les rebelles et pour tentative de fuite.»
On lui passa les menottes sans ménagement. Voulant la défendre, bestemor armée d'une poêle tenta d'assommer l'un deux avec toute la force qu'elle possédait. Malheureusement, le second flic ne perdit pas de temps et lui tira dessus. Ana, serrant doucement sa peluche pleurait devant ce spectacle insupportable.
« Maman ! Où est-ce qu'ils t'emmènent ?!» dit la petite fille perdue.
« Ana ! Surtout ne regarde pas, s'il te plaît je t'en prie ferme les yeux !» répond Nora, le regarde baigné de larmes tandis que le policier vérifiait la mort de la grand-mère.
« C'est bon elle est morte. On embarque l'autre.»
Ils se saisirent de Nora, les mains liées dans le dos.
« Attendez ! Ma fille ! Ma fille on peut pas la laisser seule ! »
Mais les deux hommes ne répondirent pas, ils continuèrent de la traîner jusqu'à la voiture, malgré ses protestations et gigotements.
« S'il vous plaît mon bébé ! Elle peut pas rester toute seule !»
Violemment ils la mirent à l'arrière, tandis qu'elle vociférait des insultes. La voiture démarra et Nora eut le temps de voir Sondre surgir de la forêt pour attraper Ana. Nora se calma, elle savait sa fille en sécurité avec lui. Elle espérait qu'ils fuient le pays plutôt que de rentrer chez Sondre, où son père pouvait lui faire du mal. Mais la panique était toujours là, son rythme cardiaque ne se calmait pas. La mère de Felix venait de mourir, Ana était loin d'elle et surtout, on allait sûrement l'exécuter ou pire la torturer dès qu'ils auront la confirmation de son lien avec Felix. Plus ils approchaient le poste de police, plus l'angoisse grossissait dans sa gorge.
« Felix... Protège nous je t'en prie...» murmure-t-elle alors que la voiture s'arrêta.

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Gasoline
Mistério / Suspense2044, le monde est au bord d'une guerre civile mondiale. L'Europe est devenue une dictature dirigée par des politiciens homophobes, antisémite qui se vantent de vouloir " purifier le monde". Des centaines de milliers de civils sont arrêtés chaque j...