Je suis morose.
Ce souvenir me tord la mémoire et l'esprit, me déchire l'âme et le coeur : un soir, nous étions allongés sur son lit, elle parlait, longuement, me racontait sa journée, enfin je crois, car à vrai dire je ne l'écoutais pas vraiment.
Je me contentais de l'observer, comme envoûté par son charme indescriptible, bercé par le son de la pluie déferlant contre la fenêtre. Elle avait l'air si épanouie, si heureuse que cela s'entendait dans le son de sa voix, dans les mots qu'elle employait, c'était comme évident.
Mes yeux demeuraient plongés dans les siens, noisettes, c'était une couleur banale mais ils brillaient de joie, et c'est cela qui rendait son regard unique, c'était une lueur espiègle au coin de ses yeux.
Son maquillage avait coulé et ses cheveux, bruns, s'étaient mis à boucler à cause de la pluie. Quelques mèches encore humides lui chatouillaient les joues. Elle souriait. Son visage était pure, angélique, truffé de petits défauts qui batissaient sa grâce inégalée.
Puis, mon regard s'était posé sur ses lèvres, ses magnifiques, douces et pâles lèvres qui bougeaient harmonieusement au fur et à mesure des mots qu'elle prononçait. Elles se touchaient et se séparaient, telle une valse sans fin.
C'est ainsi que je me souviendrai de mon premier amour, la veille de son décès.
Elle était belle, si vous saviez comme elle était belle, ô et je l'aimais, si vous saviez comme je l'aimais.
Je suis morose.