sixième

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C'est plus pour le besoin et l'envie de vous partager mes mots et mes tourments que pour l'énigme que je publie cette sixième partie – parce qu'entre nous, il est plutôt facile.

Il est plus long que les autres et différent alors dites moi ce que vous en pensez !

bonne lecture

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Aujourd'hui, je n'avais qu'un seul rendez-vous.

J'ai dû y vérifier à deux fois dans mon agenda, pas très sûr de moi. D'habitude, c'étaient des centaines et des centaines de gens auxquels je rendais visite par jour.

Mais non, aujourd'hui, il n'y avait qu'elle.

Cette jeune fille de seize ans au doux nom de Juliette.

J'avais décidé d'aller la voir le soir et d'ainsi lui octroyer une journée. La dernière.

Comme la plupart d'entre-eux, elle était dans ce grand bâtiment fade et malheureux.

Je m'apprête à toquer à la porte mais me ravise. Prévenir de ma présence n'est pas dans mes habitudes. Mettant ça sur le compte de l'irréalité de ma journée vide, je rentre en douceur.

Il paraît qu'on ne m'entend jamais et que, le plus souvent, j'arrive quand on m'attend le moins.

La jeune fille ne dort pas. En réalisant qu'elle est seule, un poids étranger s'envole de ma poitrine. Quand les proches sont là, ma tâche se corse et les conséquences que j'abandonne derrière moi me hantent parfois pendant des jours.

La pièce est plongée dans le noir. Le silence enveloppe la pièce de ses grands bras blancs.

La faible lumière du clair de lune éclaire cependant son corps, inerte.

Elle est recouverte d'un drap blanc qui a l'air désagréablement rêche. Ses cheveux blonds dénudés d'éclat sont emmêlés et éparpillés autour de son visage creusé. Ses fins bras le long du corps, elle est immobile. Elle fixe le plafond de ses yeux vides et derrière son regard neutre, je perçois son anxiété mal dissimulée.

Je m'approche doucement.

– Je sais que tu es là, lâche la jeune fille sans que son regard ne vacille d'un centimètre.

Je m'arrête net et mon corps entre aussitôt dans une sorte de transe qui m'est inconnue. Jamais personne ne me remarque, d'ordinaire. Ou du moins, c'est la première qui m'en fait part.

– Je te sens, continue-t-elle en chuchotant.

Sa voix est posée et douce. Elle ne contient pas une once d'hésitation ou de peur. Peur que je jugerais pourtant déceler dans son regard.

Je n'ose plus esquisser le moindre geste. Comme gelé au contact de sa voix cristalline, plus aucun membre ne me répond.

Qu'est-ce qu'il m'arrive, bon sang ?

– Dis quelque chose.

Plus qu'un ordre; une supplication.

J'hésite longuement. La balance penche d'un côté, puis de l'autre.

Qu'ai-je à perdre, au final ? Elle ne saura de toute façon le raconter à personne et le secret sombrera avec elle des mètres sous terre.

Mais m'entendra-t-elle ?

À vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant