Je le regarde s'agiter devant moi.
Il y met tout son cœur.
Il s'efforce à me raconter d'innombrables histoires ponctuées chacune de grimaces et de gestes exagérés.
Entre chaque anecdote, il me demande si je n'ai besoin de rien.
Je ne sais pas pourquoi il est là. Je ne sais même pas qui il est. Mais cet homme, qui ne cesse de me fait rire et qui prend soin de moi me regarde avec tant d'amour et de douceur que je me demande si lui, il me connaît.
C'est peut-être un infirmier. Ses gestes sont doux avec moi, il fait toujours ce qu'il faut faire au bon moment. Il sait ce que je veux manger, quel programme télé j'aime regarder. Pourtant on ne se connaît que depuis quelques heures. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il guérisse ses patients seulement à l'aide de son cœur grand comme le monde.
Il me demande après chaque histoire si j'ai soif, faim, si j'ai envie qu'il m'accompagne marcher ou si j'ai besoin d'aller aux toilettes. La réponse est toujours non parce que tout ce dont j'ai besoin, à cet instant précis, c'est qu'il reste auprès de moi.
La seule nourriture que mon corps réclame est cette façon qu'il a de me regarder. Je dévore ses yeux depuis qu'il est rentré.
Je bois ses mots doux déclarés avec une tendresse incommensurable, comme s'il avait peur de me blesser s'ils étaient trop fort prononcés.
Et en cet instant, il ne me faut rien d'autre pour vivre. Mon oxygène est son souffle chaud qui caresse ma clavicule, ma poitrine, mon cou.
Un instant, je crois le reconnaître. Une des ses mimiques m'entraîne dans un souvenir.
Il s'arrête de parler, il semble voir que je suis préoccupée.
Et soudain tout s'envole, j'étais si près du but. J'allais mettre le doigt dessus...
Je lui demande me raconter une énième histoire mais jamais plus je n'ai vu ce maigre crépitement dans ses traits qui m'a presque fait le reconnaître.
