Chapitre 1

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-Il te reste encore beaucoup de cartons à faire Avery ?

Assise sur le plancher de ma chambre en train de fermer mon septième carton, je lève la tête pour découvrir ma mère sur le pas de ma porte. Ses cheveux blonds sortent de son chignon à force de courir partout à l'intérieur de la maison et ses yeux bleus sont cernés. Elle ne dort plus depuis quelques jours, trop angoissée par notre déménagement.

-Il ne me reste plus que cette commode.

Je montre du menton la commode blanche à côté de mon lit avant de reporter mes yeux sur elle.

-Ok, tu penses avoir fini d'ici trente minutes ? Will ne va pas tarder.

-Je me dépêche.

-Merci chérie.

Je lui souris pour la rassurer, puis la regarde s'en aller. Je reporte mon attention sur le carton que je viens de boucler et souffle un bon coup. Je déteste les déménagements. Pas que j'en ai fait beaucoup, c'est seulement mon deuxième, mais c'est la fois qui confirme la règle. Je déteste ça.

Au moins, cette fois, ce n'est pas aussi dur que la première. Lors de mon premier déménagement, j'avais vécu seize ans dans la même maison. Après l'accident, j'ai passé six mois à l'hôpital et ma mère ne m'a jamais ramenée à la maison. Entre temps, elle avait déménagé toutes nos affaires à plusieurs kilomètres de là où j'avais grandi. Je n'avais même pas pu faire mes adieux à la maison, à ma vie parfaite avec mes deux parents. Je ne sais même pas si elle a ramené des affaires de mon père dans cette nouvelle maison. Je n'en ai jamais vu aucune.

Maintenant c'est à cause de Will que nous déménageons. Le nouveau copain de ma mère. Ça fait un an qu'ils sont ensemble et ont décidé d'emménager chez lui. Le bon côté, c'est que je me rapproche de ma ville de naissance, ce qui fait que lors de ma rentrée à la fac dans trois semaines, j'ai des chances de retrouver des anciens copains de classe. Le mauvais côté, c'est que je n'ai jamais apprécié Will et sa fausse compassion. Je sais qu'il aime ma mère, mais ses phrases du genre « je n'essayerai jamais de remplacer ton père » il peut se les mettre où je pense. Pour moi, chaque phrase qu'il m'adresse, chaque cadeau, c'est plus pour amadouer ma mère que moi.

Autre problème, ma mère essaye de "tomber" enceinte...

Je ne lui ai jamais dit ce que je pensais de sa relation. Je veux qu'elle soit heureuse, je sais combien elle a souffert de la perte de mon père et de mon hospitalisation qui traine toujours dans le temps. Mais il n'empêche que je n'en suis pas vraiment heureuse.

Je me lève du parquer et regarde autour de moi. Il ne reste plus que mes cartons, mon lit et ma commode blanche qui vont rester ici. Je m'avance devant cette dernière en me demandant bien ce que je vais trouver à l'intérieur. Je sais que plus petite, je rangeais tout et n'importe quoi. Je ne l'ai pas ouverte depuis quatre ans que nous sommes dans cette maison. J'ouvre le premier tiroir et trouve une tonne de magazines pour filles avec des stars de Disney Chanel sur les couvertures. Le second est rempli de dessins et de jouets en tous genres, notamment ceux gagnés dans les Happy Meal du McDonald. Le troisième et dernier tiroir quant à lui est beaucoup plus intéressant. Il renferme tous mes journaux intimes écrit jusqu'à avant l'accident.

J'adorais écrire ma vie dans les moindres détails. J'en prends un que je me rappelle avoir écrit vers mes onze ans. Il a plein de cœurs roses sur la couverture et j'avais collé une photo de Zac Efron. Ça me fait rire intérieurement avant même de l'ouvrir. Je tourne les pages remplies d'une écriture irrégulière et de dessins étranges, massivement des cœurs avec des ailes. Je lis la première ligne qui m'attire l'œil « Aujourd'hui, Lili m'a dit que j'avais un grand nez, du coup je lui ai dit qu'elle aussi avait un grand nez même si ce n'est pas vrai et on s'est disputées. La maitresse nous à invitées de nous demander pardon mais je n'ai pas voulu. Du coup la maitresse m'a donné des exercices de maths à faire en plus. Ce n'est pas juste. Je déteste Lili. » Je souris en me souvenant du visage de Lili. Une petite blonde aux yeux bleus. Elle était toute mignonne. Bien plus que moi. Mais j'arrête de sourire et regarde par la fenêtre lorsque j'entends la voiture de Will se garer dans notre cour. Je souffle puis me penche pour attraper tous mes carnets et les mettre dans un nouveau carton.

I FORGOT YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant