Identité Cachée

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Dans le chapitre précédent -

Alors que, notre héros sortait de cours un peu trop tard, retenu par une fille, il tomba sur l'occasion idéale de prouver sa valeur en sauvant une jeune dame en détresse dans un corridor sombre, victime d'une agression sexuelle. Il mit k.o sauvagement l'agresseur, le poignardant comme un cochon,mais lui laissa la vie sauve malgré les blessures graves. Ce dernier découvrit alors cette personnalité cachée, ce monstre assoiffé de sang qui someillait en lui.

Pourtant les actes de notre dit justicier ne tardèrent pas à faire du bruit au grand jour alors que ce dernier se faisait hospitaliser en urgence.

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J'avais les yeux ouverts, et pourtant je ne voyais rien. Non pas que j'étais aveugle, cela était plutôt dû aux multiples coups de poings que j'avais reçu sur ma face. Mes yeux ne furent pas épargner dans la foulée. Mon visage entier me démangeait de douleur et je sentais l'air pénétré dans mes plaies béantes. Mes autres sens étaient à l'affut par contre, comme mes oreilles par exemple, je pouvais entendre clairement ma mère criée encore et encore cette même phrase qui à la longue devenait carrément battologique : " Tèt sèkèy mwen an Jésus*" était devenu soudainement sa phrase fétiche. Je sentais les roues de ma civière glissée le long des céramiques lustrées du couloir, l'odeur désagréable de l'hôpital et des malades ou encore la main de mon grand frère serrée la mienne et cette même main réceptacle de ma perf de calmants qui faisait plutôt ses effets.

Je ne pouvais rester conscient, je m'endormais malgré moi, et tout les bruits, toutes les sensations disparurent petit à petit jusqu'à ce que le calme m'empare totalement. La scène de combat me revenait, cette ruelle, le noir, le sang, le tesson. Tout y était à l'exception de mon visage. Mon rêve s'était tourné en cauchemar où je me voyais face à un miroir, me mirant de la tête au pied et qu'à la place de mon visage se trouvait un trou noir que je tatonnais en me questionnant sur ma propre personne. L'effroi m'emparait et je sursautais de mon sommeil.
Mes yeux semblaient fonctionner maintenant. Un peu lent à s'adapter à la lumière du jour qui passait à travers les volets de ma chambre impeccablement rangée. Je pris quelques secondes à réaliser que mon visage entier était bandé à l'instar d'une momie ne réduisant pas pour autant la douleur qui semblait s'éveiller avec mon brusque reveil. Prenant appui sur les manches situés de part et d'autre de mon lit pour me redressé, je m'assayais, adossé contre mon oreiller, explorant des yeux les alentours.Je tombais alors sur mon frère qui lui me fixait, debout au pas de la porte, un air calme, il tenait d'une main une tasse contenant sans doute du café vu la douce embaume qui remplissait la pièce, et de l'autre un grand cartable jaune. Il me souriait, s'avançant vers mon lit.

- Bonjour petit frère!

- Marc! Où est maman ?

- Rentrée à la maison, elle était fatiguée. Je l'ai convaincu d'aller se reposer un peu, aidé du docteur. Ton état n'était pas si grave de toute façon.

Il tira bruyamment une chaise qu'il plaça à quelques centimètres de mon lit, posa son cartable violemment sur moi et prit la télécommande sur ma table de chevet puis alluma le téléviseur fixé dans un coin du plafond en face de mon lit. Je ne comprenais pas les actes de Marc. Mais après quelques années avec lui, je savais qu'il brûlait d'envie de savoir quelque chose. La télé diffusait le reportage de la jeune femme que j'avais sauvé la nuit dernière. J'ai reconnu son visage ou plutôt son timbre vocal. Elle était en train de parler de la scène de violence qui c'était déroulée devant ces yeux ce fameux soir, en employant des mots surfaits, défaut typique des Haitiens. Elle tremblotait encore... comme quand je l'ai sauvé. Mais à la fin de ses explications, elle rajouta, je cite : " Ce type m'a sauvé la vie, et je lui suis reconnaissante qui qu'il soit."
Ces mots m'avaient touchés juste avant que Marc clique sur le bouton off.

Rodeur De NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant