Chapitre 2: Les étoiles

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Une semaine que je suis la fille adoptive de l'héritière du trône d'Égypte et je commence déjà à regretter. « Tiens-toi droite », « Ne mange pas trop vite », « Ne sors pas », « Sois polie »... Pourquoi a-t-il fallu que je sois obligée de choisir entre la torture d'être princesse et la mort ? Après mure réflexion, je pense que la mort aurait été plus douce que ça, ou du moins, je n'aurais pas eu à souffrir aussi longtemps. Ce soir, je serai officiellement couronnée princesse d'Égypte et reconnue comme la fille de Cléopâtre. Titre honorifique dont rêve nombre de petites filles ! Si vous saviez...

Après plusieurs débats plus ou moins animés, j'ai fini par obtenir le nom de Shaï. Personne n'avait été d'accord avec mon choix, sous prétexte que c'était un nom de garçons et que c'était aussi le nom d'un dieu. Nechemya, Naïm, Neimya que des prénoms de garçon et ça n'a jamais dérangé personne. La discussion, si on peut l'appeler comme ça, c'est joué sur cinq noms : Cléopâtre (choisi par mère, évidemment), Inéferti (choisi par le scribe Khoun-Inpou), Maâtkarê (choisi par le prêtre d'Amon), Téti (choisi par celui qui va être mon précepteur) et Shaï. Malgré tous, je dois admettre que Téti n'était pas mal.

Le prêtre d'Amon avait demandé à ce que je me fasse raser comme les autres enfants égyptiens. Coiffure hideuse laissant découvrir le crâne d'une personne avec une longue tresse bouclée faisant plus penser à une queue-de-rat géante qu'a autre chose. J'ai dû participer au débat le plus animé que je n'ai jamais vu, fallait-il oui ou non couper ma crinière. Non ! Il fallut que la force même cédât à l'entêtement d'un enfant. Mère a fini par accepter de me laisser mes cheveux, ce qui a mis en colère le grand-prêtre qui prétend qu'elle m'accorde beaucoup trop de crédits.

Depuis ce jour bénit ou j'ai échappai à une tonte qui laisserait a jamais l'air caresser mon crâne chauve, le grand prêtre, Khoun-Inpou et mon précepteur sont toujours en train de marmonner quelque chose à chaque fois que je remporte un débat. Un jour, j'ai entendu Amenaâ me traiter de sale petite peste, mais je n'ai rien dit, parce que connaissant maman, oui oui, il faut moins d'une semaine pour connaître le caractère de la princesse, elle l'aurait vite fait pendre avant la fin de l'année. Et encore, je devrais dire la journée.

Pendant toute la semaine, je n'ai pas pu m'amuser et rentre visite à Amenohtep à cause des rituels à faire, la préparation du banquet de ce soir, les questions concernant mon éducation, et cetera, en gros, des trucs barbants. Aujourd'hui, j'ai quartier libre alors je vais rendre visite à Amenohtep. En arrivant devant sa maison, je toque à la porte qui s'ouvre sur la personne que je désirais voir. Il fait une révérence en disant :

« Bienvenue dans mon humble demeure majesté.

Je ris avant de lui demander de se relever et de ne plus jamais faire la révérence devant moi à part si nous sommes à une cérémonie officielle. Parce que oui, je n'en veux pas, mais je ne veux pas non plus me retrouver devant un juré de trois personnes plus à cheval sur les règles qu'un juge. Nous nous promenons, je n'ai pas le droit de jouer parce que je pourrais me blesser et que mère veut que je sois irréprochable lors de la cérémonie de ce soir, dans les jardins de la grande maison, dans laquelle j'habite avec ma mère, quand il me demande quelle sera mon titre complet.

- Princesse Shaï Téti Tryphène de haute et basse Égypte, dis-je tout en marchant.

Tryphène, prénom qui disparaîtra de la mémoire des gens dès que cette fichue cérémonie sera terminée. Oui, la demie portion se rebellera contre ce prénom à bannir des esprits !

- Shaï, n'est pas un prénom de garçon, me demande-t-il.

Téti aussi, mais apparemment je suis la seule à le voir...

- Tu ne vas pas t'y mettre aussi, dis-je indignée.

Amenohtep rit puis nous continuons de nous balader, bien que cette balade se soit finie en course à travers tout le jardin et que j'ai lamentablement perdu. Au bout d'un long moment durant lequel Amenohtep prend un malin plaisir à me rabaisser pour avoir perdu la course, une servante me demande de rentrer pour que je puisse me préparer. C'est partie pour une heure de préparation !

La Fille De CléopâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant