Chapitre 7

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   Lilou afficha un léger sourire devant Bastian qui venait de la saluer et elle balbutia quelque chose d'incompréhensible qui fit rire son interlocuteur. Il la regarda attentivement et finit par l'interroger sur les raisons de sa venue. Lilou fit grise mine. Elle baissa la tête et hésita à répondre. Elle le regarda ensuite, se demandant si Mei l'avait mis au courant. Bastian était appuyé dans l'encadrement de la porte, il se dégagea demandant à Lilou d'entrer. Elle le remercia toujours aussi confuse et se fit toute petite sur le sofa. Bastian s'assit en face d'elle et lui servit un verre d'eau, voyant qu'elle bouillonnait intérieurement de plus en plus fort. L'angoisse de rencontrer son amie la submergeait.

   - Bastian je viens pour...Mei les coupa. Faisant irruption dans la pièce elle venait de sortir de la douche, complètement nue et l'eau dégoulinant encore sur sa peau. Seule une serviette maintenait ses cheveux trempés par le rinçage de son shampoing. Elle regarda tour à tour son hôte et Lilou, certainement aussi gênée qu'eux. Bastian rit nerveusement. Il se leva, décrocha la serviette qui couvrait les cheveux de la jeune fille et l'enroula dedans, l'invitant par la suite à l'attendre dans sa chambre.

   Quand elle quitta la pièce, Lilou était bouche-bée. Elle le regarda avec intérêt et comme si elle attendait une explication. Lui, se contenta de hausser les épaules et de soupirer.

   - Elle déambule nue chez toi et ça ne te dérange pas ? Vous avez déjà...couchés ensemble ? Questionna Lilou.
   - N'inverses-tu pas les rôles ? Répondit-il calmement.
   Le pique que le jeune homme venait de lui lancer fit réagir Lilou qui rougit immédiatement. Elle soupira et la honte qu'elle ressentait se propagea dans la pièce.

   - Donc Mei t'en a parlé ?
   - Oui, moi je couche pas avec des filles qui sont dépendantes de moi. Pas comme cet autre...Ethan ?
   Elle ne rétorqua pas et préféra plutôt lui demander si elle pouvait parler à Mei. Il la pria de patienter et rejoignit la principale intéressée, là où il lui avait demandé de l'attendre. Il toqua à la porte et elle vint lui ouvrir, toujours dévêtue.

   -Ciel ! Habille toi Mei !

La jeune fille lâcha un rire faussement doux.
  
   -Si ma nudité empêche le dialogue entre Lilou et moi, je t'informe que je resterai nue jusqu'à la fin de la journée ! S'écria-t-elle en tentant de refermer la porte, stoppée par le bras du jeune homme.
Il vint s'asseoir sur son lit en invitant Mei à faire de même. Il la regardait le plus sérieusement du monde. Elle, ne le regardait que dans le blanc des yeux. Les larmes prêtent à la trahir, elle se jeta dans les bras de son ami qui l'étreint aussi fort qu'il le pu. Il la laissa là, allant chercher Lilou une fois qu'elle eut enfilé des sous-vêtements et un long pull.

   Quand Bastian revint avec Lilou, Mei était assise en tailleur sur le grand lit qui garnissait la chambre. Elle regarda son amie droit dans les yeux. Lilou fit de même. Mei se leva et vint se positionner juste devant elle. La tension était palpable et Bastian avait préféré s'effacer, laissant les jeunes femmes seule à seule.

   - Mei ? Es-tu amoureuse... ? Commença Lilou dans un soupir.

Mei haussa les épaules, retournant s'asseoir sur le lit. Elle lui fit signer de l'imiter, ce que Lilou n'hésita pas à faire. Les deux femmes discutèrent longuement et posément, en aucun cas elles ne haussèrent la voix, en aucun cas elles ne s'insultèrent et en aucun cas elles cherchèrent à s'enfoncer l'une l'autre. Pourtant, elles étaient toutes deux blessées par leurs comportements. Leurs liens amicaux, devenus familiaux avaient permis de prendre du recul plus rapidement que pour de simples amies. Elles se connaissaient et savaient précisément que l'une aurait agis de la même façon qu'à agit l'autre, dans la même situation. Et cela seul permettait le pardon. Elles discutèrent d'Ethan.
Pour Mei une chose était sûre elle devait l'oublier. Son idée fut confirmer quand elle se rendit compte des sentiments que Lilou avait à l'égare de son ancien amant. Lilou était amoureuse d'Ethan. Ethan était amoureux de Lilou, Mei le savait mais rien ne le laissait paraître et elle tut donc cette hypothèse à son amie. Préférant s'assurer avant d'avancer ses propos. Alors pour le bien de Lilou, elle se devait de couper tout contact avec Ethan, sachant que son aînée avait l'avantage sur elle, lui laisser champ libre était dans la logique des choses et Mei savait que ses sentiments s'estomperaient plus rapidement grâce à l'aide de Bastian, de Sarah.
Une fois tout remis à plat, Lilou embrassa Mei et la quitta permettant à Bastian de rejoindre. Seule, Mei s'étala de tout son être sur le lit semblable à une étoile de mer. Lui la scrutait toujours debout à deux mètres d'elle quand une idée lui traversa l'esprit. Il recula de quelques pas et prit de l'élan prêt à se jeter littéralement sur elle. Elle cria de toutes ses forces avant de lui éclater l'un des oreillers sur la tête. Bastian du haut de ses 28 ans, avait visiblement gardé une part de son âme d'enfant car le jeune homme eut du répondant en la chatouillant jusqu'à ce que mort s'en suive...ou presque !

   -Je...je t'en prie Ba-bastian ! Argh ! Allez arrête !

   - Seulement si tu ne m'abandonnes plus Mei...dit-il aussi bas que possible. Il se stoppa net laissant Mei perplexe qui jusque là avait rigolé à gorge déployée s'arrêta elle aussi brusquement. Voyant le malaise qu'il avait créé Bastian hocha la tête de droite à gauche pour faire comprendre à sa protégée que ces paroles n'avaient pas d'importance. Elle n'y prêta donc pas plus attention.
Une fois le combat d'oreillers terminé, la chambre eut plutôt l'apparence d'un champ de bataille que celle d'une chambre à proprement parlé. Mei s'assit en tailleur sur le lit affichant un grand sourire au milieu de cet énorme bazar et tira Bastian vers elle, le forçant à s'asseoir en face juste en face. Il colla sa tête contre celle de son amie leur permettant de plonger leurs yeux sombres les uns dans ceux de l'autre. Il l'embrassa furtivement sur le front ce qui ne fit pas se décoller l'énorme sourire que la jeunette arborait. Épuisés tant psychologiquement que physiquement le sommeil s'empara d'eux seulement une dizaine de minutes plus tard bien que tourmenté par leur récent échange, Bastian peina à trouver un sommeil profond, se répétant à chaque instant que « le moment n'était pas venu pour elle » et qu'il « lui délivrerait la vérité un jour ».

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