2026

Chapitre 9

Lilou et Auriane avaient raccompagné Sarah à son appartement en espérant y trouver Mei. L'inviter au dîner de ce soir était quelque chose de primordiale car Mei n'oserait jamais lever la voix dans un endroit aussi calme et surtout où la retenue était de mise. L'idée que Lilou avait savamment suggéré avait été retenue par tous : Dans ce cadre, les voix ne pouvaient pas s'élever et cela forçait au compromis. Ethan ne risquait pas de provoquer Mei et inversement. Quand elles arrivèrent chez Sarah, elle était déjà partie. Sarah sut de suite qu'elle s'était réfugiée chez Bastian. Elle avait souvent eut l'habitude d'aller la récupérer là-bas quelques années auparavant quand Mei était encore avec son ex petit-ami, de fâcheuses disputes lui ayant données envie de s'évader ailleurs, seule Sarah avait eut le pouvoir de la ramener à la raison.
Elle téléphona donc à Bastian qui décrocha dès la seconde sonnerie.

   - Allô Bastian ? Je sais que Mei est chez toi je ne vais pas t'embêter très longtemps, simplement que ce soir nous avons rendez-vous dans un très beau restaurant japonais et si tu pouvais la convaincre de nous rejoindre...tu viens aussi bien entendu ! Bref je t'envoie l'adresse par SMS tu veux bien ?
Bastian rigola en prenant connaissance du reste de la situation, que Mei n'avait tout bonnement pas exposé lorsqu'elle s'était invitée chez lui plusieurs heures auparavant en prétextant seulement avoir envie de lui rendre visite. Elle s'était ensuite enfermée dans la chambre de son ami. Il acquiesça simplement et lui donna rendez-vous plus tard dans la soirée, à 20h au restaurant.
Une fois le téléphone raccroché, il se dirigea vers sa chambre et toqua doucement, pénétrant sans réellement attendre une réponse. Mei était allongée à la façon d'une étoile de mer sur l'immense lit qui ne lui appartenait pas. Bastian la rejoignit s'asseyant contre la tête de lit et caressant ses cheveux.
  
   - Tu sais Mei...Il toussota. Sarah m'a téléphoné.
   - Ah ? Et donc ?
   - Et donc on la rejoint au restaurant ce soir. Tu vas aimé c'est un japonais traditionnel...Il finit sa phrase tout en baissant la voix attirant l'attention de son amie qui se redressa en face de lui.
   - Y'aura qui ? S'enquit-elle.
   - Eh bien, elle et quelques unes de vos amies apparemment.
   - Lilou et Auriane ? Elles sont gentilles tu verras ! Elle sourit.
   - Et Ethan, Mei. En prononçant ce nom, Bastian quitta le lit préférant observer le monde qui se mouvait sous sa fenêtre à la recherche d'un air moins étouffant.

Mei soupira en haussant les épaules. Elle n'avait finalement pas d'autre choix.

A 20h précises, Bastian et Mei se retrouvèrent dans le parc de la petite auberge impatients de retrouver le reste du groupe. Quinze minutes plus tard Sarah, Auriane, Lilou et Ethan les rejoignirent. Ethan étudia Bastian de haut en bas en plissant légèrement les yeux. Ils entrèrent dans le restaurant accueillis par une charmante femme asiatique aux cheveux grisonnant et vêtue d'un magnifique kimono vert. Elle était très peu maquillée, seul un fin coup de mascara et un léger lip tint se devinaient sur sa peau. Ses cheveux poivre et sel, étaient tirés en arrière, ramenés en un chignon maîtrisé à la perfection et comme s'il était exécuté depuis des décennies aucun cheveux ne dépassait. Elle respirait la douceur et la plénitude, un état de calme absolu. Son respect pour les traditions de son pays se traduisaient par son aura surpuissant. Une femme douce, belle et charnelle lorsque la peau blanche de son cou se dévoilait furtivement, cela suffisant amplement à lui donner un taux de sensualité hallucinant et tout le monde en était parfaitement conscient.
Une fois dans leur boxe, chacun s'installa autour de la table. Auriane et Sarah s'assirent en bout du kotatsu, alors que Lilou et Ethan prirent place en face de Mei et Bastian. Après de longues minutes dans un silence quasi total, Bastian lança les hostilités. Il prit une grande inspiration.

   - Je sors avec Mei, dit-il le plus calmement du monde, faisant oublier à Mei de respirer elle aussi car la surprise fut générale et les mâchoires ne tardèrent pas à joncher le sol. Sauf pour Ethan qui ne bougea pas d'un pouce.
   - C'est bien pour vous, déclara-t-il regardant alternativement Mei et son interlocuteur.

Bastian fronça les sourcils.

   - Tu n'es pas jaloux ?
   - Pourquoi le serais-je ? J'ai déjà dit qu'il n'y avait rien entre Mei et moi. C'est chacun sa vie. Aucune émotion, aucune compassion ne se dégagea de sa voix.
   - Alors pourquoi ça te dérangeait qu'elle voit d'autres hommes lorsqu'elle était avec toi ? Tu n'as rien empêché, je la voyais quand j'avais envie de la voir, ce n'était pas toi que je ne connaissais pas qui allais me dicter quoique ce soit.

Ethan plissa les yeux de nouveau, il inspira fortement cherchant à maîtriser la colère qui montait au fur et à mesure des tacles que Bastian lui attribuait.

   - Ce n'est plus le cas maintenant. Quoi d'autre ? Arrête avec tes questions.
   - Quoi ? Mes questions te dérangent ?
   - Absolument pas.
   - Alors pourquoi tu les évites ? Elles te dérangent.
   - Elles ne me dérangent pas.
   - Pourquoi tu les évites ?
   - Pourquoi pas ?
   - Évidemment, « pourquoi pas ? » c'est une réponse de lâche ça.
   - Évidemment.

La passivité et la nonchalance d'Ethan firent craquer Bastian.

   - Sale petit con va.

Ce fut la provocation de trop. Ethan laissa s'échapper un ricanement, laissant Bastian perplexe.

   - Tu sais quoi Bastian ? Je voulais te dire, ta meuf je voulais juste la baiser rien d'autre, juste la baiser. Et savoir que je nuisais à votre relation parce que j'en avais rien à foutre de ce qu'elle est ailleurs qu'au lit. J'en ai rien à foutre, il sourit malicieusement après avoir prononcé ces mots de la manière la plus crue possible.

Bastian se leva et attrapa son concurrent par le col une rage infinie nichée au fin fond de son regard, l'envie de l'écraser calcinait littéralement sa rétine le rendant nerveux et incontrôlable.

   - J'te jure mon pote je vais te buter...y'aura ce jour où je vais te buter ! Et il leva sa main fin prêt à le frapper de toutes ses forces. Mais une infime force le retint.

   - ARRETE ! Ça suffit Bastian ! Arrête...

Mei l'agrippa par la taille en sanglotant. Il relâcha faiblement Ethan pour se concentrer sur sa protéger. Il soupira. Mei s'acharnait à protéger la seule personne qui lui pourrissait promptement la vie et cela le désolait. Il la prit simplement par la main et l'enlaça aussi fort qu'il le put jusqu'à qu'elle s'endorme là, vingt minutes après, dans ses bras et devant tout ce petit monde au beau milieu de ce restaurant. Il avait menti sur la nature de leur relation et il le savait. Il savait aussi qu'il avait peiné Mei en racontant ces mensonges, cherchant seulement à provoquer bêtement Ethan. Il avait créé une situation compromettante pour Mei car, il venait faussement d'avouer qu'elle n'avait pas respecté l'accord qu'elle avait passé avec Ethan plus tôt: Ne fréquenter aucun autre homme que lui durant leur relation. Il renforça en cela la « haine » qui s'était installée entre ces deux individus. Il garda Mei sur ses genoux le reste du repas.
Un silence oppressant s'imposa après que Bastian ait couvert Mei de sa veste pour la laisser dormir tranquillement, certainement épuisée par ce flot d'émotions, au même titre que Lilou qui ne releva pas la tête de la soirée après l'aveu de son nouveau compagnon. Sarah eut l'air excédée car elle proposa de mettre un terme à cette rencontre.

   - Bon les gars, je propose qu'on rentre chacun chez nous et qu'on laisse le temps faire les choses...c'est facile pour personne mais..., Elle regarda Bastian, mais le but de notre groupe n'est pas d'emmerder les autres..., Elle regarda Ethan, alors celui qui ne peut pas respecter ça peut se barrer. Voilà je pense que c'est tout pour ce soir ? Je suis désolée mais je vous laisse hein.
Elle alla vers Mei et la réveilla en douceur prête à partir. Les deux amies saluèrent le reste du groupe et s'en allèrent, laissant les autres qui ne tardèrent pas à les imiter. Sarah s'avoua que la soirée avait été maussade et décevante, rien avait été arrangé car plutôt, tout avait été aggravé.