Chapitre 1

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          À quoi bon faire des cauchemars, quand la réalité en est un ? À quoi bon s'inventer des monstres quand de simple mots pouvaient être assassins ? À quoi bon me torturer l'esprit alors que le monde qui m'entourait le faisait déjà ...? Et ça a encore été le cas aujourd'hui.... et toute la semaine.... tous les jours depuis que j'ai changé.... les rires, les critiques, les gloussements.... les doigts pointés vers moi... mais qu'est-ce que j'avais ? De l'acné ? Du ventre ? Des habits démodés ? Une envie de me cacher sous la table à chaque fois que je sentais le regard de quelqu'un sur moi ?.... ouais... j'avais sûrement tout ça... Pourquoi devrais-je endurer quelque chose que je n'ai pas voulu ? Pourquoi devrais-je accepter un corps qu'on m'a imposée ?!

Je montai dans le bus et m'assis devant... là où personne n'allait jamais... d'habitude je mettais mon casque... mais je l'avais oublié... alors j'ai commencé à lire le livre que j'avais emprunté ; il était vraiment pas terrible... encore une énième version de La Belle et la Bête... mais pourquoi dans tous ces trucs, c'est toujours la femme qui est canon et doit accepter le type pour ce qu'il a au fond de lui ? Ça pourrait pas être l'inverse pour une fois ? Pourquoi dire aux garçons que c'est pas grave d'être laid, alors que les seuls traits qu'on les filles dans ses histoires sont superficiel et ne s'étende qu'au physique et à des activités de loisir qui ne servirons décidément à rien ?! Est-ce que l'acceptation et la beauté intérieure ne sont que des choses auxquelles les hommes ne sont pas tenus de croire ou même d'appliquer ?

Je débattais souvent du sujet, mais je n'avais jamais réussi à en parler à quelqu'un... parce qu'il me riraient au nez. Parce qu'ils me diraient que c'est une excuse de 'moche'... ils avaient peut-être raison...

Après un moment, je descendis du bus et me dirigeai vers la maison où j'allais baby-sitter le petit Jules... un petit ange. Les parents s'étaient réservés une petite soirée en amoureux... mais bon, moi j'avais mon petit rayon de soleil... je n'ai jamais eu de frère et sœur... personne à défendre ou a cajoler... personne pour qui je devais rester forte et me battre... mais bon, au moins j'aidais le petit pour ses devoirs...

Il entamait sa dernière année de primaire... et il en était ravi. Il m'a tout racontée, des habits de sa nouvelle maîtresse, jusqu'aux nombre de craies dans le bac du tableau.... avec une telle mémoire, il pourrais servir de base de données. Je lui ai préparé à manger vers sept heures, puis j'ai lancé un film... et il se pourrait qu'il soit interdit aux moins de douze ans.... je ne saurais dire, le chiffre est presque effacé~...

au même moment

'Quel ennui depuis ma défaite... et toutes ses petites lumières qui passent leur temps à briller... leurs enfants, leurs batteries sans fils... les enfant... ils gloussent, ils piaillent ils salissent tout ! ...mais c'est tellement plus amusant quand ils hurlent et pleurent de peur !' pensais-je en faisant le tour de mon globe. Je n'avais pas quitté les souterrains depuis plus de deux ans maintenant... à quoi bon ? Au moindre carré de peau à la surface, les gardiens me seraient tomber dessus en moins de deux et hop ! Retour dans mon trou... Je n'avais pas non plus intérêt à faire avoir des cauchemars aux enfants... là, pour le coup, ils seraient carrément venu me débusquer comme un lapin.... de Pâque.... à être seul trop longtemps, l'humour en prend un coup...

Comme je n'avais pas grand chose à faire, je refis le tour des lieux ; les galeries, la grande salle, je suis allé vérifier si les cages étaient bien accrochées, puis j'ai recollé des pièces de la vielle mosaïque que je détestais... un 'cadeau' de l'homme de la lune... ma 'naissance'... mon exile oui ! Plus tard, je suis allé encore plus loin dans mon repère ; ma cave à cauchemars. Tous mis en bouteilles depuis mon arrivée sur cette terre, étiquetés, rangés et classés par famille, sexe, tranche d'âge.... 'Autant vérifier tout ça.... puisque j'ai du temps à perdre...' me dis-je en prenant ma liste. Tout me semblait en ordre... j'avais déjà fais plusieurs rangées quand quelque chose m'est passé entre les jambes. Surpris, je suis parti en arrière et me rattrapai sur une étagère. Malheureusement, le bois céda et les bouteilles de la rangée se mirent à rouler vers le sol ; je les stoppai à temps et, utilisant mon sable pour maintenir le tout le temps de chercher de nouveaux clous, je donnais un coup de pied dans le cauchemars qui m'avait fait trébucher.

Une fois la bêtise réparée, je vérifiai l'emplacement des bouteilles et, après avoir soufflé dessus, je vis que la petite y/n n'avait pas été marquée comme adolescente... c'était déjà un exploit de m'être souvenu de son nom.... je n'avais jamais eu affaire à un tel générateur d'ennui... du moins pendant son enfance... elle au moins elle regardait sous son lit avant de monter... elle m'avait aussi dit bonne nuit plusieurs fois.... mais ses cauchemars étaient d'une monotonie... ! Et toujours la même chose ! Cette enfant n'avait vraiment aucune imagination.... et pile au moment où les films d'horreur l'avaient un peu débridée.... elle avait quitté l'enfance. 'Je me demande comment ce cru a tourné ?' me demandai-je en tournant la bouteille entre mes mains.... 'Après tout, les gardiens n'en sauraient rien... ils ne s'occupent que des enfants... une adolescente ne figurera pas sur le globe du barbu bedonnant... Allez zou !' me dis-je en prenant la bouteille avec moi.

Je la posait sur ma vieille table de pierre, allai me chercher un ballon de vin et après l'avoir déposé à côté, j'utilisai mon sable comme tire bouchon. Une fois chose faite, je me versai un doigt du liquide noir et brillant, puis le fis tourner dans le verre. 'Quel arôme de peur....' pensais-je en passant mon nez au dessus. J'y trempais mes lèvres... 'un cru de quinze ans d'âge, plutôt rond en bouche et vif sur le palet... un bon cru.... elle avait bien vieilli...' pensais-je en passant ma langue sur mes lèvres. Je ne savais pas exactement où elle se trouvait, ni ce qu'elle faisait, mais je n'avais pas vraiment envie d'attendre. Je portai le verre à mes lèvres et en pris une bonne gorgée... son cauchemar allait commencer...

au même moment

Je ne savais pas pourquoi, mais au moment même où, après avoir envoyé Jules au lit, je finissais la vaisselle, j'eus un véritable 'coup de barre'. J'ai a peine eu le temps d'aller jusqu'au canapé, que je m'effondrai dessus, mes yeux de plus en plus lourds et ma respiration se forçait de ralentir... je n'avais jamais vécu cela... et, après un certain moment dans le noir le plus complet, j'entendis quelque chose caser, comme une brindille et mes yeux s'ouvrirent d'un coup.

Je ne voyais pas grand chose, mais au bout d'un certain temps, je parvins à remarquer des racines tordues et couvertes de lichen tout autour de moi. Lentement, je me redressai sur un coude et regardai à l'extérieur via l'enchevêtrement lâche des racines ; une forêt sombre, des arbres couleur de jais partout, des fourrés... mais où est-ce que j'avais atterri ?

Pitch Black (vs) lectriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant