Chapitre 3

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 Oh que j'avais regretté ma témérité ; le tunnel que j'avais emprunté descendait presque à quatre-vingt degrés... la vitesse était phénoménale et les pierres irrégulières. À chaque dénivelé, que ce soit mon derrière ou mon dos, aucun des deux ne s'en étaient sortis indemnes. Soudain, alors que le passage se faisait plus étroit et, piquée et écorchée de toutes parts par les ronces et autres branches qui bloquaient le passage, je m'écrasai bientôt contre un tronc que je n'avais pas réussi à éviter. Mes nombreuses coupures me brûlaient et le sang qui s'en échappait m'affaiblissait au point de me faire voir trouble. Même si rien n'avait craqué, je vérifié tout de même si tout fonctionnait bien.... Une fois chose faite, je tâchais de passer à travers le mur de végétation. Mes mains étaient en sang force d'écarter les tiges hérissées, mais je ne pouvais plus reculer maintenant... pas après une telle descente... et de toute façon, où serais-je allée ?

Après une pénible traversé, je me retrouvai devant un gigantesque lac souterrain. Étrangement, la voûte était constellée de centaines de milliers de petit cristaux rouges qui brillaient sur la pierre sombre et humide. Contre toute attente, cette ambiance qui aurait tout aussi bien pue être effrayante me paraissait tout à fait charmante. Mais ce n'était pas tout de regarder le paysage, il me fallait trouver un moyen de sortir d'ici.

À ce moment, j'entendis quelque chose glisser ou ramper derrière moi et me retournai immédiatement. Je reculai d'un pas, et failli tomber dans le lac. Je recouvrai mon équilibre et regardai à nouveau derrière moi. Soudain, une chose se précipita vers moi en un assourdissant bruit d'ailes. Je n'eus pas le temps de me baisser et tomber en arrière une fois pour toute. Je n'avais pas pied et, remontant pour respirer, je vis que mon assaillant était la chouette de tout à l'heure. J'avais toujours préféré les volatiles dans mon assiette, et celui-là ne coupait certainement pas à la règle ! 'Oh toi, si je te chope, ce sera KFC au menu !' grognai-je en nageant vers l'îlot central. Je me hissai hors de l'eau en escaladant les nombreux blocs qui jonchaient le sol.

Je n'avais jamais rien vu de tel ; derrière les ruines apparentes et décrépies, un véritable jardin avait poussé. Des arbres rougeoyants à perte de vue... même la lierre avait pris cette couleur pourpre et orangée... Perdue dans cette vision féerique, je fus ramené au présent par une énième lacération de mon cuir chevelu par ce piaf de malheur. Exaspérée par cet animal stupide, je descendis des blocs et me retrouvai à présent à marcher sur un tapis de feuilles dont les crépitements résonnaient à chacun de mes pas. D'abord remontée contre l'importun, je finis par me laisser emporter par la beauté des lieux ; les couleurs chaudes, les lumières des flambeaux que je venais de remarquer, les insectes qui tournaient autour... et maintenant la légère brume qui descendait sur le sol... été-t-ais-je enfin sortie de ce cauchemar ?

Un sourire aux lèvres, je m'approchai une statue partiellement couverte de lierre rouge et, soulevant la végétation, je découvris la statue d'un véritable Apollon... grand, musclé, imberbe et les traits fins... jamais la force et l'élégance ne s'étaient aussi parfaitement accordées. Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule ; je me raidis. Puis une deuxième s'ajouta de l'autre côté... je ne savais pas quoi faire... à vrai dire, je ne savais même pas quoi penser... est-ce que je voulais partir ? Est-ce que je préférerai rester ?

Les deux mains descendirent de concert le long de mes bras et je frémis ; avais-je peur ? Froid ? Ou peut-être... mais pensées furent totalement évincées lorsque l'une de ses mains se posa sur ma hanche, traçant des cercles concentrique du bout de ses doigts. La sensation était étrange mais je ne pus empêcher mes yeux de se fermer, ni même empêcher mes jambes de trembler. Je tenais à peine debout, mon esprit à la limite de l'abandon... mais pourquoi Diable ressentais-je de telles sensations... comment de si petites actions pouvaient-elles provoquer un tel déchaînement d'informations contradictoires ?! J'avais peur mais je ne voulais pas partir... ma tête me hurlais de déguerpir, mais mes jambes restaient de marbre.... et pendant ce temps, ses mains continuaient leur chemin... traçant, caressant.... mais soudain, je sentis quelque chose de glacé et rêche sur ma peau... comme... des écailles ? À cet instant, j'ouvris les yeux et vis une chose enserrer ma taille... mais ce n'était pas un bras.... froid et sec, la chose qui m'entourait était ornée d'une mosaïque d'écailles allant du bordeaux au vermillon, ainsi que d'autres blanches. Alors que j'essayai de donner du sens à tout ce que je voyais, je sentis quelque chose d'encore plus glacé vibrer contre mon cou dans un bruit semblable à un serpent humant l'air.

Tic, tac y/n... tic, tac~ combien de temps encore avant qu'il n'attaque ?

Laissant parler mon instinct de survie, je tournais immédiatement la tête et mordis la chose qui chatouillait mon cou. La chose fus tranchée par mes dents et, dans un cris affreux, la chose me lança dans les airs. Heureusement pour moi, l'impact fus stoppé par le lierre qui se trouvait là... ou du moins, le pensais-je.

En effet, alors que je regardai mon bras pour voir s'il n'avait rien, je me rendis compte que j'avais atterri sur des cadavres aux cages thoraciques broyées et, à en jugé par les somptueuses robes en lambeaux qui les recouvraient en partie, j'en déduisis que d'autres avaient eu moins de chance que moi. À ce moment, j'entendis le même bruit qu'à ma sortie du tunnel. Me relevant rapidement, je tentais de scanner les lieux du mieux que je pouvais. Tous les arbres couverts de feuilles rouges étaient maintenant devenu des amas de bois sombre et terne d'où pendaient des corps et autres 'décorations' morbides qui me firent frémir d'horreur. Mais je n'avais pas le temps de faire une critique de design, je me cachai derrière un pilier et tâchai de garder ma respiration la plus silencieuse possible... 'ça ne servirais à rien.... si cette chose est un véritable serpent, alors la simple chaleur de mon corps le guidera à moi....' pensai-je en jetant des coups d'œil aux alentours. Mais comment avais-je pus me faire berner ? Une telle illusion... comment ? À ce moment, une odeur ignoble me parvint et, en regardant mon bras écorché, je compris que le lac dans lequel j'étais tombé en était la cause ; ces pierres rouges devaient rendre cette eau hallucinogène... et le fait d'être tombée dedans avec des plaies ouvertes, n'avait fait qu'augmenter les chances de céder au effets du produit...

C'était bien joli de savoir ça, mais ça ne réglait toujours pas mon problème de reptile.... IL me fallait quelque chose... n'importe quoi ! Ça ne pouvait quand même pas être si dur de battre une telle monstruosité....si ?

Perdue dans mes pensées, et bien trop préoccupée pour m'en rendre compte avant, je sentis des gouttes tomber sur mon front et, ne prenant même pas le temps de lever la tête, je m'élançai en une roulade le plus loin possible du serpent et couru me cacher immédiatement. 'Bon, réfléchissons ; les serpent ont une mauvaise vue, sentent les vibrations dans l'air, et peuvent traquer grâce à la chaleur corporelle ou bien à l'odeur....' pensai-je. Il me fallait trouver un moyen de neutraliser au moins un de ces sens.

Mhhh mais c'est que ça commence à devenir intéressant... !

Mais maintenant que j'y repensais, j'avais déjà coupé sa langue... j'avais sentis la chair céder sous ma morsure. Le seul moyen de me débarrasser rapidement de ce truc était de porter un coup direct à sa tête. Soudain, je vis une queue rouge glisser derrière les blocs qui me faisaient face ; il me fallait quelque chose et vite ! Vite ! Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit, une gigantesque gueule se jeta sur moi ; ma jambe était prise. Le serpent me secouait de droite à gauche, de haut en bas et tentait tant bien que mal de prendre ma deuxième jambe dans sa gueule mais je tenait bon. Heureusement pour moi, la chose n'avait pas de crochet, mais le fait d'être secouée et frappée contre tous les murs et autres commençait à m'affaiblir grandement et, me projetant contre un pilier, j'attrapai une broche funéraire et au moment où la chose me remonta, je lui plantai la pointe dans l'œil. Il hurla de douleur et, croyant qu'il allait me lâcher, je relâchai ma vigilance.

Ah ah ah~ grossière erreur jeune fille~

La chose m'avala entière et, passant dans son gosier, je sentis l'odeur fétide des anciens corps en décomposition. Compressée à l'intérieur de ses anneaux, j'entendis plusieurs fois des os se briser... mais ce n'étaient pas les miens... En effet, au bout d'un moment, je rencontrai des ossements et, me sembla-t-il, une barre de métal. Je n'avais quasiment pas de place pour bouger et je n'osais même pas ouvrir les yeux alors, attrapant cette barre à deux mains, je la rapprochai de moi et la plantai du mieux que je pus dans la paroi interne du reptile. Comme je l'entendais hurler, je tirai un grand coup sur la barre et agrandis la blessure ; mes poumons me brûlaient déjà, je devais sortir... le sang se répandait trop vite à l'intérieur ! Je tirai encore une fois de toutes mes forces et, avec a pression du sang, je fus expulsée du serpent et, couchée sur le ventre, j'assistai à l'agonie de la créature qui m'avait pourchassée.

Ça c'est ce que j'appelle une percée~ je sens que je vais bien m'amuser cette nuit

Secouant sa tête en cercle, il s'écrasa finalement sur le sol et un bloc fragilisé termina le travail. Poussant un soupir de soulagement, j'essuyai le sang de mon visage.

Comment avais-je pus verser tant de sang ? Moi qui n'avais jamais même levé la main sur une mouche ? Mon instinct m'avait-il remplacée ?

Pitch Black (vs) lectriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant