D'un regard insipide, j'observais la laideur de ma chambre. Une odeur fétide se répandait dans la pièce. Les murs nacres vieillis par les années devenaient chaque jours un peu plus jaunâtres, sur chaque coin y était décoré des tas de moisissures. Hormis le silence pesant qui s'installait dans la pièce, des bruits continu se faisaient entendre ,des voix résonnaient de plus en plus fort en prononçant quelques mots futiles et d'autres incohérents.
Avançant vers le miroir, de longs cheveux marrons broussailleux cachaient mon visage, on ne pouvait qu'entrevoir derrière cette grosse chevelure, mes yeux globuleux et mon large sourire sadique qui commençait à se dessiner sur mon visage.
Restant assise sur la chaise de la cuisine, je fixais péniblement la table d'un air interlocuteur en creusant le fond de ma pensée. Ne sachant quoi penser, des idées d'assassinats fusaient dans ma tête de quoi occuper mon esprit quelques minutes. Ce secret qui me dévorait quotidiennement avait besoin d'être dévoilé au grand jour.
Inopinément, je sortis brusquement de ma maison, prise d'une soudaine envie de redécouvrir le grand air. D'innombrables personnes défilaient tout autour de moi. Toutes autant pressées les unes que les autres, cachant leurs sentiments comme de vulgaires robots, se déguisant avec de multiples masques. Une conspiration qui nous touche tous, des personnes dissimulées dans l'ombre tenant les ficelles de ce monde ingrat. Je parle des personnes qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas mais que leur existence existe belle et bien. Des voitures projetaient à longueur de journée de grands brouillards qui ne faisait que périr un peu plus ce monde à sa perte. Commençant à marcher, je contemplais la finesse des maisons de part en part en essayant de découvrir la moindre faille. J'analysais un enfant au visage émerveillé qui se balançait sur sa balançoire et en une fraction de seconde qui changea instinctivement d'émotion quand celui-ci tomba. Quelques minutes s'écoulèrent quand je vis que je ne reconnaissais plus les environs.
Devant moi, une forêt s'étendait à perte de vue. Pénétrant dans cette interminable forêt, tout autour de moi étaient dressés des arbres comme des piliers de cathédrale où l'écorce se défrichait peu a peu. Des milliers d'oiseaux me berçaient de leurs mélodie ou je pouvais constater que chaque hymne chanté me remplissait d'émotions . Derrière ce chant mélodieux, on pouvait discerner de légers bruits de crissements de cigales étouffées. Des cloportes et d'autres espèces vivaient ça et là en se tapissant de feuilles mortes.
A l'horizon, je pouvais entrevoir un endroit où les arbres étaient moins rapprochés, où la lumière était plus flagrante et où je me sentais encore plus en sécurité. J'avançais, le pas lent, quand soudain ce fut comme une apparition, elle était assise, au beau milieu d'un banc, toute seule ou bien je n'apercevais personne aux alentours. Il était brun au yeux noir où se mélangeait obscurité et sagesse et était suffisamment concentré pour ne pas me remarquer. Une envie et un désir de le posséder m'envahissait dans une curiosité douloureuse qui n'avait plus de limites.
Je vis qu'il m'avait enfin remarqué et sans me contrôler je m'assis près de lui. En l'observant grandement, je pus apercevoir que derrière ce visage où s'enivrait le bonheur, derrière cette beauté que j'admirais tant, je fus consternée de voir que chacun de ses mouvements devenaient chaque seconde un peu plus faux les un que les autres. Il me paraissait comme une coquille vide qu'on remettait à la mer, sans avenir, sans atout pour devenir quelqu'un où bien même quelque chose. Il voulait me projeter une illusion qu'il aimerait tant être mais malgré ça je ne cessais de l'admirer.
En repensant à ce qui venait de se passer, cette seule seconde venaient de changer mes idées, je repensais à mon père qui me faisait peut-être une supercherie en écroulant encore mes seuls instant de bonheur. Mais en y réfléchissant comment aurait-il pu dénicher une si belle perle rare dans tout ces débris qu'est la vie ?
Mon regard était complètement hypnotisé à la vue de ce malheureux. Mon œil ne cessait de décrypter chacun des détails qui l'analysait. La panique m'envahissait aussitôt. Je pouvais représenter sa posture et l'image qu'il faisait paraître de lui où même de décrire l'infime détail des boutons de sa chemise mais en creusant plus profondément dans cette carcasse je ne pouvais apercevoir aucune forme d'émotion, je n'arrivais pas à retranscrire ce qui émanait de cet être humain ce qui me plongeait dans une spirale sans fin.
La nuit commençait à tomber quand j'eus l'idée de retourner chez moi pour mener mon plan a exécution. Continuant à marcher, je me retournais une dernière fois quand soudain, quelque chose attira mon attention. Pour la première fois, une lueur d'espoir dans les yeux de cet homme que j'avais prédit perdu. On aurait dit un bébé qui venait d'avoir son tout premier vrai sentiment. Les oiseaux avaient cessé de chanter et avaient laisser place à une atmosphère attachante.
''-Je t'attendais ici a la même heure " Me dit il d'une voix monocorde.
Quand il eut fini de prononcer ces dernières paroles, il replongea dans le néant comme si tout espoir avait été vaincu. D'un sourire narquois, je le quittais avec la certitude que je le reverrais bientôt.
Arrivant devant ma maison, je l'observais de fond en comble en essayant de déchiffrer la moindre faille qui ferait avancer mon plan. Plusieurs minutes passèrent quand je remarqua enfin que près de la fenêtre était soigneusement posées des bouteilles d'eau. Ma mère les mettait chaque jour pour éloigner les chats ainsi, si on les remplaçait l'eau par de l'huile ceci donnerait office de lentille.
Ce n'est que onze minutes plus tard que j'apercevais la première flamme: elle se décuplait progressivement en augmentant considérablement de taille. Les flammes viraient au jaunâtre avec une faible lueur rougeâtre. Je pus distingué à présent, une énorme fumée noire qui enveloppait la maison. Commençant à marcher dans l'allée frêle, derrière moi je pouvais distinguer des ruines qui remplaçaient ma maison. D'une main tiède, j'attrapa mon téléphone et je saisis un numéro. Je pris quelques secondes pour me mettre dans la peau du personnage. J'avais analysé l'émotion du garçon et observais des personnes geindre sur mon téléphone,la respiration lente, la peau tiède. J'attendais...
L'attente était longue. Il avait sûrement un problème plus urgent à régler puis soudainement la personne décrocha.
''-Aidez moi, venez vite, il va me tuer!" égosillais-je d'un sourire narquois.
Je raccrocha aussitôt et pris le couteau qui était dans ma poche. D'un mouvement brusque, j'enfonça la lame peu profondément dans ma chair pour faire croire à une attaque. D'une voix ironique, je prononçais :
''-Ma vie vient maintenant de commencer. Je viens d'éclore. Je suis la descendante d'un démon... et la vie de mon père s'achève ici."
Tout en finissant ces mots, je m'écroula dans la rue, un sourire au coin des lèvres.

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Last Hope
TerrorJe m'appelle Perle , j'ai 19 ans. Je vous conte des faits qui sont malheureusement mon histoire autant tragique que burlesque. Recueillie par une famille adoptive, mon entourage drôle et modèle n'était qu'illusion et facette comme magicien ensorcela...