Pardon pour l'immense retard très chers! J'espère que ce chapitre vous plaira. Merci de laisser des commentaires pour que je puisse mieux vous satisfaire! Pleins de bisous, mille excuses et bonne lecture!
Annaëlle
C'est d'un pas joyeux que je me dirige vers Le Bambou, mon restaurant préféré. Je dois déjeuner aujourd'hui avec Jo car d'après ce que j'ai compris du message qu'il m'a envoyé cet après-midi nous fêtons ses 1 mois à son nouveau poste ainsi que l'avancée de son tout nouveau projet en commun avec M. Clarks.
Greyson... Ça fait des semaines que je ne l'ai pas vu. Après l'incident du bureau, j'ai décidé de ne plus croiser son chemin pour ma santé mentale. Certes je sais qu'il n'est pas marié - Dieu soit loué - mais n'empêche que s'il porte toujours sa bague après plus de deux ans, c'est qu'il doit être encore mordu de sa fiancée. Je crois que c'est ça qui a définitivement jeté un seau d'eau sur mon brasier intime. Il n'est pas avec quelqu'un mais c'est tout comme. Je ne veux pas être la salope qui ne respecte pas son deuil alors je ne ferai rien. Même s'il me faut un effort surhumain pour ne plus penser à cet Appolon, mon petit Ly à moi, je me fais quotidiennement violence. Je ne demande pas de ses nouvelles à Jorel et je fais tout - absolument tous les efforts possibles - pour ne pas arrêter de respirer normalement quand Jo parle de lui. La plupart du temps j'y arrive, je dis bien la plupart...
Je soupire en me redonnant du courage. Je finirai bien par arrêter d'être obsédée par cet homme, ce n'est qu'une question de temps. D'habitude il me suffit de m'intéresser simplement à un autre homme pour une séance de sport en chambre - de "golf" comme Jo et moi on l'appelle - pour passer à autre chose, mais depuis Greyson, la simple idée qu'un autre puisse poser ses mains où il les a posées, souiller de ses lèvres l'empreinte que mon petit miracle a laissée sur les miennes... J'en ai la nausée. Et ce regard... Avant que je ne monte dans l'ascenseur ce jour-là, son regard a bien failli me faire jouir debout. Purée! Personne ne m'avait jamais exprimé autant de désir juste avec ses yeux. J'ai même dû faire un arrêt au peepeeroom pour faire un brin de toilette tellement j'étais mouillée. Qui te regardera encore comme ça hein?
Je fais taire ma diablesse intérieure à coup de scotch sur la bouche et je pousse la lourde porte du restaurant. Faut dire que c'est pas évident avec mes Louboutins couleur pêche mais le portier vient rapidement à ma rescousse. Je le remercie d'un sourire chaleureux et je me dirige vers ma table préférée - celle près de la fenêtre bien-sûr - d'une démarche assurée. Quelques têtes masculines et féminines se retournent à mon passage, j'intercepte même quelques regards soit envieux, soit désireux, soit mauvais, mais je n'y fais pas attention. J'ai l'habitude même si je ne vois vraiment pas pourquoi. Être regardée est toujours gênant pour moi mais avec les années j'ai appris à cacher mon malaise.
Je suis une jeune femme noire de 1m65 avec une taille très fine et des jambes arquées. Mes formes sont douces mais plutôt agréables à regarder selon moi. Pas gros mais très loin d'être petit, ce genre là. Je revendique tout ce qui fait ma personne, j'en suis extrêmement fière. J'ai mes complexes comme tout le monde, mais je m'aime comme je suis : africaine pur sang. Mes deux parents sont Camerounais et y vivent encore. Moi j'ai dû partir pour mes études mais je compte sûrement rentrer dans mon pays à la fin de ma spécialisation. Mais ça reste encore à voir, j'ai encore quelques années ici. J'ai été élevée dans la pure tradition - autoritarisme et léger extrémisme religieux - mais ma famille a toujours été plus ouverte que les autres. J'ai eu la chance d'avoir des parents plus ou moins à l'écoute de leurs enfants, contrairement à la plupart, ce qui fait que je me suis toujours sentie assez épanouie dans mes choix et dans mes relations parentales. Jo était mon voisin, son père étant un diplomate retraité qui a choisi d'établir domicile au Cameroun pour ses vieux jours. Très dur, M. Doherty a toujours été un homme froid et extrêmement rétrograde. Pour lui, la bisexualité de son fils était la consécration de sa possession par les esprits malins. Alors en bon chrétien qui se respecte, il s'était donné le devoir d'exorciser son fils de ses démons, pour ne pas dire torturer son fils sans relâche. Jo voyait en notre maison le foyer qu'il ne méritait pas d'avoir, mes parents l'ayant accueilli à bras ouverts. Malheureusement, le revers de la médaille reste l'infidélité chronique de mon père, qui a complètement bousillé notre équilibre familial et aboli la notion de respect chez moi. C'était toujours des cris et des larmes presque tous les jours, des humiliations pour nous et une violence verbale et physique croissante chez ma mère, qui ne savait que verser sa colère sur nous les enfants. Aujourd'hui encore, l'ambiance garde un fond tendu car mon père, en tout Beti - c'est le nom de ma tribu - qui se respecte, n'a jamais cessé d'aller voir ailleurs. La seule source de joie de ma soumise de mère est de s'occuper de ses enfants. Nous sommes donc les réceptacles de son trop-plein de colère, d'amour, de frustration et de tristesse. En gros, ma vie de famille craint. Et ça marque...
J'ai peur des hommes, de leur pouvoir sur les femmes, de leur capacité à nous retourner les unes contre les autres, de leur capacité à nous anéantir d'une seule parole. Je connais mon problème et sa source - je suis médecin, je sais que j'ai un problème - mais je suis incapable d'accorder ma confiance à un homme. Il me détruirait. Comme mon père a détruit ma mère. Et j'en arriverais à oublier jusqu'à qui je suis. Il n'est pas question que je finisse comme elle, je me le suis promis à 10 ans, quand j'ai malencontreusement pris un coup qui ne m'était pas destiné en essayant de séparer mes parents, un soir de bagarre.
Le serveur dépose mon traditionnel jus de pomme sur la table, ce qui me fait revenir à la réalité. Je lui donne un sourire en attrapant ma paille. Il rougit légèrement et s'en va en bégayant un je-vous-en-prie. Je ris doucement en sirotant mon verre. J'ai l'impression de transpirer alors je vais me repoudrer aux toilettes des dames. Je me regarde dans le miroir et j'aime ce que je vois. Je porte un fourreau beige arrivant aux genoux sans manche mais avec des bretelles sur les épaules et de fausses bretelles tombant sur mes bras. Le devant épouse parfaitement mes seins, leur donnant même une taille de plus. Avec mes talons beiges et mon collier mi ras-de-cou mi sautoir, l'ensemble est vraiment joli. Aujourd'hui j'ai les cheveux en un chignon haut assez épais - merci les donuts - ce qui met encore plus en valeur mes petites formes. Je remets un peu de mon rouge à lèvres rouge après m'être repoudrée et je lave mes mains. En portant les yeux sur ma montre je vois que Jorel a déjà 20 minutes de retard. Il sait à quel point ça m'énerve. Ironiquement je déteste quand quelqu'un est en retard mais je suis toujours en retard.
C'est donc en pestant que je me redirige vers ma table. C'est alors que je sens une tape sur mes fesses. Alors là il va la sentir ma gifle le mufle qui vient de me mettre la main au cul. Je me retourne lentement et adresse un regard létal à mon agresseur. Il sourit comme le porc qu'il est en me regardant comme si j'étais une petite chose fragile qui va se faire dévorer. Erreur fatale. Il va tâter de mon crochet du droit cette fois. Je serre le poing en souriant. Je bande discrètement mes muscles et m'apprête à le frapper lorsque toute ma colère s'évapore d'un coup.
Une chaleur familière gagne mon dos pendant qu'un bras puissant me pousse doucement vers la source de chaleur apaisante. Je ferme les yeux comme par réflexe et me laisse aller contre le torse de mon chevalier servant. Je sens la douceur de ses longs doigts pendant qu'il me caresse le ventre pour me calmer. Mais son parfum l'avait déjà fait à la place de ses doigts. Je soupire d'aise et me permet deux secondes de béatitude complète. Il est là, je sais que je n'ai plus à m'occuper de l'autre gros connard.
- Doucement mon chocolat, je m'en charge. Me glisse-t-il de sa voix grave qui m'a tant manqué
- D'accord. J'arrive juste à murmurer toujours sous l'emprise de sa caresse
Il frôle mon oreille de ses lèvres et son souffle électrise mon corps entier. Il doit sentir le long frisson qui me parcourt car je le sens sourire près de ma nuque.
- Va m'attendre j'arrive. Ordonne-t-il d'une voix ferme
Je ne me fais pas prier et regagne sagement ma table sans me retourner. J'entends juste un grognement étouffé puis plus rien. A peine quelques secondes après que je me sois de nouveau assise, Greyson me rejoint sur la chaise en face de moi. La magie opère toujours, plus forte encore même, je crois qu'il est encore plus beau qu'il y a un mois et demi. Sa barbe de trois jours est parfaitement taillée et me donne envie d'y passer mes doigts. Ses cheveux sont parfaitement coiffés et lui donnent ce petit contraste de premier de la classe qui m'échauffe encore plus les sens. Bien entendu, monsieur est toujours en costume deux pièces noir comme-dessiné-directement-sur-lui mais sans cravate cette fois. Au secours! Je me liquéfie de l'intérieur. Je me force à fixer son alliance pour me calmer et ça fonctionne. Un peu...
- Merci pour votre aide M. Clarks.
Je le vouvoie pour qu'il comprenne que je ne veux rien avec lui. Menteuse.
Il fronce les sourcils quelques secondes puis soulève le droit avec toute l'arrogance et l'assurance qui le caractérise et me répond avec aisance, comme si entre nous tout était simple.
- De rien Annaëlle. Dit-il en insistant sur mon prénom.
D'accord pas de vouvoiement j'ai compris. D'habitude j'ai horreur des hommes autoritaires mais avec lui j'aime ça. Ça fait partie de ce qui le rend aussi sexy, il sait ce qu'il veut et il l'exige. Un mâle dominant. Oh Seigneur. Il faut qu'il s'éloigne car je ne pourrai pas me retenir longtemps de lui sauter dessus. Son alliance Nelle, son alliance.
- Je ne voudrais pas paraître malpolie mais j'ai un rendez-vous. Avec Jorel! M'empressai-je d'ajouter je ne sais pourquoi.
Mais c'est quoi mon problème. Après tout j'ai le droit de voir qui je veux. Je me fustige donc pour ce réflexe débile. C'est vrai que je ne veux voir personne d'autre depuis que je l'ai embrassé mais ça il n'a pas besoin de le savoir. Surtout pour ma fierté.
Il sourit et me répond doucement - presque langoureusement - que lui aussi. Oh qu'il est beau quand il sourit on dirait un b... Attendez quoi ?
- Co-comment ça un rendez-vous? Je demande anéantie
Ce que je suis conne des fois. Bien sûr qu'il a toujours des conquêtes lui, il n'est pas obsédé par un baiser lui. C'est sa vie privée après tout. Mais je ne peux m'empêcher d'être un peu jalouse. Un peu? D'accord j'ai envie de tuer cette pétasse.
- Un rendez-vous d'affaire ? J'ajoute sans pouvoir cacher ma jalousie. Alors pas du tout
Un lent sourire satisfait s'étire sur son visage et il me regarde quelques secondes avant de répondre très lentement.
- Non Annaëlle. C'est un rendez-vous galant normalement si tout se passe bien.
La boule qui me retourne l'estomac manque de me faire vomir. Ça fait mal ça. Vraiment. J'avale ma salive en tentant de masquer mon dégoût et je souris pour cacher ma tristesse - comme à chaque fois - et lui répond le plus nonchalamment possible.
- Bien. Alors vous devriez aller la rejoindre. Je suis sûre que Jorel ne va plus tarder. Bonne soirée monsieur Clarks.
Bon sang Jorel où es-tu? Il continue de sourire et se penche doucement vers moi. Ses yeux se baladent de mes cheveux à mon buste lentement et se retrouvent ancrés aux miens. J'arrête de respirer malgré moi. Je ne m'habituerai jamais à la merveille que sont ses yeux. Et quand ils se chargent d'un tel désir je ne réponds plus de moi. Quoi? Du désir ?
- Je suis déjà en sa compagnie en ce moment Annaëlle. Dit-il sur l'air de la confidence
Je penche la tête de côté comme à chaque fois que je veux bien comprendre une information. Il a rendez-vous avec...moi? Une minute! Il a un rendez-vous galant avec moi?!?
Mes yeux doivent ressembler à des soucoupes puisqu'il rigole à nouveau.
- Mais je.. Jorel m'avait dit que...
- Que t'a-t-il dit exactement chocolat ? Il me coupe avec un brin de malice dans les yeux
Oh purée ce surnom aura ma peau un de ces jours. Je sors mon téléphone et lis le dernier message de mon futur ex meilleur ami à voix haute. Je vais le tuer ce traitre. Je ne l'avais pas vu venir celle-là.
- "Nelle ce soir tu dois te rendre au Bambou pour une occasion spéciale. Nous aurons des choses à fêter aujourd'hui. Qui sait ce que nous aurons à fêter après cette soirée?". J'ai trouvé son message bizarre mais je me suis dit que c'est Jo. Ça fait un mois aujourd'hui qu'il travaille pour vous. Je pensais que c'est ce que nous devions célébrer. Le salop. Pestai-je plus pour moi
- Je suis désolé. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour être sûr que tu accepterais de me voir. Dit-il naturellement
- Et pourquoi voulais-tu me voir ? Ma voix n'est presque plus qu'un murmure
Il ne sourit plus, il est déterminé, précis et concis. Il conquiert, il n'explore pas : Greyson Clarks dans toute sa splendeur.
- Tu préfères qu'on la joue je-tourne-autour-du-peau ou franc jeu? Les deux me vont très bien.
- Franc jeu. Je n'ai même pas eu besoin de réfléchir pour répondre
- Je préfère aussi.
Il inspire profondément et me coupe le souffle dans la seconde qui suit.
- Je suis complètement obsédé par toi. Et je me fiche de ce qu'il me faudra faire pour t'avoir mais je te veux. Pour moi et moi seul. Et je peux t'assurer Annaëlle que tu seras à moi. Dans tous les sens du terme.
Ma diablesse intérieure reprend ses droits et c'est presque malgré moi que je réponds automatiquement.
- Et de quelle manière me veux-tu? Je lui répond en souriant doucement.
Son trop-plein de sérieux m'émeut et m'amuse. Ça le rend encore plus mignon à mes yeux. Mon sourire le déstabilise quelques secondes puis il reprend contenance.
- Toutes les manières. Dit-il avec une lueur que je ne lui connais pas.
Son regard se charge de la même force que lorsque cette connexion invisible se crée entre nous. Bientôt il n'y aura plus que nous deux dans ce restaurant. Je tente une blague mais celle-ci se retourne contre moi et finit de sceller mon destin.
- Qui sait? Je suis peut-être une sorcière envoyée pour te détruire par un simple baiser, lancai-je langoureusement en me penchant à mon tour. Il fait de même et bientôt nos visages se retrouvent à moins de deux centimètres l'un de l'autre. Je suis entrain de faire un infarctus.
- Dans ce cas je mourrai à l'infini pour avoir mes lèvres à jamais scellées aux tiennes.
Et là la connexion explose si fortement entre nous que je dois cligner des yeux pour ne pas m'évanouir. Cette fois ce ne sont pas des fils de soie et de satin, mais des fils d'or et de titane qui forment une corde indestructible. Je la sens jusqu'au plus profond de moi et quelque part je sais que lui aussi.À suivre...
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À travers ses yeux
DragosteUn grande femme a dit un jour : "La vie ce n'est pas de survivre à la tempête, mais de savoir danser sous la pluie". Annaëlle Bennassi, jeune médecin de 26 ans, vit une vie bien remplie entre son travail, sa famille et ses amis. Elle a tout ce dont...