Chapitre 4

11.2K 563 109
                                    

POINT DE VUE DE JAYDEN

— Je te rejoins vers vingt-deux-heures, dis-je.

— Je vais avoir des problèmes avec ton père...

— Quel pessimiste. Bon, je te laisse.

Jason grogne à l'autre bout du combiné. Les ampoules qui ornent le miroir de la salle de bain peinent à éclairer décemment mon visage. La pièce est pleine de vapeur. Des gouttelettes ruissellent le long de ma nuque.

Bien qu'au second étage, j'entends les nombreuses réprimandassions de ma mère. Aujourd'hui, j'ai les nerfs à fleur de peau. Hier, quand on m'a annoncé qu'on devait dîner chez les Conrad, je n'y ai pas cru.

Simplement car il s'agit de la famille d'Andréa la garce.

Après avoir rapidement séché mes cheveux, je me rends dans ma chambre, à la recherche d'une tenue capable de satisfaire les attentes de mes parents. Les bobo-bourgeois de Brooklyn... Ils font tache, dans le paysage – et dans mon quotidien.-

— Mais où il est ce foutu pantalon, m'énervé-je. Putain c'est pas possible !

Je retourne ma penderie. Dîner avec mes parents, c'est me demander la lune. Je ne peux plus me les voir. Eux, et leurs idéologies invraisemblables.

— Tu devrais regarder près de ton lit, pouffe une voix dans mon dos.

Mon cœur ratte un battement. Personne n'est dans la chambre, Lydia n'a invitée aucune copine à la maison. Je recule de quelques pas, et, surpris, constate qu'Andréa se tient dans son balcon, à deux mètres du mien. C'est une blague.

— L'inconvénient du vis-à-vis, elle continue. Les maisons jumelées n'ont pas ce problème.

— Tu as terminé ? La grondé-je. Je ne vais pas rester cordial avec toi très longtemps, Conrad.

— Je me détends avant de t'avoir en face, elle sourit d'un air arquois. Jolis abdos, en passant

— Continue et tu remplaces la dinde, sifflé-je.

— Je suis terrifiée.

Je ne peux pas la blairer. Si narcissique, celle-ci.

— Tu ferais mieux, l'avertis-je, je vais mener mon enquête sur toi.

— T'es aussi pitoyable que ton allure, Bock.

La tension monte d'un cran.

— Je te taquine uniquement, elle revient sur ses paroles. Reste loin de moi, et tout le monde sera content. Je suis agoraphobe, alors ne joue pas avec ça.

Au moment où elle détourne le regard, j'enfile un tee-shirt, et me munis du revolver sous ma pile de jean que je cale entre mon caleçon et ma ceinture. Les vieux démons ressortent.

Je suis seul dans le salon. Les autres mettent un temps monstre à se préparer. Du grand n'importe quoi. Mes parents courent dans tous les sens. Lydia me rejoint, pimpante comme à son habitude. Elle a probablement des informations concernant Andréa.

— Tu sais des trucs à propos de la voisine ?

Elle arque un sourcil.

— Pourquoi ?

— Simple curiosité.

— Arrête de mentir Jay, tu veux coucher avec elle c'est ça ?

Pour une gamine de treize ans, je la trouve bien perspicace.

— Absolument pas. Andréa est dans ma classe.

—  De toute façon elle a un copain, pas de chance. C'est une fille trop bien pour toi.

— Comment tu sais ça ?

— J'ai entendu sa mère le dire à maman. Je crois qu'il s'appelle Mathias, je suis pas sûre.

Mathias, Mathias...
Je connais un Mathias, et j'espère fortement qu'ils ne se soient pas rencontrés. Ce mec est complètement fou. Andréa joue gros, je ne peux pas la laisser s'enfoncer dans un bourbier pareille.

*

Trente minutes de souffrance. J'ai beau feindre la gaieté, tout le monde comprend que la situation me gonfle. Andréa reste à l'écart, silencieuse. Les Conrad sont étonnement chaleureux. La garce est vêtue élégamment, contrairement à ses habitudes.

Béa, sa mère, prend la parole.

— Andy, tu devrais faire visiter la maison à Jayden, lui indique la dame.

— Ce n'est pas un musée.

Eh, elle la rappelle à l'ordre.

— Je doute que Jayden soit intéressé par la proposition, elle tente d'argumenter.

Elle pense sincèrement que je prendrais son parti ?

— Oh, mais bien sûr que si Andy, fis-je.

La fille serre les dents. Lydia me foudroie du regard. Andréa finit par se soumettre, m'indiquant de la suivre. J'ai toujours le dernier mot. Ce n'est pas cette facette que j'affiche en la présence de ses parents qui m'empêchera d'avoir ce que je désire.

— Jolies fesses, reconnais-je.

— Tu veux avoir des enfants plus tard ? Elle se retourne brusquement. Fais gaffe à ce que tu dis.

— Montre-moi ta chambre, j'aimerais bien voir la vue que tu as sur la mienne.

Ce soir, Jason et moi sortons, dans une boîte de nuit très fréquentée par le combattants de Brooklyn. Par conséquent, je compte utiliser Andréa-la-garce comme couverture.

— Je ne te l'apprends pas, les chambres sont au deuxième étage, commence la brune une fois sur le grand pallier.

Elle pousse une porte blanche, et je comprends qu'il s'agit de sa chambre au vu de la couleur des murs. Un cocon féminin banal, dans les tons rosés. Très troublant, quand on sait que la propriétaire des lieux se rapproche plus de la vingtaine que des dix ans.

À pas de loup, j'avance, presque collé à son dos, et referme derrière nous. Elle n'entend pas. Sans plus tarder, j'extraie mon arme. Andréa sursaute, en entendant le bruit du chargeur.

Son teint est aussi blanc que de la neige.

— J'ai un service à te demander, souris-je en m'approchant, le temps d'une soirée. Sois raisonnable, Conrad, tu ne peux pas refuser.

Elle est totalement déstabilisée. Son regard jongle entre le bout de l'arme et la gâchette. À force de trop reculer, Andréa se retrouve prise au piège, contre le mur.

— Mademoiselle va devoir me couvrir car je n'hésiterai pas à tirer, continué-je en jouant avec la gâchette.

Aucune réponse.

Contre toute attente, la brune élève brutalement sa main gauche près de mon visage. Un bruit de métal qui se frotte me fait écarquiller les yeux. Putain, elle aussi avait prévu son coup.

Ce que je soupçonne être un couteau suisse glisse le long de mon cou.

— Monsieur va devoir m'emmener car je n'hésiterai pas à te planter, elle conclut sur le même ton.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 29, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Nightmare Où les histoires vivent. Découvrez maintenant