Décembre - 16

2.1K 217 237
                                    

Nous repartons de la cabane dans la forêt après une sieste bienvenue pour le blond. Allongé tout contre moi, il a trouvé le sommeil dès que sa tête a touché l'oreiller. J'ai fait semblant de m'endormir, mais les questions tournaient et retournaient dans mon esprit sans me laisser tranquille. J'étais incapable de les formuler à haute voix, mais tout aussi incapable de m'en débarrasser et fermer les yeux. J'ai donc écouté de la musique jusqu'à ce que le blond à mes côtés se réveille en grands bâillements. Nous avons bu à nouveau de nos breuvages chauds et grignoté quelques biscuits avant de quitter cette cabane, en éteignant le chauffage et le compteur électrique, comme préconisé. Je me rends compte que je n'ai pas révélé de secrets alors que je garde quelque chose en moi - qui ne concerne pas les révélations d'aujourd'hui - depuis le mois de novembre.

Au milieu du chemin qui se fait en silence, je tire donc sur la main de Valentin afin de le faire ralentir. Je n'ai pas envie de me presser, ni pour parler ni pour avancer.

- Ça va ? Tu veux qu'on ralentisse ou qu'on s'arrête ? Tu t'es fait mal quelque part ?

Son inquiétude me touche et j'oublie pendant quelques minutes ses mensonges. Il redevient le petit ami parfait - qui, j'en ai fait la douloureuse découverte, n'existe pas - du début du séjour.

- Non. Il faut que je te révèle un secret. Je ne l'ai pas fait lorsque nous étions dans le chalet, alors que tu m'as confié quelque chose.

- Tu sais, tu n'es pas obligé. Je dis ça pour rire, le fait que tu doives aussi t'ouvrir. Je ne veux surtout pas que tu te forces.

- Ce n'est pas l'impression que j'ai. J'ai réellement envie de te le dire.

Il sourit, joue avec mes doigts gantés. J'adore quand il fait cela.

- Je ne suis pas gay.

Il ouvre de grands yeux et me lâche immédiatement. Mon cœur se brise légèrement et je me rends compte que j'ai mal commencé. Il faut que je rectifie le tir.

- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas t'annoncer que je suis hétéro et que je me suis joué de toi pendant tous ces mois. Je pense que ma participation à nos activités nocturnes parle pour moi.

Étrangement, je ne rougis pas à cette affirmation, contrairement à mon voisin, qui pourrait rivaliser avec une tomate en plein été. Je ne m'en formalise pas et continue mon histoire.

- Pendant le mois de novembre, je me suis beaucoup rapproché de Lola. Elle a repris la direction du club LGBT+ de l'école, après Heather, sa petite amie. Un soir, elle m'a invité à faire le tour, alors que la pièce dédiée était vide de monde. Sur l'un des murs, il y a des affiches colorées avec les définitions de chaque sigle. Je les ai lus par curiosité, parce que j'aime apprendre et que de nouvelles connaissances sont toujours bénéfiques, à mes yeux.

Valentin se rapproche à nouveau et reprend ma main, comme si de rien n'était. Je souris au geste, parce qu'il doit se douter que ce n'est pas facile, même avec lui.

- Je me suis énormément retrouvé dans la définition de pansexuel. Le fait de tomber amoureux d'une personnalité et non d'un genre. C'est exactement ce qui s'est passé avec toi. Je me fichais bien de ton genre, c'était juste... toi que j'aimais. Lorsque j'ai fait cette découverte, j'étais simplement effrayé et je me suis retourné vers Lola. Elle m'a expliqué avec bienveillance que ça ne faisait rien si je me trompais, que je pouvais prendre mon temps. Qu'une définition peut nous correspondre à un moment de notre vie, et ne plus l'être des mois ou des années après. Donc, je te l'annonce. Je ne suis pas gay, je suis pansexuel.

Valentin me prend dans ses bras, en me serrant fort et m'embrasse la joue au passage. Il sourit plus fort que le soleil.

- Je suis heureux que tu me le dises, et que tu te sentes bien dans ta peau surtout. Et je suis vraiment désolé pour ma réaction de tout à l'heure. Je me rends compte que ça peut être super violent, alors que c'est pas facile à dire et tout...

Ciel d'été [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant