Février - 10

1.4K 178 59
                                    

Le quatorze février, tous nos camarades que je considère comme sympathiques semblent être sur un petit nuage. Valentin et moi sommes plus amoureux que jamais ; je suis heureux que nous ayons discuté de nos perspectives d'avenir, ainsi que de l'invitation de Charles pour que les deux se revoient. De plus, j'ai reçu ce matin mon cadeau de Saint-Valentin. Il s'agit d'un dessin de ma personne, sous différents angles et à différents moments de la journée. Je ne connaissais que très peu le style de mon petit ami avant de poser les yeux sur la feuille de papier raisin. Les œuvres sont réalisées au crayon de papier, avec une mine plus ou moins forte. Les zones d'ombres sont estompées, et le rendu est réaliste au possible. J'ai eu l'impression de m'apercevoir photographié en noir et blanc.

- Je sais que c'est un peu bizarre de te donner des dessins de toi, mais c'est la toute première fois que j'offre quelque chose que je crée à quelqu'un d'autre que mes parents. C'est assez symbolique en fait. J'espère que ça te plait, s'était inquiété Valentin sur le chemin vers le lycée, ce matin.

Je l'avais rassuré à grands coups de sourires, et ensuite, je lui avais attrapé la main avant de passer les grilles. J'estime qu'en cette journée des amoureux, bien qu'elle soit commerciale, nous avons le droit de nous montrer un minimum. Je remarque que quelques autres couples comme nous osent également se rapprocher de quelques centimètres qui ne trompent personne.

C'est d'ailleurs le cas d'Ambre et Garance. Cette dernière ne cesse de sourire, et a manqué de me prendre dans ses bras au moment d'entrer en classe, à huit heures. Je lui avais demandé quelques explications quant à ce comportement qui me prenait au dépourvu.

- Parce que je peux dire que j'ai plus ou moins une copine et que c'est plus ou moins grâce à toi. Donc c'est pour ça que je voulais te faire un câlin. Mais t'as pas l'air super à l'aise, alors je vais m'abstenir. Par contre, tu m'autorises à te dire merci de m'avoir encouragée et aidée à faire le texte pour Ambre ?

- Bien entendu. Et moi, je te dirais que c'est tout naturel et je me réjouis de ton bonheur.

Elle m'avait souri avant d'entrer en philosophie et avait passée toute l'heure à observer le vide en souriant béatement. J'ai peur de lui ressembler lorsque je pense à Valentin, et je me suis immédiatement demandé si j'ai la même attitude pendant les cours qui ne m'intéressent pas - ce qui peut tout de même arriver. Je profite de la récréation en plein air, avec Pedro, Ambre et Valentin, pour lui poser la question.

- C'est souvent quand on revient de la récréation ou des pauses en fait. Déjà, ça se voit que tu roules souvent des pelles à ton copain parce que t'as les lèvres presque rouges. Et après, tu rêvasses en regardant le ciel sans bouger. T'es quand même un peu bizarre comme garçon, on ne te l'a jamais dit ? T'es tellement discret en cours qu'on pourrait t'oublier.

Bien entendu, le blond éclate immédiatement de rire à cette remarque et je ne peux pas m'empêcher de sourire à mon tour. Nos trois camarades français nous fixent comme si nous débarquions de Mars et Valentin me vole la parole afin de s'expliquer.

- T'es sûre qu'on parle du même Eliot ? Lui, discret ? C'est juste impossible. Je pense qu'il me bat dans le nombre de fois où il a été exclu de cours.

- Sérieux ? Ce n'est pas du tout la même personne en classe. Il est tout tranquille, rêveur. Il regarde la fenêtre avec un air heureux, ou alors il est super concentré sur les cours. Vous devriez le voir en philo, il prend plus de notes que moi, me défend Garance.

- Eliot, dis-lui la vérité. Enlève donc voir ton masque de bon élève et montre ton vrai visage de petit délinquant.

Je fronce les sourcils pour la forme, mais une partie de mon sourire ne parvient pas à s'effacer. Je suis plutôt fier de ce masque que l'on me demande d'enlever.

Ciel d'été [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant