Harry a l'air plutôt enthousiaste, mais pas convaincu par mon histoire. Il sourit vaguement.
- Bon. Alors, d'après ce que tu dis, tu es agent secret pour le FBI et, alors même que tu tentais de les arrêter, elles t'ont kidnappée dans leur limousine. Au moment où elles attendaient leur acolyte, tu as réussi à t'enfuir sans qu'elles te voient et tu m'as accosté.
- Exactement. Enfin, dans les grandes lignes, quoi.
Il secoue la tête.
- Je ne te crois pas.
- Hein ? Alors pourquoi tu as pris le même chemin qu'elles alors ?
- Parce que je suis curieux de voir où va te mener tous ces mensonges.
Merde.
- On les a perdues... je murmure.
- Et alors ? Tu as dû prendre leur plaque d'immatriculation, non ? Ou tu connais leur nom ?
- Je connais l'un des noms. Blake.
- C'est ta soeur ?
- Elle n'est pas agent secret pour le FBI donc elle veut se venger. Tu vois ?
Il me jette un regard de biais.
- Évidemment.
On se regarde mutuellement quelques secondes et on éclate de rire. Putain de tension.
Je tente de fixer mon regard sur la route noire et de me calmer mais c'est impossible. Tout le stress, les mensonges que je racontent, ma solitude... Comme si tout partait dans ce fou-rire partagé.
Je me demande bien pourquoi, lui, ricane comme un dingue.
- Je n'ai pas autant rigolé depuis cinq bonnes années ! finit-il par dire en se calmant.
Et là je me rends compte qu'il a fait une connerie. Sa mère est morte il y a cinq ans. Merde, pourquoi il a fallu qu'il dise ça ! Je ne suis pas douée en condoléances, je m'y connais pas, quoi ! Et puis depuis le temps, il doit en avoir ras-le-bol qu'on lui radote le même "désolé" pathétique à souhait.
- Désolé, j'aurais pas dû dire ça, lâche-t-il face à mon silence.
Peut-être qu'il croit que j'ai oublié la mort de sa mère ? Bizarrement, non.
- Nan, je veux dire, c'est normal que c'genre de trucs te passent par l'esprit.
Il fronce les sourcils.
- Comment ça ?
- Tout doit... Non, rien, rien. Oublie.
Il hausse les épaules. Pas très combattif le p'tit gars. Après un moment de minuscules routes et de silence, Harry finit par s'arrêter sur un bas-côté.
- On les a perdues, fais-je dans un soupir.
- Ouais. Mais si t'es dans le FBI, tu dois avoir de quoi les retrouver.
Je n'arrive plus à savoir s'il croit à mon mensonge ou non. Et puis comment ai-je pu inventer un truc aussi gros en trois secondes ?!
- Ok. Hum... Tu sais, l'entrepôt à trois rues de la nôtre ?
- Ouaip.
- C'est leur hangar. Il appartient à la plus riche. On devrait y aller tant qu'elles sont en vadrouille.
Il me dévisage puis finit par me sourire. On reprend la route aussitôt.
En quelques minutes à peine, nous atteignons l'entrepôt. J'avais désigné cet endroit car il est prêt de chez moi. Au cas où.
Harry éteint le moteur et la lumière de la voiture s'éteint. Les lampadaires à l'extérieur nous éclairent à peine. Je tourne la tête vers lui et m'aperçois, grâce au contraste de lumière, qu'il a un mâchoire bien dessinée.
Il croise enfin mon regard mais ne se tourne pas vers moi.
- Harry, je... je commence.
- Nan, c'est bon. C'était drôle, cette demi-heure. Comme quand on était gosses.
Je souris timidement et m'écarte un peu, me rapprochant inévitablement de la portière. Il n'a pas l'air de vouloir me regarder. En un sens, je devine pourquoi, mais, comme souvent, la vérité est trop dure à avouer.
- Merci, je dis. Mais se serait mieux si on en parlait à personne... Je sais pas, c'était...
- Bizarre, étrange, enfantin.
- Voila.
J'ouvre la portière et le froid s'engouffre dans la voiture. Aussitôt que je sors la jambe, Harry allume de nouveau le moteur. Ok, j'ai compris le message.
Je sors complètement cette fois-ci et claque la porte. Parfois, je ne comprends vraiment pas les mecs. On dit que les filles changent d'humeur tout le temps, mais les garçons sont pareils, au fond.
Au moment où je contournais la voiture par le devant pour regagner ma rue, les phares s'allument et s'éteignent. Plusieurs fois. Je me retourne. Et je vois qu'Harry me sourit.
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La différence entre toi et moi
Teen FictionFinalement, il n'y en a pas vraiment. C'est vrai, si je me mets devant mon miroir, c'est toi qui apparaît... Alors sommes-nous réellement identiques ?