Chapitre 10. La nuit est effrayante.

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J'ai séché ces vilaines larmes qui coulaient sur mon visage, je ne pensais pas en revoir dès le lendemain.

"Yuki' ! T'es en avance ! Je ne t'ai pas fait trop attendre j'espère...
_Non, non... Je viens d'arriver..."

Elle me regardait, puis me fit un sourire crispé. Son bras gauche était bandé. Quelque chose s'était passé.

"On avait dit la boutique de Cookie, c'est ça ?
_Mmmh... Oui...
_Dis-le moi si tu ne veux pas.
_Si si... Ça me fait plaisir..."

Un autre sourire crispé. Je commençais à être frustré à force, qu'essayait-elle de me cacher ?

Je payais nos cookies quand je la vis à travers la vitrine, se contracter, baisser la tête et tirer ses traits. Je n'aimais pas la voir comme ça.
Je me dépêchais de la rejoindre, hors de question de la laisser seule.
Je lui fit un sourire chaleureux en lui tendant ce qu'elle avait commandé, elle prit son Cookie à la framboise à deux mains, regarda le sol comme s'il décrivait le futur, son gâteau s'échappa et s'écrasa sur le goudron.
Je fis mine de croire que c'était un accident, et me redirigeais vers la boutique.
Sa main, elle tremblait, elle serrait ma chemise, elle m'empêchait de m'éloirée'elle. Yukino se colla contre mon torse, je sentis quelques gouttes me mouiller, elle pleurait.

"T... T'en fait pas Yu', je vais t'en payer un autre..."

Ses mains se resserrèrent, elle tirait ma chemise, m'empêchant de faire le moindre pas.

Je la pris dans mes bras, j'avais l'envie de laisser s'échapper quelques larmes aussi. Je la serrais et déposait un baiser sur ses cheveux.

"Yukino, viens à la maison."
Elle ne répondit pas. Elle se décontractait doucement. Je séchais ses larmes.

Comme d'habitude, nous montâmes dans ma chambre, nous nous asseyâmes sur mon lit, je proposais une partie de jeu-vidéo. Évidemment, ni elle ni moi n'avions la tête à ça.

Je la regardais, sans savoir quoi dire. Je la coinçai entre mes bras, sur le lit. Mon regard devint plus sérieux, mais ses yeux dérivèrent et finirent par m'éviter.
Je me relevai, elle se rassit. Je fis quelques pas avant de m'accroupir devant elle, la tête callée entre ses genoux.

"Yukino Kisamasuki, je vous prierai de bien vouloir me raconter ce qu'il ne va pas..."

Je vis son visage se crisper une nouvelle fois, puis elle fondit en larmes.
Je la pris entre mes bras.

"Tu... Enfin..."

Je détestais ce genre de situation, je ne savais jamais comment réagir...

"Je... Je me suis fait violer...
_Q-quoi ?..."

J'ai tiré la bande. "Viol" avait été gravé dans sa chair.
Ces quelques mots résonnaient dans ma tête. Pourquoi ? Par qui !? DANS QUELLES CIRCONSTANCES ? QUAND !?...
Je ne pouvais pas me calmer. Impossible. Quel petit-ami, aussi faible soit-il laisserait sa copine se faire violer !?
Je la serrais, de plus en plus fort. Je sais qu'un petit-copain doit se montrer fort car il doit protéger celle qu'il aime, mais cette fois-là, j'ai échoué, doublement : j'ai pleuré car je n'ai pas pus la protéger.

"Je suis désolé Yuki'...
_Tu ne pouvais pas savoir...
_Si... J'aurais pus le savoir plus tôt... J'aurais pus t'appeler... Ou même te retirer ta bande dès que je l'avais vue... Mais je ne l'ai pas fait... Je suis vraiment qu'une merde...
_... Non. Je ne suis pas d'accord... Je n'ai juste pas fait le bon choix en refusant de dormir chez Shizuko hier soir, finalement...
_J'aurais dû te raccompagner chez toi !"

Elle fit "non" avec la tête.
J'essuyai mes larmes et reprenais ne serait-ce qu'un peu mon calme.

"Tu es allée au commissariat ?
_... J'ai trop peur qu'on le regarde mal...
_Un viol, c'est un crime, il doit être puni. Une enquête doit être ouverte.
_Maiiiis...
_Yuki'. S'il te plait. Je veux que l'enfoiré qui t'a fait ça le paie. Tu te souviens de comment il était ?"

Elle grimaça un instant, soupira puis sussura "A-Arata".

Mot de l'auteure ~
Des fois, je me demande comment réagirait-on devant telle ou telle situation. La vérité, c'est qu'on ne peux pas le savoir à l'avance, c'est difficile ne serait-ce que d'imaginer.
Je rêve beaucoup (en dormant, oui oui). Je fais des rêves assez réalistes pour la plupart du temps, et je me réveille en larme parce que les choix que j'ai fait dans mon sommeil sont ceux que j'aurais fait dans la réalité (si je peux vous donner un exemple, se serait errer seule après avoir eu un événement traumatisant, je sais pertinemment que ce n'est pas forcément ce qu'il faut faire mais mon sub-conscient est celui qui dirige mes choix.)
Vous voyez votre réaction quand vous lisez ces lignes ? Les plus probables sont les larmes, le choc, le dénis, la moquerie et le mépris. Pourtant ce n'est peut-être pas votre cas. Je ne prétends pas avoir le savoir ultime, mais il est impossible de savoir sa réaction à l'avance mis à part en situation réelle, le sub-conscient est actif (la réalité, ou les rêves que vous pouvez confondre avec la réalité). Il sagit de probabilités et non de la réponse réelle. Alors au lieu de vous demander comment vous passerez une épreuve, donc vous "préparer" pour celle-ci, demandez-vous comment aider les autres. J'avoue, je suis très mal placée pour dire ça, ma réponse étant toujours "Que puis-je y faire ?"... Mais il y aura toujours  quelqu'un qui comptera sur vous pour se relever.

Le Sang de mes sentiments Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant