Un grand marché se tenait sur la Grand Place, et Inès y échangea le petit bracelet en or finement ciselé que lui avait autrefois offert Kristoffer contre cinq-cent écus, ce qui était largement suffisant pour les nourrir et les loger pendant les deux jours qu'ils décidèrent de passer à Plomastel, afin d'assister au Partage de la Lumière. Inès s'offrit un verre de vin chaud et un gros pain aux noix, tandis que Vaurien l'assurait qu'il n'avait pas faim, et ils partirent à la recherche d'une auberge où passer la nuit.
La nuitée chez Gibselle était un petit établissement comptant une douzaine de chambres, pas trop chères, mais confortables. Ils en poussèrent la porte : une petite femme rondelette se tenait derrière le comptoir, ses cheveux grisonnants grossièrement dissimulés sous un bonnet bleu, et ses grosses mains potelées parcourant le bois avec impatience.
- Bonsoir, la salua Inès d'une voix tendre, et un sourire éclaira le visage rouge et joufflu de la bonne femme. Êtes-vous Gibselle?
- Elle-même ! répondit-t-elle fièrement, tambourinant sur sa panse de ses immenses paumes.
- Je suis Inès, voyageuse itinérante, et voici mon petit frère. Je voudrais une chambre pour la nuit.
- Comme vous êtes beaux, mes petits ! s'extasia gaiement Gibselle, et son regard passa d'Inès à Vaurien. Il ne me reste qu'une seule chambre de libre, vous pouvez dormir ensemble?
- Bien sûr !
- Le tarif est de dix écus par nuit et par personne.
Inès acquiesça, et paya dès lors pour les deux nuits à venir.
- Vous êtes ici pour assister au Partage de la Lumière? leur demanda Gibselle en comptant l'argent au creux de sa large paume.
Mais Inès n'eut pas le temps de répondre que Chukka se mettait à bêler, et c'est alors que Gibselle sembla remarquer sa présence. Elle parut surprise, et planta ses mains sur ses hanches volumineuses en soupirant, sa bouche se noyant dans son visage joufflu :
- Les animaux sont strictement interdits dans mon établissement ! Mais je peux faire une exception pour vous, mes petits. Allez, filez : votre chambre est à l'étage, numéro cinq.
La chambre en question était petite, composée du strict nécessaire : deux lits -et Inès y retrouva avec bonheur la sensation de s'allonger sur un matelas- une petite table de chevet, quelques bougies et un petit pot où on pouvait faire ses besoins. Chukka s'étendit dans un coin de la pièce, et nos deux compagnons s'endormirent presque aussitôt qu'ils eurent posé leur tête sur les oreillers. Le lendemain matin, Gibselle leur servit gentiment du pain et du lait chaud, et tandis que Vaurien déclinait poliment, Inès en profita pour lui demander en quoi exactement consistait le Partage de la Lumière.- Eh bien, ma biquette, je ne sais pas si tu as déjà entendu parler du trésor de Plomastel? demanda la vieille aubergiste en essuyant ses grosses mains sur son tablier blanc.
- Non, répondit Inès, très intéressée.
- Je te passe les détails car je suppose que tu as à faire de ta journée, mais il se trouve que la famille Cresos, qui dirige Plomastel, possède parmi ses trésors un objet magique appelé l'Arc de Lumière. Cet arc est exceptionnel, parce qu'il est de paire avec une flèche, une seule, et que celle-ci, après avoir atteint sa cible, réapparaîtra toujours dans la main du porteur de l'arc.
- Toujours?
- Toujours.
- Voilà qui est fascinant.
Gibselle éclata de rire.
- C'est ça, la magie, ma petite ! Et ce n'est pas tout ! Car une flèche tirée par cet arc vers le ciel se répandra sur les alentours dans une pluie de lumière, et n'importe quel être touché par une goutte de cette pluie sera immédiatement guéri de toute blessure ou maladie.
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Elle s'appelait Vengeance
FantasíaLorsque Caroline, princesse de Lanillis, s'enfuit du château avec son amant, elle pense pouvoir enfin mener l'existence de ses rêves. Mais elle est loin de s'imaginer que tout ceci n'est qu'un complot, qu'on en veut à sa couronne, encore sur la tête...