Le train

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Je viens tout juste de quitter le lycée, il est à peine 17 heures. Le voyage pour rentrer chez moi s'annonce long et fastidieux.

Arrivée sur le quai pour prendre mon train, j'attends patiemment qu'il rentre en gare. Au loin, j'aperçois Hayden qui suit plusieurs cours avec moi. Nos regards se croisent et comme à son habitude, il affiche son sourire franc et doux qui me réchauffe instantanément.

Malgré ma timidité, je sais très bien qu'il va venir pour échanger quelques banalités. Je le vois  repousser la foule agglutinée sur le long de la voie pour me rejoindre.Quelques minutes plus tard, il arrive à ma hauteur,  me jauge du regard et entame un monologue.

 Je suis de nature assez réservée et peu bavarde, mais j'aime observer les gens, leurs gestes dans la vie quotidienne, les paroles qu'ils prononcent. Par moment, j'ai l'impression que je suis hors de ce monde et hors du temps. 

Je fais pareil en ce moment avec Hayden. Il me fascine,  pourtant il n'est pas particulièrement beau mais il dégage un je ne sais quoi qui me met en confiance. Je fixe son visage pour étudier le mouvement de sa bouche et réponds à son discours par des hochements de tête ou par des réponses laconiques. Hayden semble toujours être à l'aise, dans son corps. Quand il parle on est souvent captivé. C'est un jeune homme de haute taille, de mon âge , cheveux sombres, le nez aquilin et les yeux clairs. Totalement, l'inverse de moi  qui suis petite, rousse, aux yeux noisette. 

Ce garçon me trouble , en sa présence mon côté taciturne est plus prononcé et cela fini toujours par le déranger. Il part souvent sans un mot, lassé par mon mutisme comme maintenant.

La voix douce et mélodieuse du haut-parleur nous informe que notre train arrive. Perdue dans mes pensées, je regarde sur le quai mais Hayden a disparu. J'ai encore réussi à le faire fuir, je hausse les épaules et pousse un soupir.

Je suis un cas désespéré

Je monte dans la première rame qui s'ouvre devant moi, et m'installe sur un siège vide près d'une fenêtre. Je sors de mon sac mon casque et mon iPod tout en en observant les nuages qui moutonnent sur la vallée d'Albona.

Le ciel est gris et le soleil commence sa descente derrière la colline, ce paysage m'arrache une plainte mélancolique. Malgré la fenêtre opaque, j'entends le vent mugir sur la prairie. Les feuilles tournoient et les arbres se penchent semblables à des bras  crochus inarticulés. 

Le train démarre en trombe, je fais alors glisser mon doigt lentement sur mon iPod pour choisir une musique qui conviendra à mon humeur morose du moment.

Je murmure cette chanson :

....des méandres au creux des reins

Et tout ira bien là

Le vent nous portera

Ton message à la grande Ourse

Et la trajectoire de la course

Un instantané de velours

Même s'il ne sert à rien

Le vent portera

Noir Désir

Je remarque à peine la vieille dame qui vient s'asseoir à côté de moi et rapidement sur un léger fond sonore, je suis happé par un sommeil sans rêve.

Quand je me réveille, la nuit est déjà tombée. Mes yeux peinent à s'habituer à la pénombre, il me faut plusieurs secondes pour me rendre compte que je suis seule. Je me redresse le plus vite possible, fébrile je ramasse mes affaires et les fourre dans mon sac, tout mon corps tremble. Je n'entends que le bruit de mon cœur affolé et ma respiration saccadée. Pour calmer mes craintes, j'arpente frénétiquement chaque rame pour découvrir que je suis invariablement et définitivement seule. Je me rappelle alors ces paroles qui font échos en moi.

C'est un SOS

Je suis touchée, je suis à terre

Entends ma détresse, y a t-il quelqu'un ?

Je sens que je me perds...

Indila

Presque mécaniquement comme si toute volonté m'avait quittée, j'emprunte les deux grands battants de la rame pour sortir. L'air est frais, mes cheveux chatouillent mon visage.

Mon regard s'arrête sur le bâtiment qui sert de hall de gare. Il est faiblement éclairé et les volets sont baissés sur le haut est écrit le nom de la ville « SHADOW ». Dans mes souvenirs les plus lointains ce lieu ne m'est pas familier ajoutant à mon angoisse.  Je suis complètement déboussolée.

Alors que je suis devant la gare.

Je murmure;

-Où aller ? Où suis-je ?


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