Chapitre 62

64 12 0
                                    

Mike ressort de la chambre, l'air troublé. Il vient vers moi et me sourit. Je fronce les sourcils.
-Tout va bien? Vous avez...
-On a discuté, on s'est marrés comme dans le temps et on s'est mutuellement excusés. Tout va bien. Je crois qu'il... qu'il a plus ou moins accepté que toi et moi, on soit ensemble.
Je lui souris, passe mes bras autour de son cou et l'embrasse tendrement. Il me rend mon étreinte, mais je le sens hésitant. Je me recule.
-Mike, qu'est ce qu'il y a?
-Tu... tu te rappelles du jour du mariage?
-Bien sûr. C'est ce jour là que je t'ai choisi.
-Luc avait appelé, tu te rappelles? Je t'avais demandé ce qui s'était passé entre vous, et tu... tu m'avais dit qu'il avait essayé de t'embrasser.
J'acquiesçe. Comment je pourrais oublier ce samedi? Mike baisse les yeux.
-Il vient de me dire qu'il t'avait embrassée.
Je hausse les épaules.
-Il était bourré. Ne t'inquiète pas, je ne lui ai pas rendu son baiser. Je...
-Pourquoi tu m'as menti?
Je reste bouche bée. On est encore près de la chambre de Luc, mais la porte est fermée. Heureusement, parce que je n'aurais pas aimé qu'il entende notre discussion.
-Je t'ai menti? Comment ça?
-Tu m'as dit qui avait essayé de t'embrasser, alors qu'il t'a réellement embrassée. Pourquoi?
-Je... je ne voulais pas que tu sois furieux contre lui.
Il s'humecte les lèvres, nerveux.
-Parce qu'il a cédé à la tentation?
-Parce qu'il était à deux doigts de me violer.
Il me regarde brusquement. Je souffle, agacée.
-Mais ce n'est rien, c'est passé. Il était bourré.
-Il a essayé de te violer et c'est maintenant que tu me le dis? Tu te fous de moi?
-Calme-toi, ok? Il était bourré, il m'a embrassée et James est arrivé. Il n'a rien fait, d'accord?
-Putain Katie!
Mike s'écarte de moi, les mains dans ses cheveux.
-Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit?
-Je ne voulais pas que tu t'énerves contre lui! Et puis je t'avais choisi, alors je pensais que ce n'était pas important!
Mike m'attrappe et me plaque contre le mur. Il pose ses mains des deux côtés de mon visage et plonge son regard bleu intense dans le mien.
-Réponds moi honnêtement, Katie. Si Luc n'avait pas fait ce qu'il a fait, cette nuit là, est ce que tu m'aurais appelé? Est ce que tu m'aurais choisi?
-Je...
-Katie!
-Je n'en sais rien! Oui, je t'aurais choisi! Peut être pas tout de suite, mais ce que j'ai dit à Luc est vrai, je me sens mieux avec toi parce que lui ne fait que se cacher depuis le début! Alors oui, je pense que je t'aurais choisi!
Il ferme les yeux. Je me mords la lèvre.
-Mike...
-Faut que... faut que je respire.
Il s'éloigne sans me regarder.
C'est pas vrai!

Je reste un moment dans le couloir, perdue, me remémorant ce qui vient de se passer. Allons, il ne m'en veut pas. Il a juste besoin de respirer. Son meilleur ami a failli mourir, c'est normal.
-Vous!
Je me retourne. Une femme m'observe, les yeux écarquillés. Elle est grande, porte un tailleur gris et un chignon serré tient ses cheveux blonds en place. C'est une fausse blonde, j'en mettrais ma main à couper. J'ai l'impression de la connaître, son regard me dit quelque chose. Elle fronce les sourcils, l'air troublée.
-Pardon. Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre.
-Je m'appelle Katie Nelson.
Une lueur de stupeur allume ses yeux, avant de disparaître.
-Enchantée. Je suis Jessica Hollins.
Je me fige. La mère de Luc. Voilà pourquoi ses yeux me disaient quelque chose! Elle a le même regard noir et pénétrant que son fils. Qui ne va d'ailleurs pas à une blonde.
-Oh vous... on vous a prévenue pour Luc?
-Oui. Vous êtes une amie à lui?
Je hoche la tête.
-Je suis avec ses colocataires. J'ai habité quelque temps avec eux.
Elle hoche lentement la tête.
-Je vois. Êtes vous en couple avec mon fils?
Je tressaille. Qu'est ce que c'est que cette question?
-Euh... Non.
Elle paraît étonnée.
-Ah. Bon, excusez moi, il faut que j'aille le voir.
J'acquiesçe, et m'éloigne pour rejoindre James et Alec. Ils me dévisagent en entrant.
-On dirait que tu vas t'évanouir, fait le blond.
-Euh... je viens de rencontrer la mère de Luc.
Ils se lèvent d'un bond, stupéfaits.
-Attends sérieux? s'écrie Alec. Sa mère genre comme... Sa mère?
-Oui. Sa maman. Sa génitrice, sa mère quoi!
-Putain! fait James. Mais ils... ils ne se sont pas parlé depuis au moins cent sept ans!
-Apparemment on l'a prévenue qu'il était là.
-Et Mike, il est où?
J'évite le regard de James.
-Sorti prendre l'air.
Mais ce n'est pas mon meilleur ami pour rien. Il me dévisage attentivement puis murmure:
-Vous vous êtes disputés?
-Quoi, déjà? s'étonne Alec.
Je lui lance un regard noir.
-Je n'avais pas raconté exactement à Mike ce qui s'était passé avec Luc la nuit avant le mariage, j'hésite. Il pensait que Luc avait juste tenté de m'embrasser.
-Alors qu'il a fait quoi?
Alec à l'air énervé. James lui prend le bras.
-Il était bourré, mec...
-Pourquoi vois me dites jamais rien? Je suis toujours le dernier au courant!
-Luc a agressé Katie! s'énerve James. Je l'ai aidée et c'est resté entre nous! C'est tout!
Sombre, Alec s'éloigne.
-Vais me chercher un autre café. Katie pourrait se suicider qu'on me proviendrait même pas.
Je le regarde partir, ahurie.
-Sa blague sur le suicide était de très mauvais goût, fait remarquer James.
Puis il voit mon air inquiet et me prend la main.
-Ne t'en fais pas. Ça va aller, on est tous à cran.
Je hoche la tête. J'espère que c'est ça. J'espère que Mike ne va pas m'en vouloir de lui avoir menti.

*Pdv de Luc*

-Tu me déçois.
Je tressaille, mais refuse d'ouvrir les yeux. Je connais assez cette voix froide pour savoir de qui elle provient.
-Regarde moi, Luc.
J'obéis. Ma mère n'a pas changé: toujours habillée strictement, toujours ce regard hautain. Elle pince les lèvres.
-Tu te rends compte que j'ai fais 300 kilomètres parce que tu as failli te noyer?
-Désolé.
Elle se met à marcher de long en large.
-J'avais une importante réunion aujourd'hui. J'ai dû annuler.
Mon coeur accélère. Elle a fait ça pour moi. Pour venir me voir. Puis je croise son regard, et je comprends que je me suis trompé.
-Mes collègues ont appris pour toi, il fallait bien que je vienne. Ils auraient été étonnés sinon. Ton père, lui, n'a pas ce problème. Il a pu rester. Non mais, qu'est ce qui t'a pris? Tu as vraiment cru bon de gâcher ma journée?
Je détourne les yeux. Voilà ma mère. Voilà mon enfance, entre des parents qui m'ignoraient et étaient obnubilés par leur travail.
-Ça te rappelle des souvenirs? je marmonne.
-Tu étais jeune la dernière fois. Tu avais une excuse. Mais là! Quelle idée d'aller se baigner la nuit! Et te droguer! Comme si nous n'avions que ça a gérer!
-Je ne t'ai pas demandé de me gérer! Tu n'as qu'à retourner avec Papa à ta petite vie parfaite, continuer de faire comme si je n'avais jamais existé! Je m'en fous, de toute façon!
Je crois bien que c'est le pire mensonge de toute ma vie. Ma mère ricane.
-Ne t'en fais pas, je vais y retourner. Mais d'abord, j'ai un dernier sujet à aborder.
Elle se penche sur mon lit.
-J'ai croisé quelqu'un dans le couloir et pendant un instant, j'ai cru voir un fantôme.
Katie.
-C'est le portrait craché de l'autre fille. Tu m'expliques?
-Je ne savais pas quelles étaient soeurs, je marmonne.
-Je suis allée une fois chez eux, pour régler les soucis que tu as créés. J'ai vu cette gamine. Qu'est ce que tu comptes faire d'elle? La tuer comme tu as tué la dernière?
Ma gorge se noue. Non, hors de question que je pleure devant ma mère. Je détourne difficilement le regard.
-Non. C'est mon amie. Je ne lui ferai pas de mal.
-Bien sûr. Tu disais ça aussi avec l'autre. Et regarde où ça nous a menés. Je n'ai pas envie d'avoir de nouveau affaire à ces gens, Luc, tu m'entends? Si celle ci meurt aussi, je pense qu'ils demanderont plus d'argent. Donc ne t'approche pas d'elle, tu m'as bien comprise?
Je sens la colère m'envahir.
-Tu n'as pas à me dire quoi faire! Je n'en ai rien à faire, de vous et de votre fric! Je n'ai pas tué Alicia et je ne tuerai pas Katie! C'était un ACCIDENT, maman! Un putain d'accident!
Un sourire mauvais étire ses lèvres. Elle se penche sur moi, et son parfum m'envahit. Elle a le même depuis toujours. Avant, je l'adorais, mais à présent il me donne la nausée.
-Allons, tu sais bien que c'est faux. Tu conduisais cette moto. Donc tu es coupable.
Puis elle fait volte face et me laisse, tremblant, sur mon lit d'hôpital.

La chasse au mecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant