Chapitre 10

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-Et merde Katie, tu ne vas pas passer ta vie enfermée sous ta couette!
-C'est une hypothèse envisageable.
-Arrête un peu!
Olivia m'arrache ma couette et découvre mon pyjama rayé bleu et blanc composé d'un débardeur et d'un short. Sur le haut est écrit: "I am not a morning person". (Média) Tout à fait moi, ça. Je tourne le dos à ma meilleure amie.
Elle est habillée, maquillée, coiffée. Prête à aller au lycée. Moi, j'ai juste envie de rester ici.
-De toute façon, ça fait quoi que je sèche un jour ou deux?
-Ça fait une semaine, Katie!
Je grimace. Bon, c'est vrai, ça fait une semaine que je n'ai pas mis les pieds à l'école. Au début, Olivia a été compréhensive: tout le lycée se foutait de ma gueule à propos de cette histoire de vomi, j'avais mal au crâne rien qu'en entendant parler d'Hugo Portner, et je m'étais pris un rateau magistral par un mec de ma classe. Alors bon, retourner en classe n'était pas une hypothèse envisageable. Je n'avais pas envie de croiser le regard de Luc ou même de voir ce connard de Hugo. Mais apparemment maintenant, je peux y retourner. Comme si après une semaine, Luc allait avoir un lavage de cerveau et qu'il allait oublier que je lui ai sauté dessus comme une folle.
-J'ai réussi à convaincre tout le lycée que Hugo avait menti, dit ma Best d'un ton exaspéré. J'ai menacé Hugo et Tim ma insultée pendant une semaine. J'ai raté mon rendez vous avec Simon pour toi, donc soit tu bouges ton cul de ce lit, soit...
-Soit quoi?
-Soit c'est moi qui te lèves. Mélodie à dit qu'elle avait essayé de t'appeler au moins quinze fois. Pourquoi tu l'ignores?
Je grimace.
-Peut être parce que Mélodie est amie avec Hugo.
-Donc tu n'as même pas écouté ses messages.
Je la regarde.
-De quoi tu parles?
-Mélodie à fait une scène dans la cantine, disant à Hugo que c'était qu'un connard et qu'il te méritait pas. Il n'a plus ouvert sa gueule depuis. Conclusion: tu n'as plus rien à craindre au lycée.
Oh si, j'ai encore quelque chose à craindre.
Comme si elle avait lu dans mes pensées, Olivia lève les yeux au ciel.
-Tu crois vraiment être là seule à t'être pris un rateau par Luc Hollins? Réveille toi un peu, il a sûrement déjà oublié! Et puis, il doit avoir l'habitude que des filles lui sautent dessus sans prévenir.
Je la dévisage attentivement.
-Est ce que tu....?
-Nan mais tu rêves! Je ne suis pas assez conne pour vouloir sortir avec un drogué!

Vexée, je me lève et je descends les escaliers. Olivia me suit. Mon père apparaît alors, et je m'arrête brusquement. Il est décoiffé, la chemise boutonnée n'importe comment, ses yeux sont hagards. J'entends Olivia retenir son souffle.
-Papa, je bredouille.
-Olivia Ellens, grince mon père. Tu fais quoi ici?
-Laisse-la, papa. Elle vient m'emmener au lycée.
-D'ailleurs, on risque d'être en retard, intervient Olivia d'une petite voix.
-Je vais prendre un fruit et monter m'habiller, je décide. Papa, tu devrais prendre une douche.
Nous passons devant lui, et il maugrée à l'attention de ma meilleure amie:
-Tout est de ta faute.

-Tu sais bien qu'il ne le pense pas vraiment. Il n'est pas... dans son état normal.
Olivia me lance un regard dubitatif, avant de le reporter sur la route. On roule vers le lycée. On est en retard, mais peu importe. Les paroles de mon père ont marqué ma meilleure amie. Avant, mes parents adoraient Livi. Maintenant... ils croient que tout est de sa faute. Alors que c'est faux.
Nous arrivons au lycée. La tension monte en moi quand je m'arrête devant ma salle. Olivia me serre contre elle.
-Sois forte. Prends-les de haut, ignore leurs remarques. Tu vaux mieux qu'eux.
Elle s'apprête à partir, mais je la retiens.
-Olivia?
-Quoi?
-Merci.
Ma meilleure amie a un petit sourire, puis hoche la tête et s'en va. Je prends une grande inspiration et pénètre dans la salle.
Tous les regards se tournent vers moi. Mon professeur hausse un sourcil.
-Mademoiselle Nelson. Nous pensions qu'une semaine de cours vous suffisait pour l'année.
-Excusez-moi, je grogne.
Je jette un coup d'œil dans la classe. Mélodie m'adresse un immense sourire. Les autres n'ont pas l'air de se préoccuper vraiment de moi. Puis je vois Luc. Il me regarde. Il porte sa veste, que j'ai donné à Olivia pour qu'elle la passe à Mike. Je sens mon cœur se serrer. Il détourne les yeux.
Je vais m'asseoir à côté de Mélodie.
-Salut ma belle! s'extasie-t-elle. Tu m'as manqué!
-Toi aussi. Pardon de ne pas avoir répondu, j'étais sûre que tu... enfin bref.
-Ce mec est un connard, fait-elle en me souriant gentiment. Et dire qu'on a été amis. Enfin bref, maintenant tu es là! Tu as fais quoi toute cette semaine?
-Pas grand chose, je rigole. J'ai regardé des séries et mangé de la glace. Et je suis allée à la salle de boxe.
-Et tes parents n'ont rien dit?
Je me crispe, et lui lance un coup d'œil, avant de me focaliser sur mon stylo bleu.
-Non.
Mélodie comprend qu'il ne vaut mieux pas insister. On continue à bavarder pendant toute l'heure de cours. A la fin, le professeur me retient. Je connais Madame Alosa depuis l'année dernière. Je crois qu'elle ne m'a jamais aimée.
-J'ai bien remarqué à quel point mon cours vous intéressait aujourd'hui, Katie. Etes-vous consciente que cette année, vous passez le bac? Sécher une semaine de cours et ne pas être attentive en classe ne vous aidera sûrement pas à réussir l'examen.
Je baisse les yeux sur mes ongles.
-Je sais très bien la situation que vous vivez. Nous sommes conscients que ça peut être dur. Mais vos soucis familiaux ne doivent pas empiéter sur votre travail scolaire.
Elle appelle ça des soucis familiaux? Je la foudroie du regard.
-Ça s'est passé il y a trois ans, Katie. Si vous avez du mal à tourner la page, vous pouvez allez voir quelqu'un. La psychologue du lycée est là pour ça.
-Je n'ai pas besoin d'un psychologue. J'ai eu des problèmes la semaine dernière, désolée. Quant à mes soucis familiaux, je m'excuse, mais j'aurais mille fois préféré qu'ils ne surviennent jamais.
Puis je lui tourne le dos et je sors.

(En média: Mélodie)

La chasse au mecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant