Chapitre 89

55 9 6
                                    

Quand j'ai commencé ce jeu avec ma Best, je ne pensais pas que ça deviendrait si dur. Au début, c'était juste histoire de me mettre en couple. Et puis c'est devenu autre chose. Aujourd'hui, je ne peux plus revenir en arrière. Ce qui est fait est fait. Je ne regrette pas d'avoir joué à ce jeu, parce que ça m'a permis de vivre les moments les plus intenses de ma vie.
Mais aujourd'hui le jeu est terminé. Et j'ai perdu.

J'ai perdu les deux hommes que j'aimais. J'ai perdu ma meilleure amie. Pourtant, je ne voudrais pas revenir en arrière. Avec Mike et Luc, j'ai vécu des moments intenses et merveilleux.
J'ai découvert la vérité à propos de ma soeur.
Jane. Je pense à elle tout le temps. Je l'imagine sur la moto de Luc, riant aux éclats, et ça me rend heureuse. Je sais à présent qu'elle était joyeuse quand elle est morte.
Mais dans mes moments sombres, je l'imagine aussi dans les bras de Luc. Il m'a tenue dans ses bras, il m'a embrassée: comment a-t-il pu ne pas me reconnaître des le début?
J'ai interrogé mes parents, et ils m'ont enfin raconté ce qui s'était passé. Les parents de Luc ont dédommagé les miens financièrement.
Au lycée, j'évite Luc comme la peste. On a fait notre oral en français, celui qu'on préparait ensemble, et je ne l'ai pas regardé une seule fois. Il n'a pas essayé de me reparler. Je n'ai pas non plus eu de nouvelles de Mike. James m'a dit que l'atmosphère était redevenue normale à l'appart, mais que mon nom ou celui d'Olivia étaient tabous. Je vois Alec et James de temps en temps, mais je ne suis pas retournée chez eux. J'ai trop de souvenirs dans cet appartement pour y retourner.

C'est les vacances et j'ai passé la journée à regarde la télé, donc j'ai décidé de sortir. Le froid ne semble pas m'atteindre. Il commence à pleuvoir sur le chemin, alors je cours jusqu'à la salle de sport. J'entre comme d'habitude dans ma salle, où il n'y a jamais personne.
Je me change et commence à frapper. Je suis venue là tous les soirs. A chaque fois que je m'arrête de frapper, je vérifie derrière le sac que Luc n'y est pas. Et ça me rend furieuse, parce que le sentiment qui m'envahit quand je découvre qu'il ne m'attend pas, c'est de la déception.
Je sens la fureur m'envahir et commence à frapper. Les pensées qui me viennent quand je boxe sont souvent les mêmes: Jane, Luc, parfois Mike.
Souvent Luc. Et là encore, c'est Luc. Parce que ça m'enrage de penser à lui. J'en ai marre de penser à lui sans cesse, de rêver de lui et de regretter sa présence. Parce que j'ai beau le détester, la vérité c'est qu'il me manque. J'ai envie de me blottir dans ses bras, de sentir son odeur. Je me rappelle chaque moment passé à ses côtés, la première fois qu'on s'est rencontrés.
Comme d'habitude, je m'arrête de frapper, en nage. Et comme d'habitude, le coeur battant, je jette un coup d'oeil derrière le sac de boxe, la où il se tenait à chaque fois qu'il m'attendait.
Je croise son regard foncé. Au début, je pense que j'ai une hallucination. J'ai tellement envie qu'il soit là que je l'imagine là. Il fait quelques pas vers moi, et je recule instinctivement. Il n'est pas là, c'est impossible.
-Katie.
Sa voix rauque me fait sursauter. Il est là. Luc est venu m'attendre, comme il en avait l'habitude quand on était ensemble.
-S'il te plaît, écoute moi. Écoute moi juste.
Je ne réponds rien, je me contente de le dévisager. Il s'approche un peu encore, mais je recule alors il s'arrête. Il inspire profondément et se lance:
-Je sais que tu ne veux plus me voir. Je sais que tu me déteste. Mais je voulais...
Sa voix se casse, il se racle la gorge.
-Je pense à toi tout le temps. Je rêve de toi, je n'en peux plus d'être loin de toi. Je... je sais qu'il n'y aura plus jamais rien entre nous, parce tu ne me pardonneras jamais pour ta soeur. C'est vrai, j'aimais ta soeur. Et c'est à cause de moi qu'elle est morte. C'est vrai que je ne voulais pas être avec toi au début de l'année parce que tu lui ressemblais, parce que j'avais l'impression de la voir en toi. Puis j'ai appris à te connaître, et j'ai découvert que tu étais différente. Tu m'avais dit que ta soeur s'appelait Jane, alors je n'ai pas fait le rapprochement. Je suis tombé amoureux de toi, mais tu... tu étais avec mon meilleur ami.
Son regard souffrant se plante dans le mien. Il fait quelques pas vers moi et cette fois, je ne bouge pas. J'en suis incapable.
-Quand j'ai compris qui était Alicia... je savais que tu ne voudrais plus de moi. Que tu me détesterais. Je ne pouvais pas le supporter. C'est pour ça que j'ai accepté ce que Olivia m'a ordonné. Parce que je t'aime tellement que j'en deviens dingue, et que je suis égoïste au point de briser le coeur de mon meilleur ami. Tu me rends dingue, Katie. Je...
À bout de souffle, il se rapproche encore un peu et sort un papier de sa poche.
-Tu m'avais demandé de te le ramener, souffle-t-il. Je ne voulais pas, parce que j'avais dessiné ta soeur. Enfin, c'est ce que je pensais, avant que je le regarde de plus près. Ce n'est pas Jane que j'ai dessiné, Katie, c'est toi. Sans le vouloir, je t'ai dessinée.
-Comment tu peux le savoir? Je murmure. On est jumelles.
Il ferme les yeux un court instant.
-Si tu savais comme ta voix m'a manquée...
-Luc... Comment tu sais que c'est moi?
Je sens l'espoir dans ma voix. Il me tend la feuille.
-Parce que Jane n'était pas inaccessible, murmure-t-il.
Sur le dessin, les yeux sont les mêmes qu'à la rentrée. Mais à l'intérieur, je me reconnais. Mon regard est tourné vers l'opposé du dessinateur. Dans l'autre oeil, il m'a dessinée les cheveux dans le vent, en train de rire. Mais je me ne regarde toujours pas le dessinateur.
-Je ne comprends pas.
-J'ai déjà dessiné ta soeur. Et à chaque fois, je la dessinais en train de me regarder. C'était ça qu'elle était pour moi: toujours tournée vers moi. Tandis que toi... tu as toujours été inaccessible. Jusqu'à ces quelques jours de bonheur parfait qu'on a vécu, toi et moi.
Une larme coule sur ma joue.
-Tu as raison, je murmure. Je ne pourrais jamais te pardonner d'être responsable de la mort de ma soeur. Ni de me l'avoir caché. Mais je... je suis incapable de vivre sans toi. Je repense sans cesse à ce premier jour, et ça me tue.
Ma vue se brouille par les larmes. Luc a écarquillé les yeux.
-Je crois que si tu m'embrassais là, maintenant, je te laisserais faire. Parce que je t'aime et que je ne cesserai jamais de t'aimer.

La chasse au mecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant