Coquille.

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6h du matin .

      Je ne sais pas ce qui me prends , ni ce que je suis . Mais, je me rends compte de quelque chose : Je ne sens plus rien .

      Mon cœur est froid , les brûlures sont là mais ne me font pas mal , mes avant bras sont à nus , avec du sang tout autour . Je sais qu'ils ont l'air d'un champ de bataille mais je n'ai ni le cran ni la capacité de les voir . J'ai la gueule de bois et toute la pièce tourne autour de moi .

Mon mal paraît dans mon écriture , toute sale et à travers .

      Je me calme et je me rappelle ....

      Depuis la dernière fois que j'ai écris , le jour où j'ai raconté ce qui était tracer sur la lettre , je n'ai pas sortis de ma chambre . J'ai apporté une quantité impressionnante de bouteilles d'alcools , gisant maintenant vides sur le sol , et me suis fermée la porte à clé . Je savais que ma mère ne franchirais pas le seuil même si je la laisse ouverte mais je ne voulais pas qu'on me dérange , je voulais rester seul dans ma coquille , ça me rappelle les paroles d'une chanson ce qui me tire un petit sourire moqueur , me rappelant des souvenirs lointain maintenant  : " inside my shell I wait and bleed" du groupe Slipknot . C'est tout à fait moi , je suis dans cette coquille qui me sert de chambre , j'étais là à saigner dans ma coquille .

      Je ne me suis pas rendue au lycée depuis un bon bout de temps , mais c'est bien le dernier de mes soucies . Je serai obliger de faire une année blanche , mais dans ma vie il y a beaucoup d'autres problèmes que les études . Sans me vanter , je suis excellente , peut être intelligente de nature . Mais je fais quand même des efforts pour obtenir de bonnes notes , mais là j'en peux plus . Je suis à bout et j'en ai ras le bol . Je n'ai plus de pouvoir d'entendre ne serai ce qu'un petit mot qui a une relation avec quoique ce soit avec ce maudit lycée .

      J'ai puisé dans mes réserves d'énergie , je les ai épuisé , et maintenant je me retrouve dans une saison de sécheresse . Il me faut bien une source pour me rafraichir et m'aider à pouvoir aller de l'avant , mais je ne pense pas que je pourrai me remettre un jour de se désastre qui me tombe dessus comme de la grêle , me déchirant  le crâne .

... Je me sens engourdie , malade et mal à l'aise .

      Je dois réfléchir à ma situation , comme le font les gens normaux , parce que si Dieu m'a doté d'un cerveau c'est pour que je le fasse travailler , pour pouvoir me faire sortir de ce pétrin . Mais , l'autre moi , qui habite dans des coins cachés de mon univers sombre , m'empêche de penser et me fait paraître de belles images d'alcools et me colore des idées d'oubli .

Ses idées me séduisent , mais je ne veux plus oublier . J'ai eu ma dose d'oubli , maintenant je veux faire face à mes problèmes , j'en ai vraiment peur , j'ai peur de m'enfoncer plus profondément dans ma détresse , mais tôt ou tard il faut faire le pas . Ce pas qui , soit m'aidera à m'esquiver de ce mal , soit me rendra plus vulnérable que je ne l'ai jamais été .

      Pour la première fois depuis le début de cette situation , Adlyne parait devant mes yeux , j'ai raté beaucoup de séances . Je veux avoir son avis là dessus : ce qui m'arrive , elle aura peut être des réponses , je veux dire des réponses du genre professionnelle  avec tout un tas de vocabulaire scientifique que je ne vais pas comprendre   .  Mais je veux accomplir seule ma mission , d'ailleurs je n'ai jamais ressentis la nécessité de raconter mes états d'âme à quelqu'un , et maintenant non plus , c'est juste que son avis m'importe d'une façon ou d'une autre . Vous savez mon opinion là dessus , je pense toujours que autrui est le mal incarné , autrui et quelque chose qu'on doit fuir .. Et qu'on ne doit surtout pas lui faire part de ce qui nous trouble parce qu'il en fera sa propre épée contre nous . En racontant aux autres ton malheur tu te crées ton propre malheur , tu crées l'arme de ta mort . Mais , la psy , je ressens une sympathie particulière envers elle , c'est son travail d'ailleurs et elle semble intéressée en plus .

      Et puis il y a ELLE ,... Elle , l'ange de mes ténèbres , le gardien de mon propre enfer ...

Je ne veux pas aborder le sujet , mais elle est toujours là , même quand je buvais sans arrêt , je ne pouvais la chasser de mes pensées , elle était toujours là avec son allure douce , son écriture et ses mots . Je l'imaginais danser en rond autour de moi , lumineuse et brillante dans l'obscurité de ma chambre , ça me donnait la nausée . Et à chacune de ses idées , je buvais une autre gorgée jusqu'à terminer la bouteille , mais en vain . Je suis flétrie et sans force .

Donc j'arrête .

Mais la première des choses que je veux accomplir , aujourd'hui en cet instant même avant de faire quoique se soit , c'est d'ouvrir le recoin de mon cerveau qui contient tous les souvenirs de mon passé , enterré là bas quelque part . Je veux vraiment vider le sac , je veux me vider . J'ai déjà vider mon sang , et maintenant c'est le tour de mon passé , que je dois voir en face , cru , horrible et affreux . Mais je ne veux plus fuir mes peurs .

      C'est bizarre comment l'être humain peut changer d'une minute à l'autre , il y a une semaine je disais que je ne vais jamais parler de mon passé et me voilà à remettre cette décision en questions . Mais en fait , je ne veux toujours pas parler de mon passé  c'est juste que je me sens hardi et je veux profiter de la situation , peut être que je m'améliorerai ?

Avant que je ne perds mes efforts et ma résolution ......

" 4 ans , je me revois dan un jardin dénudé de toute vie , entrain de parler à des poupées alignées . Je jouais à la maitresse . L'esprit libre , rayonnante de joie et l'âme bouillonnante d'énergie . J'étais une fille ordinaire , différente des autres enfants mais ordinaire .

Même si on était pauvre , et que je n'avais pas de père . Ma mère accumulait les amants , elle buvait et se droguait , mais j'étais heureuse dans le petit univers que je me suis crée avec des poupées , des livres et quelques jouets .. L'amant de cette époque là , était un bel homme blond , avec une large poitrine et des muscles bien tracés qui était visibles sous ses t-shirts . Dans ma cervelle de petite fille je pensait que c'était un monsieur gentil , car il m'apportait des bonbons à chaque fois qu'il venait , il me souriait et jouait avec moi , tandis que ma mère nous regardait depuis la fenêtre , une cigarette à la main , les yeux gonflé , et un épais brouillard qui dansait autour d'elle. C'était le seul de ses amants qui faisait attention à moi , les autres ne se rendaient même pas compte de mon existence . Je ne savais pas que ma mère avait des relations du genre , vu que j'étais encore une innocente petite fille , je posais la question à ma mère quand quelqu'un d'eux arrivait , mais elle se contentait de me sourire et me faire sortir pour que je joue dans le jardin en me disant que c'est un oncle . Du coup je les appelais tous "mon oncle" dans ma tête , je me disais que j'avais vraiment beaucoup d'oncles jusque là , mais je ne me souciais pas beaucoup des gens que ma mère recevais , parce qu'elle accueillait aussi des filles relous qui me faisait peur .

Je ne puis que aimer ce fantastique Jack , qui me souriait toujours laissant paraitre des dents blanches parfaites entre ses larges mâchoires . Il prenait du plaisir à me regarder jouer dehors .

Je ne puis que l'aimer , jusqu'à cette fameuse nuit ou tout s'est écroulé ...."

Journal intime d'une psychopathe .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant