Chapitre 2, Anna

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    Je suis assise dans un couloir vide. Quel guignole ce type, se faire remarquer comme ça dès le premier jour. En plus , la manière qu'il à eu de me fixer était plus que flippante. Je savais que ce lycée regorgeait de gens étranges mais celui là a vraiment atteint le paroxysme. Des pas lourds semblent s'approcher de moi dans le couloir. Je n'y fais pas attention, trop absorbée par la musique qui résonnent dans mes écouteurs. Le morceau est entraînant et je me laisse porter par le rythme. Je ne fais pas vraiment attention à ce qu'il y a autour de moi jusqu'à voir apparaître dans mon champ de vision une paire de basket basse noires. Mes yeux remonte le long d'un jean slim enveloppant des jambes musclées et d'une chemise blanche aux allures sérieuses pour enfin arriver au visage de mon interlocuteur. Mes yeux rencontrent des iris d'un bleu profond, légèrement dissimulés par des boucles brunes. Je me demande pourquoi il reste planté comme ça devant moi.

-Désolé pour tout à l'heure, moi c'est James. Dit-il en passant sa main dans ses cheveux.
-Dégage abruti!Dis je en injectant dans ces mots tous le mépris dont je suis capable.
-Pardon? Dit-il l'air ahuri.
-J'ai dit dégage. Serais tu sourd en plus d’être idiot ?
-Je ne suis ni l'un ni l'autre et je ne partirais pas.
-Et en quel honneur ?
-En l’honneur que ce couloir ne t'appartient pas et que si ton ego surdimensionné ne supporte pas la cohabitation il peut allez s'installer ailleurs. Dit-il paisiblement en s'asseyant.

Je ne supporte définitivement pas les types arrogants dans son genre. J'ai les nerfs à vif ! Quel imbécile. Je marmonne un bon moment en rassemblant mes affaires puis m'accroupis à sa hauteur :

-Moi c'est Anna et mon ego surdimensionné et moi même te souhaitons une très bonne journée enfoiré !

Après cette réplique des plus cinglantes je prend congé de mon nouveau meilleur ami. La journée va être longue pensais-je. Je déambule alors sans but dans les couloirs à la recherche d'une quelconque occupation lorsque j'entends une voix. Après avoir scruté le vide trois fois en me retournant je me décide à abandonner.

-Je t'ai connu avec plus de détermination Anna.

Mon sang se glace mais je ne peux me résoudre à me retourner de nouveau, je suis complètement folle, tous ça est dans ma tête.

-Folle ? Ha oui vraiment ? C'est bien toi qui m'a dit que la folie me seyait à merveille? Et bien sache qu'elle te sied fort mal Anna.

Okay je divague complètement mes jambes vont me  lâcher et je vais finir par me faire interner.  Il est impossible qu'il soit là. Ou en tout cas, je ne peux pas me résoudre à le croire. Je dois me convaincre que c'est faux. Il le faut absolument. Je reprend du courage tant bien que mal et me remet à marcher.

-Tu avançais plus vite quand il s agissait de le sauver il me semble.

S'en est trop pour moi je dois prendre mes jambes à mon cou maintenant avant de finir par me taper la tête contre un mur. Il faut que je mette autant de distance que possible entre lui et moi. Je n'entend rien d'autre que le bruit de ma course. Je ne sais pas où je vais. Les murs défilent à une vitesse fulgurante. Je ne distingue que le vert maladif de la peinture qui s'écaille. Mon esprit est vide, je n'ai pas le temps de penser. Je ne me concentre que sur ma course, m’efforçant de mettre un pied devant l'autre, toujours plus rapidement qu'à la foulée précédente.
Soudain ma tête heurte quelque chose de dur et je suis projeter au sol comme une vulgaire allumette. Ma tête me fait affreusement mal et je sens le carrelage sale et froid en dessous de moi. Après avoir pris quelques secondes pour me situer, je me rend compte de ce qui m'a envoyé voler ou plutôt de qui. A ce moment précis j'aurais du courir, même ramper aurais été préférable à ça. Tous mes membres s’engourdissent, le peu de lucidité qu'il me restait s’évanouit en un souffle, la peur me paralyse... Il est devant moi et il est là pour me retirer mon bonheur, pour me détruire un peu plus chaque fois. Entre ses mains je deviens une poupée de chiffon paralysée par l'effroi. Plus rien n'a d'importance. Dans un dernier élan de réalité, un cri s'échappe de mes lèvres alors que je m’apprête à partir de nouveau à la rencontre de mon plus beau rêve enveloppé de mon pire cauchemar.

Je sens qu'il saisit mon cou de sa main. Mes pieds ne touchent plus le sol. Je n'ai pas mal, mon esprit est complètement engourdi. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer, je n'en ai pas conscience. Je me sens voler en éclats sans savoir comment, ni pourquoi. Mes pensées s'arrêtent, se transformant en un effrayent vortex, tentant de m'aspirer tout entière. Un bref instant l'idée de me débattre et de partir loin traverse mon esprit.

-La fuite ne te sauvera pas Anna. Je suis tout, je suis partout, je suis toi.

Cette voix grave et familière résonne en moi comme une rengaine. Alors je me laisse totalement aller à ce néant qui se crée un chemin jusqu'à mon être. Je ne résiste plus, je n'en ai plus envie, je n'en ai plus la force.

Que ferais-je pour toi?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant