Chapitre 3, James

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           Décidément mes sens me mèneront à ma perte. Quoi que je reste persuadé que cette fille a désespérément besoin d'aide. Elle dégage quelque chose de complètement platonique comme si elle n'était pas complètement présente avec nous, comme si elle était dans un combat perpétuel. J'ai cette sensation qu'elle a besoin de moi, qui me colle à la peau. Pourtant je suis exaspéré par son comportement. Elle m'a paru tellement arrogante !

Tout a coup, je suis coupé net dans mes réflexions. Une sensation horrible me saisit aux tripes. Une douleur a vous faire mourir sur place. Et pourtant je sens que ce n'est pas physique, c'est comme une boule de douleur en pleine déflagration qui s'étend à l'intérieur de mon être. Tout s'écroule autour de moi, la notion même du bonheur m'échappe à cet instant. Sans même m'en être rendu compte je me suis écroulé au sol en position fœtale et rien ne semble pouvoir me sortir de cette transe infernale. Soudain, un cri retentit de l'autre côté du bâtiment. La douleur est de plus en plus intense mais je ne peux pas rester là. Quelqu'un souffre à quelques pas de moi et je ne peux pas le tolérer. Mes jambes sont lourdes et le poids de la douleur semble me clouer au sol. Chaque pas me torture un peu plus, je ne sais pas ou je suis, je ne sais pas ou je vais mais je sais que toute cette souffrance doit s'arrêter. Là, je la vois, ses yeux sont ouverts et pourtant la vie semble les avoir quitté. Son corps frêle plaquer au mur semble pouvoir se détacher de sa tête à chaque instant. C'est alors que je vois l'homme qui la tient, la douleur me quitte. Elle est remplacée par de la rage à l'état pur. Celle qui peut vous faire cogner dans un mur pour vous soulager ou encore purement et simplement tuer quelqu'un. Ma main attrape le bras qui retient Anna et je sers. Je sers de toutes mes forces ce bras qui engendre la souffrance. Ma haine et ma rage ainsi rassemblée me donnent une puissance que je ne me connaissait pas. Je ne vois plus rien d'autre que ma propre main qui sert et sert encore, jusqu'à ce que j'aperçoive son visage ;Je ne peux dégager mes yeux de ce monstre de cruauté. Son expression est lointaine comme si ma poigne ne lui faisait aucun effet. Ma tête est vide, je ne suis plus qu'un amas de violence incontrôlée et incontrôlable. Alors, le bras que je tiens semble perdre de sa consistance. J'entends un bruit sourd à côté de moi mais n'y prête aucune attention. Je saisis alors le col de l'homme et le frappe violemment contre le mur. Une fois, deux fois, trois fois... Son expression reste absolument neutre. Il ne souffre pas !

-Tu entres dans un jeu qui te dépasse James et ton malheur sera ma victoire.

Aucune de mes crises de violences ne m'avait fais entendre des voix. Je suis vraiment plus fou que ce que je ne croyais.

Distrait par cette pensé je n'assimile pas complètement la volatilisation de l'homme. Oui, j'ai bien dit volatilisation. A l'instant son coup était serré entre mes doigts et l'instant suivant il est devenu fumée. Je suis complètement déconcerté.

- Ho une dernière chose. A toi aussi elle te sied fort bien. Dit la voix dans ma tête.

Je ne comprend rien ! Ou est l'homme ? Que voulait-il à Anna ? Qu'est ce qui me sied si bien ? Je ne cesse de tourner sur moi même, cherchant désespérément mon adversaire. Je veux le faire souffrir, comme il a fait souffrir Anna. Anna !

L'image de son corps en suspension dans les airs me frappe comme une évidence et le bruit sourd de ce dernier s'écrasant au sol martèlent mes oreilles. La colère a fuit mon corps, remplacée par de l'inquiétude. Jamais mes crises ne s'étaient stoppée si rapidement d'elles même ! Ma recherche de l'agresseur m'a éloigné d'Anna. Je distingue sa silhouette allongée sur le sol de l'autre côté du couloir et me précipite vers elle. Je la secoue légèrement mais elle ne réagit pas. La panique me gagne, son corps reste inerte,je lui tapote légèrement les joues, rien n'y fait. Je ne sais absolument pas quoi faire. Alors que je tourne la tête pour chercher de l'aide dans le couloir je suis sorti de ma torpeur par une gifle monumentale ! Je reste ahuri quelque secondes, ne comprenant pas vraiment d'où venais ce coup avant de rencontrer le regard furibond de la brune, désormais assise près de moi.

-On va se calmer de suite ! En quelle honneur la gifle s'il te plaît?Dis-je outré

-Tu te rend compte de ce que tu viens de faire espèce de psychopathe ?

-Et bien pour résumer je me suis pris une baffe et je t'ai accessoirement sauvé la vie si je ne m'abuse. Malgré mes efforts l'ironie c'était jetée sur cette occasion de remettre cette arrogante à sa place.

D'un bond Anna se remet sur ses jambes, me gifle de nouveau et tente de recommencer une troisième fois mais je saisis sa main au vol. Son regard a retrouvé toute sa hargne et cela me rend étonnamment serein. Néanmoins je ne peux pas la laisser faire sous peine de lui faire du mal. Elle ne me connaît pas, elle ne sait pas de quoi je suis capable. Elle pourrai le regretter amèrement et moi aussi. Je dois m'éloigner d'elle au plus vite. Je m'en veux énormément de ne pas pouvoir me contrôler, je peux faire tant de mal, c'est absolument effrayant. Je sens la colère se répandre en moi, je la sens monter un peu plus à chaque seconde. Mon regard se durcit malgré moi et ma poigne se ressert sur le poignet de la fille qui est devant moi. Elle laisse échapper un gémissement qui me transperce. Un bref instant je reprend le contrôle de moi-même, je relâche vitement ma poigne et dit gravement.

-Je ne sais pas qui c'était ni ce qui se passait mais je sais que sans moi tu serais morte alors est l'obligeance de ne pas en rajouter veux-tu ?

Suite à ça je me met à marcher d 'un pas vif vers l'autre côté du couloir dans l'espoir de mettre entre elle et moi une distance susceptible de la protéger au cas où,ma haine reprendrait le dessus. Néanmoins une question tourne en boucle dans mon crâne et je ne peux m'empêcher de m'arrêter pour la poser.

-Une dernière chose, qu'est ce qui me sied fort bien d'après toi ?

-La folie. Lâchât elle amère.

Je ne peux me retourner de peur qu'elle voit mon air ahuri. A ce moment précis je sais exactement ce qu'elle ressent: de la vulnérabilité et elle a horreur de ça, de la résignation envers mon entêtement mais aussi et surtout une peine profonde et à mes yeux, inexplicable.

Les cours reprennent dans quelques minutes et les événements ont mis mon esprit sans dessus dessous. Je me sens complètement perdu, plus rien ne m'est familier dans ce lycée que je connais depuis 2 ans déjà. Tous les couloirs sont vides, je déambule sans but, ma haine se dissipe définitivement. Cette fille m'exaspère et pourtant je ressent un irrépressible besoin de l'aider, comme si ma propre vie en dépendait.

- C'est le cas dorénavant cher James.


Que ferais-je pour toi?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant