Chapitre 2 - rencontre

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La jeune fille sentit un nœud se former dans sa gorge.

Elle était parvenue dans les tenures que cultivaient ses parents, et un terrible spectacle s'était offert à elle. La maison qu'elle avait habitée durant toute son enfance était
en feu, tout comme les récoltes.
Elle courut jusqu'au village pour y quérir de l'aide. Elle y parvint enfin, haletante à en perdre haleine. Mais ce qu'elle y découvrit l'horrifia.

Il disparaissait sous les flammes, lui aussi. Mais le plus atroce était que ses habitants avaient été massacrés jusqu'au dernier. La jeune fille poussa un cri de désespoir en apercevant Anild, son meilleur ami, un conteur très réputé qui lui avait enseigné les bases du maniement de l'épée, gisant à terre, une flèche dans le corps. Elle vit aussi ses parents adoptifs: son père, un poignard dans le dos, tentant de protéger sa femme, la poitrine
transpercée par un glaive. Même le seigneur du village avait été assassiné, la gorge tranchée. Les nourrissons avaient été décapités dans les bras de leurs mères, dont on pouvait encore apercevoir les larmes sur les joues.
Ilka hurla à la mort et la petite fermière tomba à genoux, secouée de sanglots, rongée par le remord. Tout était de sa faute. Si elle n'en avait pas fait qu'à sa tête, elle serait
demeurée auprès de sa famille et aurait peut-être pu la sauver. Mais qu'allait-elle devenir, à
présent ? Elle n'avait nul part où aller...

Durant plus de deux heures, la jeune fille ne cessa de sangloter, tenant la main de ses parents et de son meilleur ami dans la sienne, sa chienne à ses côtés.

Elle pleurait encore lorsqu'elle entendit les pas souples de personnes approcher. Ilka aurait dû l'avertir d'une présence en aboyant, mais elle n'en fit rien, sans aucune réaction.
"Etrange" songea-t-elle. Elle se dit qu'elle avait dû rêver car le silence était revenu.

-Pauvre humaine, dit une voix.

-Lâche, tu veux dire! Regarde, elle est couverte de boue. Elle s'est enfuie à la hâte lors de la bataille, au lieu de mourir dignement avec les siens! Lâche, comme sa race!

L'orpheline reconnut avec surprise la voix du beau cavalier qu'elle avait aperçu la veille. Serait-il le responsable de ce massacre? Elle se retourna et le vit, avec les deux
autres. Elle en fut si abasourdie qu'elle en perdit la voix. Leurs longs cheveux volaient au vent tels des fils de soie.

Ils étaient d'une grande sveltesse, vêtus tous les trois de la même manière. Un arc puissant et un carquois d'une vingtaine de flèche dans leurs dos, une tunique légèrement bleutée sur une cotte de mailles descendant jusqu'au dessus de leurs genoux. Ils étaient ceints à la taille d'une longue dague dont la garde était d'or et contrastait énormément avec le fourreau par sa couleur. La jeune fille avait pourtant entendu dire que les elfes étaient
très pauvres. "Ils les ont certainement volées.", songea-t-elle. On racontait que cette race avait longtemps combattu contre les nains, et que par vengeance pour leurs compatriotes
morts au combat, ils s'étaient emparés de toutes les armes de leurs rivaux, très précieuses à leurs yeux. La jeune fermière remarqua également qu'ils portaient des chausses noires et


que de hauts bracelets ornaient leurs avant-bras. Mais là, il ne s'agissait aucunement d'un vol. On disait que c'était la coutume de cette race que de porter ce genre de bijoux. C'était


d'ailleurs, hormis leur magie, leur unique richesse.

L'un des elfes avait les cheveux de couleur bleu-noir et les yeux sombres comme la nuit. La peine et la sagesse se lisaient sur son beau visage. L'autre avait les cheveux couleur

de blé et les yeux vert clair dans lesquels se lisaient la vaillance et l'ingénuité. Ils étaient

tous deux d'une grande beauté et ne paraissaient ne posséder qu'une vingtaine d'années.

Serments de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant