Je te surveille

L'envie d'hurler

Benjamin

Tout s'est passé si vite, mais si lentement à la fois.
Quand j'ai plongé pour aller le pêcher au fond du lac, c'était vitesse lente.

Mes parents sont venus nous chercher quelques secondes après. Mon père a fait les manoeuvres de réanimations. Je suis resté là, comme si Isaac le gardien venait me rendre visite. J'étais figé. Justement, parler de lui me fait penser qu'il a disparu depuis un bout.

L'ambulance est partie avec Sam. Je suis assis sur la terrasse regardant le soleil se coucher. Tous plein de questions se bousculent dans ma tête. Je n'ai même pas le temps de réfléchir à une réponse qu'une autre fait surface.
La température baisse, mais mon inquiétude monte toujours.

Est-ce vrai le diable au dessus de la tête? Ou une autre plaisanterie de cette affaire d'anges gardiens. J'ai juste envie de crier dans la forêt, au milieu de la nuit pourquoi.

Pourquoi toutes ces visions de mort à chaque personne que tu croises?
Pourquoi moi? Pourquoi Rose et moi?

Rose doit sentir la même affaire que moi, sauf depuis plus longtemps.
Je devrais lui rendre visite...

Mais, la dernière fois, ça l'a mal fini.

J'ai juste peur de me refaire rejeter par la fille que j'aime.

Rose

J'étouffe, je manque d'air..
Qui a coupé l'oxygène? L'oxygène avec lequel je respirais avant d'être ici.
C'est la même, mais tout a changé depuis ce jour...

Depuis la trahison de mes parents qui m'ont abandonné.

Je me retourne vers les murs imprimés de messages dépressifs qui ne m'aident pas vraiment.

C'est moi où ils s'avancent vers moi dangereusement. Quand ils sont à un cheveu de me réduire en poussière, je pose mes mains sur les murs invisibles, mais je sens quelque chose tout de même. Je ne suis pas capable de les repousser, ils vont me tuer.

Alors, au dernier moment, quand je crois que c'est mon dernier souffle, je crie.

Je crie de toute mes forces, de tout mon coeur, je vide l'air dans mes poumons, je sors mes émotions. Surtout j'appelle à l'aide.

Quand j'arrête, je suis haletante. Mon souffle est court, ma poitrine monte et
descent très vite.

Je vais crevée ici? Dans cet endroit lugubre, obscur et solitaire?
Avec tout les autres qui n'ont pas pu être sauvés...

Non, laissez faire, je suis sauvée, mais pas comme je le pensais.

Ma porte de chambre s'ouvre et je vois des employés.

Ils me prennent mes deux mains et mes deux jambes et les attachent au lit.
Un torchon entre dans ma bouche, je le mords.

Jamais je n'aurais cru que j'en arriverais là. Comme Greg...

Attachée à mon lit comme une prisonnière, ne pouvant plus parler et ne pouvant plus sortir un mot, je me noie dans mes larmes ruisselantes.

Dans le noir et le silence de l'asile, mon coeur lance un cri à faire rendre sourde toute la planète.