Je te surveille

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En vacance en croisière le long de la Méditerranée

Je n'arrive pas à y croire! Je suis enfin sortie de ma petite ville natale pour la grande aventure!

Oui oui, Raphaël à mes côtés, sa main dans la mienne, j'admire la bague à mon doigt.

J'ai accepté sa demande avec joie! Nous sommes partis sur un coup de tête le soir-même!
Je suis aux anges!

Par-contre, j'ai vu plusieurs fois l'apparition d'Isaac me ramenant à la réalité. Comme pour m'avertir, mais je tente de refouler cela. Juste pour me rappeler ce que je suis vraiment, ce que je suis prédestinée à être. À chaque fois, on dirait qu'il disparaissait peu à peu.

Nous embarquons enfin et je trépigne sur place!
Raphaël me réserve bien des surprises.

Dans notre cabine, enfin! Nous rangeons nos affaires avec soin. Quand j'ouvre le coffre fort pour y déposer le collier de perle notamment, mon fiancé m'attrape par la taille et je sens son souffle chaud contre mon cou.

J'en tremble. Il me prend la main et la guide sur son corps. Après quelques minutes, j'en peux plus, je me retourne et l'embrasse. Je le jette sur le lit et me met en califourchon par-dessus.

- Je t'aime Sarah.

Je ne répond pas.
Il me regarde avec des questions dans les yeux.

- Ça va ma belle?
- En fait. Je t'ai menti. Je veux que tu saches cela avant de m'épouser et si tu veux partir après, ça va de soi.
- Mais de quoi tu parles mon coeur?

Les larmes menacent de couler. Je porte mes doigts en dessous de mes yeux pour éviter que tout mon maquillage ne s'écoule.

- Je ne m'appelle pas Sarah Quinn, je ne suis pas la belle femme que tu as rencontré. À partir de la cinquième année, je ne suis jamais retourné à l'école. Seulement à partir de dix-sept ans. Je suis Rose Collins.
- Et puis? Ça ne m'empêche pas de t'aimer?
- Non... Ce n'est que le début. Si je te dis tout cela, c'est parce que je n'ai jamais autant aimé de toute ma vie un humain comme toi.

Assise sur le lit et lui à côté me caressant le dos, je ne peux tout simplement pas lui faire face. Ça fais trop mal...

- Dès l'âge de cinq ans, j'ai commencé à voir une ombre d'un homme dans le coin de ma chambre, j'avais très peur.
- Mais c'est normal à cette âge d'imaginer des choses de ce genre.
-Non! Je le vois encore de nos jours, même si je tente d'être normale.
- Que veux-tu dire?

Alors je lui avoue tout du début jusqu'à la fin.

-À cinq ans je suis devenue amie avec le gars qui s'est suicidé une balle dans le coeur. Ça doit être de ma faute indirectement.
À six ans, il est devenu tout pour moi et il s'est avéré qu'il voyait les mêmes choses que moi. Quand il arrivait, nous figeons comme pris dans la glace. Tout le temps quand le temps était mauvais. Mes parents me disaient d'arrêter d'imaginer ces choses, mais je ne pouvais pas, ça faisait partie de ma réalité comme je te vois toi.
À dix ans, le pire est arrivé. Un matin comme les autres je me suis réveillée dans la maison, seule. Ma valise était prête et un gros camion était dans l'entrée. Ma mère m'a ordonné de monter. Ce n'est seulement quand ils ont fermé les portes que j'ai réalisé que...
Ils m'internaient.
Moi leur petite fille.

Je te surveilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant