Bonjour,
J'ai bien reçu votre lettre, ce qui est évident car je vous réponds...
Enfin bref, j'ai bien compris que vos secrets sont assez importants et que je dois vous révéler des choses sur moi pour les obtenir. Échange de bon procédés. J'ai bien réfléchi à ce que j'allai vous dire, car il n'y a pas grand chose à dire sur moi. C'est du moins ce que je pensais au début. Puis, ressassant les moments de ma vie, des souvenirs se remontés, comme si on les avaient enterrés et que la terre, à force d'être retournée, finit par dévoilé ses trésors. Alors je vous dévoile ceci.
Depuis quelques années, j'espionne ma mère. Je sais c'est mal. C'est même affreux, mais je n'ai pu m'en empêcher, et cela agit comme une drogue. Maintenant que j'ai commencé, je n'arrive pas à m'arrêter. Alors je suis extrêmement discrète. C'est essentiel. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'espionner quelqu'un qui vous connaît mieux que personne. Eh ben, c'est extrêmement dur. Mais ce n'est pas, et de loin, le plus dur.
Quand vous savez tout ce qu'une personne vient de faire, c'est difficile de faire comme si vous ne saviez rien. Plusieurs fois, j'ai failli me faire avoir. Mais mon père, que je soupçonne connaître ce que je fais, m'a sauvé la mise de nombreuses fois. Je vais vous conter la première fois que j'ai espionner ma mère.
C'était il y a trois ou quatre ans, et je la soupçonnai d'avoir repris le tabac. Vous devez savoir, que votre sœur fume ? Et si non, maintenant vous le savez. Elle se parfumait bien plus qu'avant, et prenais sa douche pendant plus d'une demi-heure, alors que d'habitude, on est plus proche des cinq minutes.
Alors, un soir, alors que ma chère maman me croyait endormie, je suis allée avec discrétion dans le jardin. La fenêtre de son bureau donnait sur le jardin, même si elle était au premier étage. C'était relativement simple. Je grimpai sur le rebord de ma propre fenêtre, et je regardai en essayant de rester discrète un maximum. C'est une chose assez dure. Plus qu'on ne peut le croire.
Mais il y a des signes qui ne trompent pas. La fumée grise qui s'échappait de la fenêtre, l'odeur ignoble du tabac. Soudain je ressentis une vive chaleur dans les cheveux. En accrochant avec fermeté le mur de ma main droite, je découvris ce qui venait de me brûler le crâne.Un mégot, balancé négligemment dans le jardin. Si je n'avais pas été là pour me le prendre sur la tête, il aurait pu déclencher un incendie, jeté dans les hortensias que mon père chérissait tant. Ma confiance en elle bascula avec violence. J'avais l'impression de tomber dans un gouffre profond, sans aucune pierre sur laquelle me rattraper. Quand mes doigts commencèrent à souffrir du froid et de la tension, je décidais de descendre, parce que je n'avais plus aucune raison qui pouvait me faire rester ici.
Rien que d'en parler, je sens les larmes qui coulent le long de mes joues. C'est dur de voir la personne qui a toujours été notre modèle faire des choses affreuses. Évidemment, ce n'est pas comme si je l'avais vue en train d'assassiner quelqu'un, mais c'est comme si elle assassinait ma conscience, en même temps qu'elle détruisait toutes les raisons de la confiance de mon père. Alors voilà, c'est là que j'ai commencé à me distancer d'elle. Je ne voulais plus la voir, parce qu'elle m'avait menti, elle nous avais menti à mon père et moi.
Ce fut la première fois que je crus voir ma vie s'effondrer. Oh, bien sûr, ça a recommencé, car un malheur n'est jamais seul. J'avais à l'époque deux modèles dans la vie, mais le premier est tombé si bas dans mon estime que je ne sais même pas comment il a fait. Et, oui, cette personne est ma mère.
Alors, donc, apparemment, vous aussi avez des problèmes à vous entendre votre sœur, qui est également ma mère. Je ne sais pas pourquoi, mais je suppose que je finirais par le savoir, du moins, si je reste assidue sur l'envoi de mes lettres.
Dans votre lettre, j'ai compris que vous aviez eu des gros problèmes d'intégration à la fois dans le collège et à la fois dans votre propre famille. Vous avez souligné que c'était extrêmement dur. Je ne connais pas vraiment ce problème. Je possède quelques amis, pas quelque chose digne des plus populaires mais ce sont de vrais amis qui ne m'ont jamais abandonnée, ou au moins pour l'instant. Je ne connais pas la situation de "rejet", et j'espère ne pas avoir à la connaître.
J'ai juste une question, tant que j'y pense, la dispute (parce que je suppose qu'il y en a une) entre ma mère et vous, c'est à cause de vous ou d'elle ? Ou des deux ? Parce que ça peut être un peu la faute des deux. Comme tout. Si on fait une bêtise, n'est-ce pas à cause de quelqu'un, que ce soit conscient ou non ? Que ce soit de la faute de cette personne réellement, ou non ?
Quoiqu'il en soit, et quoique vous en pensiez, je termine cette lettre maintenant, avant que ma mère ne s'aperçoive de quelque chose.
Neala

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Letters
AventureLes parents de Neala viennent de divorcer. Sa mère l'accuse de faire tout ce qu'elle fait sous l'ordre de son père. Son père est tombé dans l'alcool. Neala se sent seule. Mais elle va découvrir l'existence d'une tante dont elle ignorait tout. Sa tan...