Camren - colocataire

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Sandra, la surveillante de l'internat, me laissa devant une porte en m'indiquant que j'avais deux colocataires mais qu'elles pourraient changer dans la semaine à venir. J'approuvai de la tête et elle quitta les lieux, me laissant intimidée derrière le panneau de bois. Je poussai doucement la porte et des éclats de voix me parvinrent :

- Ne t'avise pas une seule seconde de toucher à mes affaires.

La voix était glaciale, mais le timbre me paraissait familier.

- Toujours aussi chiante, Jauregui ? J'espère que je vais pouvoir changer de chambre. Je risque de commettre un homicide sinon.

- Crois-moi, je serais ravie que tu te casses. Je préférerais presque dormir dans le couloir.

La fille que j'entrevoyais par l'ouverture de la porte se tourna et m'aperçut.

- T'es Karla, c'est ça?

- Ouais, fin c'est Camila.

- Installe-toi t'inquiètes, Jauregui ne te bouffera pas tant que tu fous pas le bordel.

Comme je ne bougeais pas, inquiète, elle eut un sourire :

- OK, on recommence. Je suis Ally Brooke, en classe de terminale. Bienvenue dans ta chambre !

- Euh... merci.

Je me décidai à entrer, posant ma valise sur le dernier lit disponible.

- Hé mais je te connais !

Je me tournai vers la voix et reconnus Lauren. Ses yeux verts m'hypnotisèrent. Comment était-il humainement possible d'être aussi belle ?

- Ouais, de l'escalade.

Mon ton était plus froid que je ne l'aurais souhaité, et elle me jeta un regard étonné. Elle se contenta d'hocher la tête et retourna organiser ses affaires. Ally m'analysa, apparemment satisfaite.

- Avec chance on se débarrasse d'elle dans la soirée, m'indiqua-t-elle.

Je jetai un coup d'oeil à Lauren qui m'observa en retour, l'air d'attendre ma réponse. Comment pourrais-je vouloir m'éloigner d'une beauté pareille ?

- C'est à dire que je m'entends plutôt bien avec elle. Il me semble.

- Tu dois pas la connaître suffisamment, personne ne peut supporter Jauregui.

- Moi je peux, fis-je en haussant les épaules.

- Elle m'a même aidée à distribuer des paniers repas.

Son sourire me fit littéralement craquer et je ne pus m'empêcher de le lui rendre.

- Mon Dieu, si vous êtes toutes les deux pareilles, je vais devoir me pendre dans la salle de bains dans les minutes à suivre...

- Te gêne pas surtout, répliqua Lauren.

L'ambiance était vraiment froide et je commençai à ranger mes affaires pour me donner une contenance. Une fois fini, Ally était partie sous la douche et je m'allongeai sur mon lit avec mon portable. Lauren, assise sur le sien, ne disait pas un mot. Je décidai d'envoyer un message à ma meilleure amie :

À DJ ❣ :
SOS

De DJ ❣ :
Qu'est ce que t'as encore ?

À DJ ❣ :
Devine qui se trouve dans ma chambre... Lauren

De DJ ❣ :
Mon Dieu, tu crois pouvoir éviter de la violer pendant la nuit ?

J'eclatai de rire, ignorant le regard interrogatif que me lançait Lauren.

À DJ ❣ :
Ça m'étonnerait!

De DJ ❣ :
Bon et alors, c'est quoi le problème plus précisément? Elle a un mec ? Non je sais ! Elle est enceinte !

À DJ ❣ :
-_- non Dinah, elle n'est pas enceinte, crois-moi. Le problème c'est que y'a ce qui semble être sa pire ennemie dans notre chambre.

De DJ ❣ :
Peut-être son ex petite-amie ? ;)

À DJ ❣ :
...je te laisse. À demain, essaye de mûrir entre temps...

De DJ ❣ :
Compte (pas) sur moi ! Bisous.

- Qui te fait sourire comme ça? demanda Lauren.

- Pourquoi, t'es jalouse ?

Bon sang, qu'est-ce qui m'a prit de lui dire ça ? Elle n'eût pas l'air de remarquer le désir qu'elle soit jalouse caché dans ma provocation et se contenta de répondre :

- Carrément pas, j'ai besoin d'une esclave pas d'un public.

Ça m'apprendra. J'hochai la tête en murmurant un ''cool'' à peine audible et je retirai mes chaussures pour les laisser tomber par terre.

- Range-les à l'entrée.

- T'es sérieuse ?

- Oui, elle l'est, intervint Ally qui sortait de la douche. Je te conseille de le faire. L'an dernier elle a jeté les miennes par la fenêtre.

Je me levai péniblement pour obéir, me disant que finalement ce n'était pas une si bonne chose que ça d'être dans la chambre de cette Lauren. Sa beauté ne méritait peut être pas mon sacrifice. Mais presque. Alors j'obtempérai sans rien dire.

- Allez, Jauregui ramène ton cul qu'on aille régler cette affaire de chambre. Je te supporterais pas une deuxième année.

- T'inquiètes pas tu vas pas me manquer.

Sur ces mots pleins d'amour elles quittèrent la chambre, non sans oublier de claquer la porte. Je restai tellement longtemps allongée sur mon lit que je finis par m'endormir.

Je fus réveillée par un nouveau claquement de porte, puis des cris :

- T'es vraiment conne ma parole t'as rien trouvé de mieux à faire que draguer la pionne ? explosa Ally. Tu l'as fait flipper avec tes conneries ! T'es même pas gay en plus, c'est pas comme si elle te plaisait vraiment ?

- Ferme-la, tu sais que tu vas le regretter sinon.

- Toi tu la ferme! hurla Ally en bousculant Lauren.

J'observais la scène, complètement dans le brouillard suite à ma légère sieste. Lauren n'avait pas l'air impressionnée le moins du monde et pourtant Ally paraissait hors d'elle. Même si elle était, en taille, plus petite que moi, je crois que j'aurais pris peur face à elle dans un tel état. C'était meme sûr.

- Je te jure que si tu te tiens pas à ta place je te fais virer, cracha Ally.

- Ah ouais ? Et comment tu comptes te débrouiller?

Ally serra les poings et inspira profondément pour ne pas frapper la brune qui lui faisait face.

- Désolée Camila, tu vas devoir supporter ça. Je ne l'aurais souhaité à personne. Va voir la pionne pour voir si tu peux changer, ça sera sans doute mieux pour toi.

- Il vaut mieux pas, sinon vous allez vous entretuer.

- Mais on va t'etriper aussi.

- Ça ira.

- OK. À plus.

Elle sortit de la chambre, et Lauren se dirigea tranquillement vers son lit. Pour ma part je n'avais toujours pas bougé, j'étais affalée sur mon matelas, les bras repliés contre mon corps pour essayer de me réchauffer. Je n'avais aucune idée d'où se trouvait ma couverture et j'étais bien trop fatiguée pour demander à Lauren. Je craignais qu'elle s'en prenne à moi, meme si elle n'avait pas vraiment l'air énervé.

Alors que je m'endormais, j'entendis Lauren se lever puis quelque chose recouvrir mon corps. Elle passa sa main sur mon bras dans une caresse maternelle et chuchota :

- Plus fragile que je ne le pensais.

Je la sentis presque sourire à travers ces mots, puis sombrai totalement.