Camren - colocataire

3

Je me réveillai dans la nuit, et aperçus une silhouette placée à la fenêtre. Mon premier réflexe fut de retenir ma respiration, apeurée, mais lorsque mes yeux s'habituèrent à l'obscurité je remarquai que le lit de Lauren étant vide, il ne pouvait s'agir que d'elle. Je repoussai mon envie de me cacher sous la couverture.

― Lauren ? demandai-je.

― Ne réveille pas Ally, elle nous tuerait toutes les deux.

Elle avait chuchoté cette phrase et les mots volaient à moi, portés par son souffle. Je déglutis avec difficulté.

― Mmh. Pourquoi t'es debout ?

― J'arrive pas à dormir.

― Pourquoi ?

― Je sais pas. Le stress de la reprise ?

― C'est normal que cette excuse ne semble pas être crédible ?

Elle haussa les épaules et chuchota, plus pour elle-même que pour moi :

― Je sais pas...

Je me levai avec peine, haïssant le fait que je lui avais adressé la parole. J'aurais pu simplement me rendormir, ça aurait été mieux pour tout le monde. Mais à la place, je vins me poster à ses côtés, observant l'espace vert qui était destiné aux internes pour se détendre en fin de journée. Quelques lampadaires me gâchaient la vue, mais l'ambiance restait reposante. L'herbe luisait sous la lumière des réverbères.

― J'aime la nuit, lâchai-je en laissant mon regard se promener sur le paysage endormi.

― Ce sont les gens torturés qui aiment la nuit.

― C'est pour ça que t'es debout.

Comme elle ne répondit pas, je tournai la tête pour la regarder. Je la trouvai encore plus belle, baignée par les rayons nocturnes, le visage figé en signe de réflexion. J'avais pourtant l'impression que je m'embarquais sur une pente glissante avec mon affirmation et décidai de changer de sujet.

― C'est toi qui m'as couverte ?

― Ouais. Tu tremblais de froid.

― Je serais tentée de dire que c'est gentil, mais je n'oublie pas que tu m'as traitée de fragile environ un quart de seconde après.

Un sourire étira les lèvres de Lauren, pour mon plus grand plaisir, et elle s'autorisa enfin à me regarder dans les yeux. Le décor sombre rendait ses iris vert foncé, et pour une raison que j'ignorais, je trouvai ça magnifique. Ses yeux étaient magnifiques. Lauren aussi l'était. Elle était belle quand elle était énervée, chiffonnée, détendue. Mais lorsqu'elle souriait, ses yeux n'avaient rien à envier au ciel étoilé. Ils comportaient bien plus d'étincelles, bien plus de vie...

Elle tourna le dos à la fenêtre pour s'y appuyer et regarda Ally qui dormait paisiblement, emmêlée dans une couverture d'un bleu fade.

― Pourquoi vous vous détestez autant ?

― Parce qu'on a été blessées.

Je fronçai les sourcils et Lauren me jeta un coup d'œil avant de baisser les yeux. Je compris qu'elle ne me dirait rien de plus, et je respectais sa décision. On ne se connaissait pas suffisamment pour qu'elle se sente à l'aise de se confier à moi.

― Ally a raison, tu devrais changer de chambre avant d'être coincée avec nous.

― Mais...

― Bonne nuit, Cabello.

― Camila, rectifiai-je.

― Pour moi ça sera Cabello.