D'une manière ou d'une autre

La Guerre

La porte s'ouvrit lentement, laissant entrer un homme assez inquiétant. Le cœur de Zelo se serra et il se redressa, cherchant du regard une échappatoire possible. L'homme portait une casquette noire et blanche et un bandana dissimulait le bas de son visage, le rendant inidentifiable. Il avait un pichet d'eau et une miche de pain dans un espèce de plateau de métal et il s'avançait vers Zelo. La peur au ventre, Zelo se recula rapidement sur le lit de camp, se collant au mur froid en une vaine tentative de se cacher. L'homme s'assit au bout du lit puis fit glisser le plateau vers le blond. Zelo hésita et se recroquevilla, craignant que ce ne soit qu'un piège. Mais l'homme planta son regard bestial sur lui, le transperçant d'une manière plus qu'étrange.  Après un moment, une voix grave résonna dans la pièce, faisant sursauter Zelo.

-Tu dois te nourrir, ça fait deux jours que tu dors comme un loir.

Deux jours ?! Comment ça ?! Le plus jeune passa ses mains dans son visage, essayant de se rappeler les évènements qui l'avaient mené la. Il posa une main sur son crâne, celui-ci étant horriblement douloureux. En bégayant, au bord des larmes, il demanda :

-Où... Où suis-je ? Qui êtes-vous ?

L'homme sembla hésiter, observant le nouvellement réveillé d'un œil inquiet. Après un soupir, il ferma les yeux et retira le bandana d'un mouvement machinal. Alors que le tissu glissait sur sa peau claire, Zelo put voir son visage magnifique, masculin et sauvage. Ses traits étaient finement découpé, comme si un artiste l'avais taillé dans la pierre avant de lui donner vie.

-Je suis Bang Yong Guk, mais appelle moi Bang. Et tu es chez moi, je t'ai sauvé.

Zelo déglutit avec difficulté, ne sachant que répondre. Tout en évitant le regard du dénommé Bang, il lança avec peu d'assurance :

-Mais... Sauvé de quoi ?

L'homme émit un petit rire sonore qui résonna dans la pièce.

-C'est la guerre, dehors. La Corée du nord à lançer une vague de soldats sur nous quand nous nous y attendions le moins. Je t'ai trouvé, évanoui dans la rue, alors que je retournais chez moi pour tout barricader.

Il poussa de nouveau le plateau de metal vers Zelo, l'incitant à manger. Le jeune homme, troublé, mit quelque seconde à se ressaisir. Il ne se souvenait que d'une chose: une silhouette avec un baton de baseball. Incertain, il secoua la tête puis saisit le pichet d'eau et le renifla, cherchant à savoir s'il pouvait la boire. Bang ricana, découvrant une rangée de dents blanches parfaitement alignées.

-Tu crois vraiment que je t'aurais sauvé pour t'empoisonner ensuite ?

Il avait raison, cela n'aurait mené à rien. Alors Zelo trempa ses lèvres dans l'eau et but une gorgée. Le liquide frais coula dans sa gorge et c'est à ce moment qu'il se rendit compte à quel point il avait soif. Bien vite, le pichet fut vide et Zelo manqua de s'étouffer avec la dernière gorgée.

-Du calme... Il en reste d'autre si tu en veux.

Bang lui servit son plus beau sourire, comme pour le mettre en confiance. Mais Zelo n'y fit pas attention, trop occupé à dévorer la miche de pain qu'il avait attrapée directement après avoir fini l'eau. Quand il n'en resta que quelques bouchées et que l'instinct primal de l'affamé s'évapora, il porta son regard méfiant sur son sauveur. Peut-être avait-il faim, lui aussi. La main tremblante, il tendit le bout de pain devant lui dans sa paume ouverte, attendant de se le faire reprendre. Mais à sa grande surprise, il sentit sa main se faire refermer sur le maigre repas.

-Mange-le, tu en a plus besoin que moi.

Bang se leva, prenant le plateau vide et s'apprêtant à quitter la pièce. Zelo tenta de se lever à son tour, mais un cliquetis le ramena a la réalité : sa cheville était attachée au mur par une longue chaine qui ne lui permettait pas de sortir de la pièce. En voyant la porte se refermer, l'adolescent tenta de rappeler l'autre.

-Hey ! Pourquoi je suis attaché ??

Mais la porte se referma lourdement, ne laissant que les froids néons éclairer la chambre. Bang remonta les escaliers de la cave deux à deux, ferma la porte à clé et s'en retourna à la table. Il y avait laissé un cahier et un crayon, sachant qu'il en aurait besoin. Un verre de jus d'orange tiède et un bol de céréales devenues molles trônaient à coté du cahier stylisé, abandonnés quand Bang avait vu son nouvel animal bouger sur la caméra. Il repoussa le bol de céréales devenues dégoutantes et saisit le crayon, commençant à écrire rapidement tout en jetant de brefs regards à la petite télévision sur la table, celle qui était reliée aux caméras cachées dans la chambre de Zelo.

''Il s'est réveillé dimanche, 7 décembre à 7h37. Je lui ai donné du pain et de l'eau comme prévu, pour mieux simuler le scénario de guerre. Il me prend pour son sauveur alors que c'est moi qui l'ai emmené ici pour mon propre plaisir. Je suis vraiment un génie. Tout se passe comme prévu. Je suis sure qu'en peu de temps, il acceptera de baiser avec moi. Mais je ne sais pas si je vais pouvoir me retenir bien longtemps, il me fait tellement d'effet, surtout quand il est effrayé. Ce matin, j'ai dut me faire violence pour ne pas sauter dessus. J'espère que tout ira bien.''

Il tendit sa main couverte de petites plaies écarlates causées par ses propres ongles vers le verre de jus et en bus une grande gorgée. Il s'adossa à sa chaise et un sourire malsain éclaira son visage.  Son père avait fait construire un bunker dans leur sous-sol, ayant une peur bleue de la fin du monde. Il était tout équipé pour la survie d'un être humain : ventilation, toilette, lit et douche que Bang avait prit soin de modifier. Il avait pensé à tout ! Si Zelo voulait se laver, il devrait le faire sous la supervision de son kidnappeur, lui seul ayant accès aux robinets.

Un vieux souvenir remonta dans l'esprit de Yongguk. Son père, passant la majorité de la journée à la cave, remontant le soir exténué. Il lui ébouriffait les cheveux et disait: petit, un jour, tu me remerciera!  S'il avait su à ce moment là...

Bientôt, Zelo serait à lui