Impossible de fermer l'œil de la nuit. Étendue sur un lit, un simple drap recouvrant mon corps, je projette mon regard vers la fenêtre entrouverte, là où la lune semble quitter son ciel pour venir me consoler en illuminant ma chambre de flammes opaques et argentées.
Je fais défiler dans ma mémoires les souvenirs douloureux de ma journée :
-...Tu m'avais dit qu'il s'était égorgé ! Avais-je craché au visage d'André.
-Et c'est qu'il a fait ! Sous nos yeux ! Avait-il répliqué.
-Alors comment expliques-tu qu'il soit ici-même, avec l'intention de tous nous exterminer ?!
-Céline, calmes-toi je t'en prie ! Je suis aussi bouleversé que toi ! Tu dois te mettre à l'abri.
-Et toi ?
-Je vais insister auprès du gouvernement pour leur prévenir du danger.
Je m'étais effondrée, exténuée, croulant sous la peur et la fatigue. Tout était de ma faute. Je me sentais tellement coupable ! David a tué tant de mes amis ! J'ai si peur pour André ! Oh mon Dieu ! Je ne me le pardonnerai jamais s'il lui arrivé malheur ! Il faut que David soit capturé et puni. C'est notre seule chance. Mais en attendant il court les rues de Santa Cruz, assoiffé de sang et en proie à une vengeance ignoble. Peut être est-il devant l'hôtel où je loge, et cherche un moyen de s'engouffrer afin de m'égorger...Seigneur ! Un courant d'air froid traverse mon dos. Je me blottis contre mon lit, serrant mon drap contre moi.
Je sursaute. On frappe à ma porte. C'est l'aube.
-Céline ? Fait la voix de Joséphine derrière le mur.
Je bondis hors de mon lit et couvrant mon corps d'un long gilet, je lui ouvre.
-Un bateau nous ramène en France, m'apprend-elle.
-Aujourd'hui ? Et André ?
-Il vient avec nous. Nous embarquerons à midi. Prépares-toi. Tu as dormi tard.
-Vous m'excuserez mais cela faisait plusieurs mois que je n'avais pas dormi dans un lit.
Elle rit à ma remarque et me laisse me préparer. Ma mère m'a ramené une longue robe blanche, bordée de rose pâle, mais je n'y prête même pas attention et revêt mon uniforme de marin. Un large chemisier, un pantalon noir et mes hautes bottes de cuivre. Je brosse mes cheveux et descend rejoindre ma famille.
Mère et Joséphine sont assise à table, une tasse de thé fumant dans leur mains. En passant devant elles, je pique un biscuit et l'engloutis avant de sortir, prendre l'air. Je dois vérifier qu'André se porte bien. L'angoisse m'a tenu compagnie toute la nuit ; il faut que je m'en débarrasse. Il y a des déjà foules dans les rues et le Soleil tape bien fort en ce début de mâtiné.
-Céline ? Fait une voix dans mon dos.
-André ! Je lance ravie de le voir debout et en forme.
Il porte une veste bleue comme la nuit, parsemée de galons dorés.
-Venez, dit-il en me prenant la main. Je vais vous présenter L'Albatros.
Et d'un pas enthousiaste, nous gagnons le port. Un large bateau, la coque flamboyante, le pont scintillant de propreté, se balance avec élégance au rythme des vagues. A son bord vont et viennent des marins occupés et chargés de divers caisses.
-Alors nous revoilà de nouveau embarqués pour de nouvelles aventures...Je soupire. Quand je songe à L'Espadon qui se désespère au fond de l'abîme marin...Rien de tout ne serait arrivé si je n'avais pas eu la folie de m'engager.
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A bord de l'Espadon.
Adventure1850. Je rêve de voguer sur l'océan depuis mes premiers jours sur Terre. Je rêve de parcourir la mer sur un navire et découvrir les horizons les plus mystérieux et solitaires du globe. Malheureusement je ne suis qu'une jeune fille de dix sept an...